Marquer son terroir
politiques de la filière vitivinicole mondiale se sont réunis jusqu'à aujourd'hui à Beaune. L’ONU du vin a découvert qu’une viticulture faite
d’Hommes, de terroirs et de climat a également sa place sur l’échiquier
mondial, comme l’atteste le succès des vins de Bourgogne.
La seconde réunion, plus politique, réunira les représentants des Gouvernements des Etats-membres de l’OIV, notamment pour examiner et approuver le budget de l’Organisation.
Marques et terroirs
L’OIV, que l’on qualifie souvent de l’ONU du vin, a un champ de compétence qui, en amont, couvre la viticulture, le raisin et les produits non fermentés de la vigne mais également en aval les boissons spiritueuses d’origine vitivinicole. À ce titre, la région de Bourgogne avait toute légitimité à accueillir cette délégation de l’OIV composée de près d’une centaine de membres originaires d’une trentaine de pays.
Le directeur général de l’OIV, Federico Castellucci, s’est félicité de l’opportunité ainsi offerte de permettre aux délégués et experts de l’Organisation de découvrir sur le terrain la réalité de l’appellation Bourgogne et de son organisation professionnelle. « Ces réunions hors du siège sont rares », a-il-précisé, « et facilitent la compréhension d’un secteur et de ses spécificités, notamment par les représentants des Gouvernements ». Président délégué du BIVB, Pierre-Henry Gagey - également président de Louis Jadot - déclarait à propos de cette venue que « c’est une chance pour la Bourgogne d’accueillir les membres de l’OIV. Une chance pour montrer qu’une viticulture de terroirs et de climats, morcelée en millier de domaines, basée sur la terre, a un rôle à jouer. Une chance pour démontrer aux experts de l’OIV - plutôt en faveur de volumes de productions dépassant obligatoirement le million de bouteilles - que ce n’est pas le seul modèle viable sur le long terme. À l’opposé de cette conception, le modèle bourguignon fonctionne. Nous leur prouvons avec la visite de domaines et insistons sur nos caractéristiques, façonnées au cours du temps ». Une occasion unique de se faire entendre et comprendre donc...
L’ONU du vin
L’OIV est l’unique organisation scientifique et technique mondiale de référence pour la vigne et tous les produits issus de la vigne. L’OIV, qui est une organisation intergouvernementale, regroupe 44 Etats-membres, et a pour mission d’harmoniser les normes vitivinicoles internationales, favoriser les innovations scientifiques de la filière, relever et contribuer à résoudre, à travers ses recommandations et par le biais du consensus, toute problématique touchant le secteur vitivinicole international. Depuis juillet 2009, elle est présidée par Yves Bénard avec pour vice-président Peter Hayes (Australie), soit deux profils de pays producteurs différents.
Un Français à la présidence
Yves Bénard, dont la candidature avait été présentée et soutenue par la France, a été élu président le 3 juillet à Zagreb en Croatie. Ingénieur agronome et œnologue de formation, Yves Bénard a occupé d’importantes responsabilités dans le groupe LVMH où il était notamment directeur général de l’activité "Champagne et vins" de 1994 à 2007. Il a parallèlement exercé de nombreuses activités institutionnelles au plan local et national. Depuis 2007, Yves Bénard était vice-président du conseil permanent de l'Institut national de l'origine et de la qualité (INAO) et président du Comité national des vins, eaux-de-vie et autres boissons alcoolisées de cet institut. Il s’attache à mettre en œuvre le nouveau plan stratégique 2009-2012 de l'OIV pour notamment répondre aux nouveaux défis que sont les évolutions du climat ou les développements technologiques.
Un vigoureux plaidoyer en faveur des droits de plantation
La venue de l'OIV sera aussi l'occasion d'insister sur le récent rapport de Catherine Vautrin, députée la Marne, à qui le ministre de l’Agriculture avait confié en janvier 2010 une mission sur la régulation du marché viticole. Elle se prononce pour le maintien des droits de plantation dans le secteur viticole. On sait que les ministres de l’Agriculture des Vingt-sept ont avalisé en 2007 l’abandon des droits de plantation au 31 décembre 2015. Avec possibilité pour les pays qui le souhaitent de les maintenir trois ans de plus jusqu’au 31 décembre 2018.
Les conclusions de Catherine Vautrin sont sans appel. « Les droits de plantation évitent des plantations anarchiques en période d’euphorie », souligne-t-elle dans son rapport. En précisant que « la régulation n’a pas empêché le développement des marchés et l’installation de nouveaux entrants ». Contrairement à ce que laisse croire la Commission européenne. Aussi préconise-t-elle une interdiction de plantations nouvelles pour l’ensemble des vignobles européens, aussi bien pour les vins AOP, IGP que les vins sans indication géographique. Ainsi qu’une gestion des droits par les interprofessions. Un principe d’interdiction assorti d’exceptions pour d’éventuelles plantations nouvelles, si nécessaire.
Cette position a été accueillie très favorablement par la Confédération nationale des appellations d’origine contrôlée (Cnaoc) ; « il faut maintenir le système des droits de plantation au niveau communautaire et sur toutes les catégories de produits. Le maintenir ou plutôt le réintroduire car il s’agit bien de revenir sur la décision du Conseil des ministres qui a entériné leur disparition progressive lors de la dernière OCM », insiste-t-elle.
Et de souhaiter que le Gouvernement s’empare des travaux parlementaires réalisés pour s’engager fermement sur le principe du maintien des droits de plantation. Elle attend du président de la République un engagement aussi clair que celui de la Chancelière Angela Merkel et insiste sur la nécessité que le ministre de l’Agriculture se mobilise pour convaincre ses homologues européens.
« L’objectif, souligne-t-elle, est de construire un front commun des pays producteurs pour constituer une minorité de blocage et obliger la Commission à faire des propositions ». A ce jour, seul un pays, l’Allemagne, a pris une position forte sur le sujet.