Menace sur l’AOC Bourgogne... et les autres
Alors que l’INAO (Institut national de l’origine et de la qualité) essaye de passer en force sur la délimitation géographique de l’appellation Bourgogne, les viticulteurs bourguignons réagissent vivement et alertent sur les risques de destruction de l’identité des vins de Bourgogne et du modèle économique de nombreuses petites exploitations viticoles, sans parler de la remise en cause de la notion même d’appellation d’origine.

Contrairement aux autres vignobles comme le Bordelais ou la Champagne, la Bourgogne n’a jamais achevé son travail de délimitation initié dans la première moitié du XXème siècle. « Tout part du jugement de 1930 et du décret de l’appellation de 1937 qui donnaient un cadre pour arrêter que des vins dénommés "Bourgognes" soient produits dans la Loire, le Bordelais… comme cela se faisait historiquement. Le décret limitait alors cette appellation naissante à l’ensemble des départements de Bourgogne : l’ensemble de l’Yonne, Nièvre, Côte d’Or et toutes les communes de la Saône-et-Loire ainsi que l’arrondissement de Villefranche-sur-Saône », rappelle-t-on au Syndicat des Bourgognes. Avec le temps et la transformation de l’agriculture, notamment après la seconde guerre mondiale, la réalité des marchés vitivinicole a considérablement réduit le nombre de communes cultivant réellement des vignes pour produire des vins AOC bourgognes. « Aujourd’hui, une cinquantaine de communes dans l’Yonne, environ 90 en Côte d’Or et près de 150 communes produisent des Bourgognes en Saône-et-Loire sur les 550 communes pour ce dernier département. Par exemple, historiquement la plaine de Beaune était classée en AOC Bourgognes et pourtant avec la réalité des usages, ce n’est plus le cas ». Ce travail n’a cependant pas été réalisé dans le chablisien et dans le beaujolais. Au début des années 2000, l’INAO est donc sollicité par les professionnels Bourguignons. Il faudra néanmoins attendre 2008 pour qu’une première commission d’enquête soit nommée. « On est en 2019 et toujours rien », s’impatiente-t-on en Bourgogne.
L’INAO sort le parapluie
Relancé donc il y a près de 20 ans par les producteurs de l’AOC Bourgognes, plus grave, ce travail mené par l’INAO met aujourd’hui en péril l’appellation Bourgogne et ses producteurs, estime-t-on du côté du Syndicat des Bourgognes. « Nous avons vu deux ébauches du projet de l’INAO, rien de définitif certes, mais cela nous a fait hurler car de nombreuses communes en Bourgogne "sauteraient" alors que des Bourgognes y sont produits depuis des siècles ! ».
L’INAO « a peur du juridique et que leur position soit attaquée », juge-t-on au Syndicat des Bourgogne qui constate que l’Institut de l’origine et de la qualité cherche « à mettre le moins de critères pouvant être juridiquement attaquables : climat, sol… difficile à contre argumenter. Soit effectivement le plus petit dénominateur commun mais en mettant sol calcaire et climat tempéré, c’est la moitié de la France que l’on "délimite" ». Ainsi en voulant « se protéger » juridiquement, l’INAO « bat en retraite et ne porte plus la notion d’AOC » qu’elle est pourtant censé défendre. « L’INAO sort le parapluie », déplore-ton du côté du Syndicat des Bourgognes.
Péril annoncé
Ce dernier fait pourtant des propositions et a compilé un grand nombre de données, venant d’experts. « Une AOC comporte certes une notion de terroir mais aussi d’histoire, des usages… des Hommes qui l’ont façonné. Que l’INAO ne dise pas le contraire lorsqu’on voit les limites d’AOC avec une voie ferrée ou une route nationale. C’est finalement le critère humain que nous défendons, toute une construction qui nécessite plus de complexité que le seul facteur naturel », propose-t-on du côté de la Bourgogne, avec ici l’appui de la CAVB (Confédération des appellations et vignerons de Bourgogne). L’ODG Bourgogne et la CAVB souhaitent conserver les critères conformes à la notion d’appellation d’origine et à l’historique de la Bourgogne. Le président de la CAVB, Thiébault Huber a récemment communiqué dans sa dernière Vinonews sur cette position de l’INAO qui va à l’encontre de la protection des Appellations d’origine contrôlées.
« L’incapacité de l’INAO à être à l’écoute et à travailler en réelle concertation avec les producteurs de l’appellation amène le dossier dans une impasse » débute le Syndicat des Bourgognes qui rappelle pourtant que cet établissement public explique pourtant dans sa plaquette de présentation que « la politique de qualité mise en œuvre par l’INAO repose sur une étroite collaboration entre les professionnels regroupés au sein d’organismes de défense et de gestion (ODG), […] les services de l’Etat et l’Institut ».
Pas opposés au Beaujolais
« On veut savoir ce que c’est un Bourgogne. On a un problème d’interlocuteur. On a jamais eu de réelle vision de la part de l’INAO mais plus des positions politiques », explique les Bourguignons qui déplore que ce soit les agents locaux qui soient obligés de défendre les positions de la commission d’enquête.
A l’heure de notre bouclage, les producteurs de Bourgogne mettaient donc de gros espoirs dans la rencontre prévue ce mercredi 12 juin après-midi au Ministère de l’Agriculture afin d’établir une réelle concertation dans le respect de la notion d’appellation d’origine et de l’identité des vignobles d’appellation. Initialement la Commission nationale de l’INAO devait apparemment statuer sur ce dossier compliqué le 19 juin mais au vu de l’actualité, le dossier devrait être débattu le 18 juin en commission permanente. Affaires à suivre.
