Freiner les maladies du bois
Mieux tailler en 2012
Le service Vigne & Vin de la Chambre d’agriculture décrit les précautions à
prendre pour tailler habilement les ceps dans le contexte actuel des
maladies du bois. Ces informations doivent être transmises aux
tailleurs.
prendre pour tailler habilement les ceps dans le contexte actuel des
maladies du bois. Ces informations doivent être transmises aux
tailleurs.
La taille de la vigne a démarré un peu partout dans le vignoble avec l'arrivée du froid ces derniers jours. Les feuilles sont restées longtemps accrochées après les vendanges, permettant de réaliser divers bilans : phytosanitaire, d'alimentation de la vigne, de fertilité des bois de taille, etc. Par ailleurs, les complantations se terminent avec la même incertitude : les jeunes plants introduits sont-ils sains ou porteurs des champignons des maladies des bois ? Face à ces interrogations pertinentes, les coupes de taille sur les ceps en production doivent être bien réfléchies pour garantir la longévité des ceps apparemment sains.
Plaie de taille et dessèchement du bois
Toute coupe provoque une cicatrisation de la plante, donc un cône de dessèchement proportionnel au diamètre taillé. Il convient donc de laisser un talon de dessèchement, appelé aussi chicot, dont la longueur équivaut à 1,5 fois le diamètre de coupe. Cela se traduit sur le bois de 2 ans (2010 pour cette campagne de taille 2011-2012) par un talon entre la coupe et l'empattement du bois souvent de plusieurs centimètres.
Exemples : pour supprimer l'ancienne baguette en chardonnay, couper juste sous le premier sarment et non près de l'empattement de cette ancienne baguette.
Pour supprimer un ancien courson sur gamay, couper immédiatement sous le premier sarment sorti en 2011.
Lorsqu'il s'agit d'une coupe de vieux bois vivant (bras) à rabattre, attendre au moins trois ans que l'attente (ou rappel) soit suffisamment vigoureuse pour renouveler l'ancien bras. En effet, la suppression d'un bras l'année même de l'apparition d'un gourmand (fertile ou non) est mutilante pour ce dernier et conduit souvent à la destruction de la moitié du cep. Même si les sécateurs électriques permettent de grosses coupes dites à la hussarde, pratiquer la coupe au point éloigné du bras sur le bois de deux ans, là où la section ne dépasse pas 3 cm. Le bras sera ensuite progressivement rabattu sur 2-3 ans. Il faut donc parfois sacrifier l'esthétique pour préserver la longévité de nos ceps.
Le rôle des attentes
Appelées aussi rappels, ces bois de l'année sont taillés à un œil en général ou deux sur bois vigoureux. Ces bois de taille insignifiants constituent le remède à beaucoup de problèmes liés aux cônes de dessèchement évoqués ci-dessus. Ils permettent soit d'éviter de monter la taille (surtout en taille Guyot), soit de réorienter les futurs bois fructifères dans l'axe du rang. Partant du constat et du principe que la sève brute circule sous les bras, les rappels ou attentes seront choisis par les gourmands situés près du tronc, sous les bras et orientés vers l'extérieur du cep et toujours dans l'axe du rang.
Dans cette logique, les plaies de taille sont toujours pratiquées sur le dessus du cep. S'il advient qu'un gourmand laissé à l'ébourgeonnage sous le bras n'intéresse pas le tailleur, ce sarment ne sera pas coupé à ras, mais sous le premier œil franc en acceptant un départ du bourrillon qui sera éliminé en vert au printemps 2012. Le non-respect de ce chicot conduit à un cône de dessèchement sous le bras. Le circuit de sève brute est perturbé : il doit contourner la plaie de taille. Pour s'en persuader, il suffit d'ouvrir sur la longueur des ceps arrachés cette année pour comprendre qu'une plaie de 0.5 cm provoque un dessèchement de presque un centimètre sous le bras. L'ébourgeonnage doit donc être pratiqué par des tailleurs pour conserver seulement les rameaux utiles à la taille, pour limiter les plaies de taille sur bois aoûté (une vérité de Lapalisse…).
Préserver les circuits de sève
Dans la continuité de la position de l'attente, le choix des bois laissés à la taille doit tenir compte de la circulation de la sève brute sous les bras. Toute interruption du circuit naturel crée un barrage que la sève contourne pendant un ou deux ans, puis le bois meurt. Comment choisir le bois dans la continuité du circuit de sève ? Le nouveau sarment choisi comme baguette, demi-baguette ou courson, doit de préférence être issu du premier œil franc du bois porteur (de 2010), tourné vers l'extérieur du cep et si possible dans l'axe du rang. Dans ce cas, le bois porteur de 2010 est rabattu et coupé entre le premier et le deuxième œil franc avec un chicot. La coupe intervient donc au-dessus du nouveau bois appelé à donner du raisin. La logique des plaies de taille au-dessus du bois fructifère est donc respectée.
Au contraire, si le bois choisi pour donner du raisin en 2012 est tourné vers l'intérieur du cep, la coupe pratiquée au-dessus de ce bois va entraver la circulation de la sève sous le bras (ou tête en taille courte). Dans ce cas, il est préférable de monter la taille en prenant le sarment situé au-dessus, donc orienté vers l'extérieur en laissant un rappel (ou attente) dessous et en coupant assez ras le premier sarment. Le rappel permettra à la prochaine taille de redescendre le niveau de coupe.
