Manque de coproduits à valoriser
valoriser (marcs de raisin et lies de vin) du fait d’une modification
réglementaire, ont-elles signalé le 11 octobre à Épernay en présence de plusieurs
parlementaires. Une partie de ce précieux gisement pourrait leur
échapper et déséquilibrer de ce fait leur activité.
Les coproduits, ce sont les marcs de raisin (pulpes et pépins), les lies (dépôts obtenus après pressurage des raisins) et du vin non commercialisable. Ces résidus de la vinification font l’objet depuis 1953 d’une obligation de collecte et de traitement par les distilleries (celles-ci en recyclent 95 %).
Concurrence possible de la méthanisation, du compostage et de l’épandage
L’obligation de distiller pourrait être supprimée, et dans ce cas une partie de l’important volume des coproduits serait soustraite à la transformation par les distilleries vinicoles. « 850.000 tonnes de marcs de raisin et 1,4 million d’hectolitres de lies de vin risquent d’être pour partie déversés dans la nature, plutôt que d’être recyclés », a démontré Jean Mottet, vice-président de l’UNDV. Les ministères de l’Agriculture et de l’Écologie étudient en effet la possibilité qu’à côté de la distillation, les marcs de raisin et les lies de vin puissent être épandus dans les champs ou compostés à la ferme ou livrés à des unités de méthanisation.
Les distilleries demandent aux vignerons une participation de 20 euros par tonne de marc, mais achètent le vin non commercialisable, qui renferme plus de valeur ajoutée, selon l’UNDV.
Les distilleries vinicoles ont déjà surmonté une baisse de 60 % des aides de l’OCM vitivinicole en 2008, et leurs charges environnementales augmentent, mais elles se sont modernisées et diversifiées. « Elles restent très fragiles », a souligné Jean Mottet. Avec ce changement réglementaire, « 20 à 30 % des distilleries risquent de fermer », mettant « fin à une collecte et à un recyclage des marcs et des lies à proximité des producteurs de vin ».
Ce dossier sera discuté au conseil spécialisé “vin” de FranceAgriMer de novembre.
De véritables bioraffineries
Au-delà de ce problème de rentabilité des distilleries, le détournement de la masse des coproduits vers l’épandage et la méthanisation représenterait une perte de valeur ajoutée globale. En effet, les distilleries vinicoles sont déjà des bioraffineries. Qu’on en juge : elles transforment les pulpes de raisin en aliments du bétail ou amendements organiques, les pépins en huile, les polyphénols en colorants et tanins pour l’industrie alimentaire, l’alcool à plus de 92 % en éthanol-carburant, et les marcs séchés et vinasses en bio-gaz, a indiqué Claire Douence, directrice de l’UNDV. Les tourteaux de pépins de raisin servent à alimenter des chaudières. Cela sans oublier des produits comme le brandy, exporté dans les pays anglo-saxons, asiatiques et au Mexique, en eaux-de-vie vie et le ratafia issu de la distillation des marcs.