Mieux appréhender les avortements
Causes méconnues
Cette méconnaissance des causes d’avortement est un vrai problème. « Les avortements, et plus particulièrement les avortements répétés, comptent parmi les troubles de santé les plus fréquents et les plus pénalisants économiquement dans les exploitations bovines. Compte-tenu des risques en termes de santé animale, mais également de santé publique du fait du caractère zoonotique (transmissible à l’homme) de nombreux agents abortifs bovins, la déclaration par l’éleveur de tout avortement est à ce jour toujours obligatoire », rappelait Raphaël Guatteo, maître de conférences à Oniris. Si la fréquence des déclarations d’avortements s’est améliorée ces dernières années, une « sous-déclaration » demeure tout de même de mise. Et quand bien même l’avortement a été déclaré, « les démarches actuelles n’apportent le plus souvent que peu d’informations aux opérateurs et aux prescripteurs », constatait le chercheur. La faute à un manque de connaissances scientifiques sur certains agents, mais aussi à des investigations pas toujours adaptées et menées trop tardivement.
C’est pour corriger ces écueils qu’une « démarche d’intervention standardisée, allant de la rationalisation des examens complémentaires aux recommandations découlant du diagnostic posé » est à l’étude. Elle est le fait d’un groupe de travail au sein de l’Oniris (44).
Une journée importante pour les praticiens
Outre le thème central des avortements, la fin de journée était consacrée aux « actualités ». Une intervention sur la gestion de la douleur lors des césariennes était au menu. Une approche qui a été développée chez le chien depuis une quinzaine d’année et qui s’étend aux bovins aujourd’hui. Une partie canine était également axée sur la dermatologie et la neurologie.
« Cet événement est important pour les praticiens qui, outre l’acquisition de connaissances nouvelles, ont ainsi l’opportunité de se rencontrer, de partager leurs expériences autour des thèmes présentés et d’échanger avec les acteurs du secteur de l’élevage allaitant », confiaient les responsables du GTVB. Un certain nombre de partenaires du métier vétérinaire étaient représentés : laboratoires vétérinaires, groupements professionnels d’éleveurs (GDS, coopératives…), sociétés de services aux vétérinaires. L’association“Agronomes et Vétérinaires sans frontière” a présenté ses actions en cours. Etaient également invités une quinzaine d’étudiants qui ont pu découvrir les bases de leur futur métier. Pour le GTVB, « le but était de susciter des vocations pour un métier de vétérinaire rural qui manque cruellement de relève. La désertification n’est pas que médicale… », alertait la présidente Liliane Rehby.
GTV Bourgogne
Formation, représentation et promotion du métier
Le GTVB est une association des vétérinaires à activité rurale de la région. Son but premier est la formation continue des vétérinaires. Mais il participe aussi à tous les domaines qui permettent à la santé animale rurale d’évoluer. Le GTVB assure notamment la représentation de la profession vétérinaire dans toutes les discussions, en particulier avec les autres acteurs du monde de l’élevage. Le GTVB est financé par des cotisations ainsi que par des aides du conseil régional et du conseil général de Saône-et-Loire. Il regroupe 240 vétérinaires bourguignons. Le GTVB assure également la promotion du métier de vétérinaire de campagne, une profession en proie à la désertification elle aussi.
Avortements chez les bovins
La marche à suivre
La problématique des avortements dans les cheptels de ruminants (bovins, ovins et caprins) est complexe car l’identification de la cause des avortements est toujours difficile. Lorsque les avortements touchent un cheptel, les pertes économiques engendrées peuvent être importantes et l’identification précise du ou des agents en cause peut permettre de prendre des mesures appropriées. Il est donc indispensable (et obligatoire légalement) que l’éleveur prévienne systématiquement et rapidement son vétérinaire suite à un avortement, c'est-à-dire suite à l’expulsion d’un fœtus mais aussi d’un animal mort-né ou mourant quelques heures après la naissance. Une recherche de la brucellose sera systématiquement entreprise mais, lorsque les avortements se multiplient, d’autres agents doivent être recherchés. Ces analyses seront faites sur des prélèvements effectués sur la mère (écouvillons), le plus tôt possible après l’avortement, car les coupables peuvent rapidement ne plus être détectables. D’autres prélèvements peuvent être effectués sur l’avorton et enfin des prises de sang effectuées quelques temps après l’épisode peuvent, dans certains cas, apporter la preuve de la circulation d’un microbe dans le cheptel. Le plus souvent les prélèvements et les analyses doivent être multipliés afin de pouvoir trouver une cause et cela a bien sur un coût important pour l’éleveur. Celui-ci ne doit donc pas hésiter à demander l’aide de son GDS car il existe des aides pour ce type d’analyse. Cela permettra d’avoir une démarche diagnostique raisonnée et complète mettant en évidence la cause de l’avortement le plus souvent possible. Malheureusement dans environ 30 % des cas, la cause ne pourra pas être déterminée.
Risques pour l’homme
D’autre part, un certain nombre d’agents des avortements des ruminants sont responsables de zoonoses, c'est-à-dire qu’ils sont transmissibles à l’homme avec des conséquences potentiellement très graves. Il est donc capital que l’éleveur mette en place des mesures destinées à le protéger ainsi que ses éventuels salariés ou toute personne en contact avec les animaux. Son vétérinaire l’aidera à mettre en place ces mesures d’hygiène de même que des mesures visant à limiter la diffusion des agents pathogènes : isoler tout de suite les femelles avortées du reste du troupeau, éliminer les placentas et les avortons dans des bacs d’équarrissage, éliminer les fumiers de façon sécurisée, nettoyer et désinfecter les locaux.
Une fois l’agent identifié, différentes mesures pourront être mises en place. Dans certains cas la vaccination est possible mais pas toujours, les mesures efficaces seront déterminées avec le vétérinaire de l’élevage.
Petits ruminants
Vers une démarche d’intervention standardisée
La filière petits ruminants est bien présente en région Bourgogne et force est de constater que la sous-déclaration des avortements est préoccupante. D’autre part, les demandes d’analyses - fort complexes en matière d’avortements - sont souvent réalisées de manière incomplète et ne permettent pas d’aboutir à la connaissance de la cause de l’avortement. C’est pour cela que Renée De Crémoux, Institut de l’élevage et coordinatrice des groupes de travail pluridisciplinaires “avortements” UMT Santé petits ruminants a terminé son exposé en présentant les premières fiches de démarche d’intervention standardisée en cours de réalisation en matière d’avortement chez les petits ruminants. Cela permettra à l’avenir d’avoir une démarche diagnostique raisonnée mettant ainsi en évidence la cause de l’avortement le plus souvent possible.