Menace sur l’AOC Bourgogne... et les autres

Contrairement aux autres vignobles comme le Bordelais ou la Champagne, la Bourgogne n’a jamais achevé son travail de délimitation initié dans la première moitié du XXème siècle. « Tout part du jugement de 1930 et du décret de l’appellation de 1937 qui donnaient un cadre pour arrêter que des vins dénommés "Bourgognes" soient produits dans la Loire, le Bordelais… comme cela se faisait historiquement. Le décret limitait alors cette appellation naissante à l’ensemble des départements de Bourgogne : l’ensemble de l’Yonne, Nièvre, Côte d’Or et toutes les communes de la Saône-et-Loire ainsi que l’arrondissement de Villefranche-sur-Saône », rappelle-t-on au Syndicat des Bourgognes. Avec le temps et la transformation de l’agriculture, notamment après la seconde guerre mondiale, la réalité des marchés vitivinicole a considérablement réduit le nombre de communes cultivant réellement des vignes pour produire des vins AOC bourgognes. « Aujourd’hui, une cinquantaine de communes dans l’Yonne, environ 90 en Côte d’Or et près de 150 communes produisent des Bourgognes en Saône-et-Loire sur les 550 communes pour ce dernier département. Par exemple, historiquement la plaine de Beaune était classée en AOC Bourgognes et pourtant avec la réalité des usages, ce n’est plus le cas ». Ce travail n’a cependant pas été réalisé dans le chablisien et dans le beaujolais. Au début des années 2000, l’INAO est donc sollicité par les professionnels Bourguignons. Il faudra néanmoins attendre 2008 pour qu’une première commission d’enquête soit nommée. « On est en 2019 et toujours rien », s’impatiente-t-on en Bourgogne.
L’INAO sort le parapluie
Relancé donc il y a près de 20 ans par les producteurs de l’AOC Bourgognes, plus grave, ce travail mené par l’INAO met aujourd’hui en péril l’appellation Bourgogne et ses producteurs, estime-t-on du côté du Syndicat des Bourgognes. « Nous avons vu deux ébauches du projet de l’INAO, rien de définitif certes, mais cela nous a fait hurler car de nombreuses communes en Bourgogne "sauteraient" alors que des Bourgognes y sont produits depuis des siècles ! ».
L’INAO « a peur du juridique et que leur position soit attaquée », juge-t-on au Syndicat des Bourgogne qui constate que l’Institut de l’origine et de la qualité cherche « à mettre le moins de critères pouvant être juridiquement attaquables : climat, sol… difficile à contre argumenter. Soit effectivement le plus petit dénominateur commun mais en mettant sol calcaire et climat tempéré, c’est la moitié de la France que l’on "délimite" ». Ainsi en voulant « se protéger » juridiquement, l’INAO « bat en retraite et ne porte plus la notion d’AOC » qu’elle est pourtant censé défendre. « L’INAO sort le parapluie », déplore-ton du côté du Syndicat des Bourgognes.
Péril annoncé
Ce dernier fait pourtant des propositions et a compilé un grand nombre de données, venant d’experts. « Une AOC comporte certes une notion de terroir mais aussi d’histoire, des usages… des Hommes qui l’ont façonné. Que l’INAO ne dise pas le contraire lorsqu’on voit les limites d’AOC avec une voie ferrée ou une route nationale. C’est finalement le critère humain que nous défendons, toute une construction qui nécessite plus de complexité que le seul facteur naturel », propose-t-on du côté de la Bourgogne, avec ici l’appui de la CAVB (Confédération des appellations et vignerons de Bourgogne). L’ODG Bourgogne et la CAVB souhaitent conserver les critères conformes à la notion d’appellation d’origine et à l’historique de la Bourgogne. Le président de la CAVB, Thiébault Huber a récemment communiqué dans sa dernière Vinonews sur cette position de l’INAO qui va à l’encontre de la protection des Appellations d’origine contrôlées.
« L’incapacité de l’INAO à être à l’écoute et à travailler en réelle concertation avec les producteurs de l’appellation amène le dossier dans une impasse » débute le Syndicat des Bourgognes qui rappelle pourtant que cet établissement public explique pourtant dans sa plaquette de présentation que « la politique de qualité mise en œuvre par l’INAO repose sur une étroite collaboration entre les professionnels regroupés au sein d’organismes de défense et de gestion (ODG), […] les services de l’Etat et l’Institut ».
Pas opposés au Beaujolais
« On veut savoir ce que c’est un Bourgogne. On a un problème d’interlocuteur. On a jamais eu de réelle vision de la part de l’INAO mais plus des positions politiques », explique les Bourguignons qui déplore que ce soit les agents locaux qui soient obligés de défendre les positions de la commission d’enquête.
A l’heure de notre bouclage, les producteurs de Bourgogne mettaient donc de gros espoirs dans la rencontre prévue ce mercredi 12 juin après-midi au Ministère de l’Agriculture afin d’établir une réelle concertation dans le respect de la notion d’appellation d’origine et de l’identité des vignobles d’appellation. Initialement la Commission nationale de l’INAO devait apparemment statuer sur ce dossier compliqué le 19 juin mais au vu de l’actualité, le dossier devrait être débattu le 18 juin en commission permanente. Affaires à suivre.