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Filières viandes animales

Mise sous surveillance

L’affaire - dite "Findus" qui a découvert le pot aux roses - de la substitution de la viande de bœuf par du cheval a mis en
évidence la nécessité d’étendre l’étiquetage des viandes aux produits
transformés. Les professionnels de la filière y sont favorables et le
ministre de l’Agriculture va s’employer à convaincre les autorités
communautaires.
Par Publié par Cédric Michelin
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« Nous devons faire progresser l’étiquetage sur l’origine des viandes dans les produits transformés » a déclaré Stéphane Le Foll, à l’issue de la table ronde qui a réuni l’ensemble l’ensemble des professionnels de la filière viande le 11 février autour du ministre de l’Agriculture, du ministre délégué à la consommation, Benoît Hamon, et du ministre délégué à l’Agro-alimentaire, Guillaume Garot. Sous l’autorité de Benoît Hamon, la Direction générale de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) va intensifier ses contrôles dans les linéaires des grandes surfaces pour vérifier s’il n’y pas d’autres malversations. Les contrôles dans l’ensemble de la filière viandes et poissons, qu’il s’agisse des importateurs, grossistes et autres transformateurs seront renforcés « pour toute l’année 2013 » a assuré le ministre délégué et l’entreprise Comigel qui a fourni les plats cuisinés surgelés à Findus sera passé au peigne fin. Il s’agit de faire l’inventaire de l’ensemble de ses clients et de vérifier que de la viande de cheval n’a pas été écoulée à la place de la viande de bœuf dans d’autres circuits. Notre objectif est « d’évaluer la nature et l’étendue du préjudice subi »a précisé Benoît Hamon. Pour le moment, les pouvoirs publics attendent les résultats de l’enquête menée par la DGCCRF pour savoir s’il s’agit d’une négligence ou de fraude délibérée. En tout cas « nous serons intraitables et les sanctions seront exemplaires » a promis Guillaume Garot.

Alors que l’étiquetage sur l’origine des viandes a été imposé par la France puis par l’Union européenne à la suite de la crise de la vache folle, en 1996 et en 2000, la règle ne s’applique pas à la viande contenue dans les produits transformés. Les professionnels de la viande ont toujours argué que les produits transformés contenaient des mélanges d’origine différente et que la traçabilité était impossible à mettre en place. Mais cette affaire a convaincu les professionnels de la viande comme les pouvoirs publics de revoir leur position. Stéphane Le Foll doit rencontrer prochainement le ministre de l’Agriculture du Royaume-Uni également concerné par la substitution de la viande de bœuf par du cheval. L’objectif étant de provoquer une prise de conscience au niveau européen et de mettre en place l’étiquetage de la viande dans les produits transformés à l’échelle communautaire.


Cascade d’intermédiaires




En tout cas nombreux sont ceux qui s’interrogent sur l’étrange circuit de cette viande importée, en tout cas de la commande. Parti de Findus à Boulogne dans le Pas-de-Calais, l’ordre est parvenu à Metz à son fournisseur Comigel qui l’a transmis à sa filiale Tavola, une filiale luxembourgeoise chargée de conditionner le plat de lasagnes. Cette entreprise s’était approvisionnée auprès de la Maison Spanghero, filiale de Lur Berri, implantée à Castelnaudary dans l’Aude. La viande importée de Roumanie a été au préalable commandée à un trader chypriote qui a sous-traité l’affaire à un autre courtier basé aux Pays-Bas. C’est lui qui a acheté la viande dans un abattoir roumain pour le compte de Spanghero. La viande de cheval nettement moins chère – trois fois moins selon certains professionnels- se serait transformée en viande de bœuf au cours de ce périple. En attendant Findus a annoncé le 8 février le retrait de trois plats préparés contenant du cheval à la place du bœuf. Et au cours du week-end d’autres clients du sous-traitant Comigel ont à leur tour annoncé le retrait des produits : Auchan, Casino, Carrefour, Cora, Monoprix et Picard qui vendent des plats cuisinés sous leur marque distributeur. D’autres pourraient suivre à la suite de l’enquête diligentée par la DGCCRF.


Les professionnels unanimes




Comme le ministre de l’Agriculture, les professionnels demandent la mise en œuvre « immédiate » l’indication d’origine des viandes pour les préparations à base de viande. C’est le cas de l’interprofession bétail et viande (Interbev) qui « exige aujourd’hui que les mentions obligatoires sur le pays d’origine soient étendues aux préparations à base de viande sans attendre une décision de la Commission européenne ». Pierre Chevalier, le président de la Fédération nationale bovine (FNB) est sur la même longueur d’ondes : « Nous devons mettre très rapidement la traçabilité sur l’origine des viandes dans les plats préparés » a-t-il indiqué à l’issue de la table ronde avec les ministres. Et de souligner que l’entreprise qui a importé la viande de Roumanie, Spanghero, « ne pouvait ignorer qu’il y avait quelque chose de louche », la viande chevaline étant trois fois moins chère que la viande bovine. En d’autres termes Benoît Hamon a indiqué que « des signaux auraient dû alerter les opérateurs économiques, notamment des prix anormalement bas ». Pour la FNB il est incompréhensible qu’en France qui dispose d’un cheptel important et de qualité, « il est été fait appel à une cascade d’intermédiaires pour fournir la viande bovine, ce qui peut ouvrir la voie à des tentations de fraudes et malversations ». En tout cas et compte tenu de « l’impact de la fraude », la FNB « se portera partie civile dans les procédures qui seront engagées contre les entreprises responsables » et elle « entend porter plainte pour atteinte à l’image de la production française ». De son coté, la FNSEA estime que cette affaire « mérite une sanction exemplaire pour le ou les responsables » et qu’il « est urgent que l’origine des matières premières agricoles soit mentionnée dans les produits transformés de manière obligatoire ».


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