Voir schéma ci-joint
Ces changements de taille demandent un consensus entre le tailleur (pas toujours le producteur) et le viticulteur soucieux de son rendement parcellaire. Chacun d'entre eux poursuivant des objectifs différents. Par ailleurs, la vulgarisation de l'enherbement conduit aujourd'hui à des pertes de vigueur importantes lorsque la fertilisation azotée est abandonnée pendant plus de sept ans. Changer de système de taille pour restaurer une vigueur correcte pour la taille et le rendement demande aussi de "revisiter" l'entretien du compartiment "sol". Tout est lié. L'approche doit être globale avec vos interlocuteurs du terrain.
A retenir
Plaie de taille et dessèchement du bois
Toute coupe provoque une cicatrisation de la plante, donc un cône de dessèchement proportionnel au diamètre taillé. Il convient donc de laisser un talon de dessèchement, appelé aussi chicot, dont la longueur équivaut à 1,5 fois le diamètre de coupe. Cela se traduit sur le bois de 2 ans (2010 pour cette campagne de taille 2011-2012) par un talon entre la coupe et l'empattement du bois souvent de plusieurs centimètres.
Exemples : pour supprimer l'ancienne baguette en chardonnay, couper juste sous le premier sarment et non près de l'empattement de cette ancienne baguette.
Pour supprimer un ancien courson sur gamay, couper immédiatement sous le premier sarment sorti en 2011.
Lorsqu'il s'agit d'une coupe de vieux bois vivant (bras) à rabattre, attendre au moins trois ans que l'attente (ou rappel) soit suffisamment vigoureuse pour renouveler l'ancien bras. En effet, la suppression d'un bras l'année même de l'apparition d'un gourmand (fertile ou non) est mutilante pour ce dernier et conduit souvent à la destruction de la moitié du cep. Même si les sécateurs électriques permettent de grosses coupes dites à la hussarde, pratiquer la coupe au point éloigné du bras sur le bois de deux ans, là où la section ne dépasse pas 3 cm. Le bras sera ensuite progressivement rabattu sur 2-3 ans. Il faut donc parfois sacrifier l'esthétique pour préserver la longévité de nos ceps.
Le rôle des attentes
Appelées aussi rappels, ces bois de l'année sont taillés à un œil en général ou deux sur bois vigoureux. Ces bois de taille insignifiants constituent le remède à beaucoup de problèmes liés aux cônes de dessèchement évoqués ci-dessus. Ils permettent soit d'éviter de monter la taille (surtout en taille Guyot), soit de réorienter les futurs bois fructifères dans l'axe du rang. Partant du constat et du principe que la sève brute circule sous les bras, les rappels ou attentes seront choisis par les gourmands situés près du tronc, sous les bras et orientés vers l'extérieur du cep et toujours dans l'axe du rang.
Dans cette logique, les plaies de taille sont toujours pratiquées sur le dessus du cep. S'il advient qu'un gourmand laissé à l'ébourgeonnage sous le bras n'intéresse pas le tailleur, ce sarment ne sera pas coupé à ras, mais sous le premier œil franc en acceptant un départ du bourrillon qui sera éliminé en vert au printemps 2012. Le non-respect de ce chicot conduit à un cône de dessèchement sous le bras. Le circuit de sève brute est perturbé : il doit contourner la plaie de taille. Pour s'en persuader, il suffit d'ouvrir sur la longueur des ceps arrachés cette année pour comprendre qu'une plaie de 0.5 cm provoque un dessèchement de presque un centimètre sous le bras. L'ébourgeonnage doit donc être pratiqué par des tailleurs pour conserver seulement les rameaux utiles à la taille, pour limiter les plaies de taille sur bois aoûté (une vérité de Lapalisse…).
Préserver les circuits de sève
Dans la continuité de la position de l'attente, le choix des bois laissés à la taille doit tenir compte de la circulation de la sève brute sous les bras. Toute interruption du circuit naturel crée un barrage que la sève contourne pendant un ou deux ans, puis le bois meurt. Comment choisir le bois dans la continuité du circuit de sève ? Le nouveau sarment choisi comme baguette, demi-baguette ou courson, doit de préférence être issu du premier œil franc du bois porteur (de 2010), tourné vers l'extérieur du cep et si possible dans l'axe du rang. Dans ce cas, le bois porteur de 2010 est rabattu et coupé entre le premier et le deuxième œil franc avec un chicot. La coupe intervient donc au-dessus du nouveau bois appelé à donner du raisin. La logique des plaies de taille au-dessus du bois fructifère est donc respectée.
Au contraire, si le bois choisi pour donner du raisin en 2012 est tourné vers l'intérieur du cep, la coupe pratiquée au-dessus de ce bois va entraver la circulation de la sève sous le bras (ou tête en taille courte). Dans ce cas, il est préférable de monter la taille en prenant le sarment situé au-dessus, donc orienté vers l'extérieur en laissant un rappel (ou attente) dessous et en coupant assez ras le premier sarment. Le rappel permettra à la prochaine taille de redescendre le niveau de coupe.
Voir schéma ci-joint
Ces changements de taille demandent un consensus entre le tailleur (pas toujours le producteur) et le viticulteur soucieux de son rendement parcellaire. Chacun d'entre eux poursuivant des objectifs différents. Par ailleurs, la vulgarisation de l'enherbement conduit aujourd'hui à des pertes de vigueur importantes lorsque la fertilisation azotée est abandonnée pendant plus de sept ans. Changer de système de taille pour restaurer une vigueur correcte pour la taille et le rendement demande aussi de "revisiter" l'entretien du compartiment "sol". Tout est lié. L'approche doit être globale avec vos interlocuteurs du terrain.
A retenir
Préserver l'avenir des ceps en production demande au tailleur de laisser un talon de dessèchement suffisant, de laisser des attentes et de choisir les bois fructifères dans le prolongement des circuits de sève. Ces principes de taille forts anciens limiteront un dépérissement rapide des parcelles face aux maladies du bois.