MÂCON Un concours des vins dans la plus pure tradition
Des échantillons en moins mais certainement pas de sinistrose pour les organisateurs de la manifestation historique – déjà la 70ème édition– inaugurée par le ministre du commerce extérieur, Laurent Saint-Martin.

Le temps d’un week-end, Mâcon a rendu hommage aux vins, pour reprendre la formule du président Bernard Rey, toujours aussi attaché à ce que l’événement soit si parfaitement organisé. Et c’est sans aucun doute cette rigueur dans la qualité et la formation des dégustateurs qui assure au concours de Mâcon sa réputation et sa longévité.
Vingt ans plus tard, Philippe Faure-Brac, meilleur sommelier du monde 1992, est revenu parrainer le concours avec un plaisir non feint. Affecté au jury des gigondas et autre cornas, il a délicieusement relevé quelques cuvées qui sortaient du lot. Conscient des difficultés actuelles des vignerons, il s’est montré solidaire et combatif : « c’est à nous sommelier de susciter l’envie chez les consommateurs, à nous de les rassurer ».
Petite récolte impactante
Sans surprise, le nombre d’échantillons présenté au concours était en baisse d’environ 10 %, conséquence inévitable de la récolte 2024 historiquement basse, « la plus faible des 30 dernières années » rappelait avec justesse, Charles Lamboley, président délégué de la manifestation.
Pour autant, le concours attire toujours de nouveaux producteurs (82 sur les 1.289 au total).
Pour départager les quelque 6.000 échantillons, un jury très international (18 nationalités) de 1.700 dégustateurs est entré en piste samedi 26 avril sur le coup dès 9 heures. Une mise en place toujours aussi impressionnante et bien huilée. « Notre objectif, c’est de rajeunir et de féminiser les effectifs », explique Charles Lamboley, et un rapide coup d’œil aux 421 tables de jury prouve que l’évolution est en route !
À l’issue de la dégustation, chacun y allait de son commentaire : surpris, déçu, enthousiasmé par les échantillons, beaucoup signalaient le niveau hétérogène de ce dernier millésime obtenu de haute lutte. Au final, le concours a livré son verdict si important pour les professionnels. Dans cette période commerciale troublée, les macarons ne seront pas de trop pour partir à la reconquête des marchés, l’Américain et les autres !
Le concours qui s’autoproclame avec un brin de chauvinisme, premier concours des vins en France, devrait s’ouvrir l’an prochain aux appellations étrangères. On a hâte !
Retrouvez les résultats sur : www.concours-salons-vins-macon.com
Visite
Visite : Le ministre du commerce extérieur tente de rassurer la filière
Engagé dans les assises de la politique commerciale, Laurent Saint-Martin, ministre délégué auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, chargé du Commerce extérieur et des Français de l’étranger a fait escale à Mâcon vendredi 25 avril pour rencontrer une quarantaine de chefs d’entreprise locaux. Il les a invités à parler de leurs difficultés en matière d’export. Évidemment, qui dit Mâconnais et export, dit forcément vin. Comme le rappelaient les représentants de la filière, 20 millions de bouteilles de Bourgogne (10 % de la production) sont consommées aux États-Unis, d’où une inquiétude bien légitime…
Sur la route du salon des vins, le ministre a donc fait une pause à la Cité des climats et des vins de Bourgogne, reçu et guidé par Jérôme Chevalier, président de l’Union des producteurs de vins Mâcon (UPVM). Après une visite au pas de charge de l’espace muséographique, le ministre a entamé un dialogue franc et direct avec les vignerons.
« Le dialogue n’est pas rompu avec les États-Unis »
Car si le pire a pour l’instant été évité (la fameuse menace d’une taxe de 200 %), la question qui brûle les lèvres est la suivante : que va-t-il se passer à la fin de pause de 90 jours décrétée par Donald Trump, qui s’achèvera le 14 juillet ? « Notre position est claire, il faut baisser au maximum les droits de douane. Une guerre commerciale n’est bonne pour personne, pas même pour les États-Unis. Le dialogue n’est pas rompu, c’est le message quotidien que la commission européenne transmet à l’administration Trump. Nous avons volontairement retiré le Bourbon et le Champagne Californien des possibles pistes de rétorsion pour éviter des représailles encore plus fortes contre la filière vin. Je suis convaincu qu’il y a une issue plus intelligente ».
Marc Sangoy, vice-président de l’UPVM en a profité aussi pour signaler la hausse des taxes annoncée par le Royaume-Uni et les exigences très complexes à satisfaire en matière d’étiquetage par les Irlandais. Bref, les fronts sont multiples.
Le ministre qui a inauguré le salon des vins et rappelé le caractère très identitaire du vin en France, n’est pas dupe des enjeux économiques : « Le secteur vins et spiritueux est le 3ème poste de recettes pour notre balance commerciale. Le gouvernement est attentif à protéger la filière contre les menaces qui pèsent sur lui ».
Le concours de Mâcon ne pourrait exister sans un investissement sans faille des bénévoles.