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Abattoir d’Autun

Mobilisation envers et contre tout !

La première assemblée générale de l’association de sauvegarde de l’abattoir d’Autun a eu lieu le 27 mai. Pour son premier exercice, l’association a beaucoup prospecté en matière de débouchés et fait le plein d’adhérents. Actifs et déterminés, les défenseurs de l’abattoir d’Autun pourraient bien faire mentir tous les pronostics !
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Le 27 mai dernier, l’Association de Bourgogne centrale pour la sauvegarde de l’abattoir d’Autun tenait sa toute première assemblée générale. Environ 120 personnes étaient réunies dans les locaux du parc d’exposition L’Eduen. Parmi eux de nombreuses personnalités élues : le député Philippe Baumel, le vice-président du conseil général Christian Gillot, le président de la Communauté de communes et maire d’Autun Rémy Rebeyrotte... Nombreux étaient aussi les représentants du monde agricole : Christian Decerle, président de la chambre d’agriculture régionale et départementale, Eric Bertrand, président de la chambre d’agriculture de la Nièvre, Bernard Lacour, secrétaire général de la FDSEA, Christian Bajard, président de la section bovine, David Cornier, président des JA 71 pour ne citer qu’eux.
Née il y a tout juste un an au même endroit, l’association de sauvegarde de l’abattoir d’Autun compte aujourd’hui 174 adhérents. Des adhésions contractées suite à la mobilisation de juin 2012 et à l’occasion de la Foire économique d’Autun en septembre dernier, mais aussi sur le marché de la ville cet hiver où les défenseurs de l’abattoir étaient allés à la rencontre de la population.

« Circuits courts et très tracés »


Outre ces actions de sensibilisation, l’association s’est beaucoup investie dans la prospection de nouveaux débouchés. C’est dans le domaine « des circuits courts et très tracés » qu’elle oriente plus particulièrement ses efforts. Concrètement, des contacts sont établis avec des « grandes et moyennes surfaces » locales. Le meilleur exemple est le magasin de l’enseigne Leclerc du Breuil. Un contrat a été signé entre le distributeur et les éleveurs du canton. Un travail qui doit beaucoup à l’USC locale, présidée par Pascal Guillemin. Aujourd’hui, le Leclerc du Breuil absorbe sept bêtes par semaine. Sept carcasses supplémentaires ont même été nécessaires dans le cadre d’une promotion !
« En ayant un produit de qualité et une image, une confiance se met en place », commentait le président de l’association, Jean-Philippe Nivost. « Nous voulons valoriser le travail de l’éleveur », confiait pour sa part le directeur de la GMS en question. Le patron ne cachait pas qu’il lui serait très facile de s’approvisionner en Bretagne auprès de l’abattoir de l’enseigne. « Mais c’est tellement plus agréable de travailler en direct et de passer au-delà des rivalités éleveurs/grande distribution ! ». Le distributeur consent ainsi à payer les bêtes « 25 centimes de plus que le prix de la grille Centre Est ». Un exemple « qui fait école », réagissait Christian Decerle. Et de l’aveu même du patron de distribution, il y aurait du potentiel avec d’autres magasins. Possibilité confirmée par l’association de sauvegarde de l’abattoir qui a plusieurs autres noms dans sa besace.

Neuf bêtes par semaine


A l’heure actuelle, « ces contrats passés avec des clients en circuits courts représentent neuf carcasses par semaine, soit environ 200 tonnes », indiquait le trésorier de l’association François de Guélis. « C’est tout de même 10 % du tonnage de l’abattoir », faisait remarquer Christophe Fouilland de la chambre d’agriculture. Des contacts sont également pris avec une entreprise de salaison locale pour du porc. Et l’outil autunois aurait également des cartes à jouer en matière de découpe. Une bête livrée en "prêt à découper (PAD)", c’est l’équivalent de trois bêtes abattues en termes de chiffre d’affaires, indiquait-on.

Un gisement qui intéresse les industriels


Les arguments qui militent en faveur de la sauvegarde de l’abattoir ne manquent pas. Outre l’essor des filières locales, il y a aussi le retour de la demande en viande bovine, expliquait le président de la Sica, Bernard Joly. « De nombreuses zones d’élevage sont convertibles en céréales, mais pas l’Autunois-Morvan ! ». Cette vocation herbagère pourrait transformer la région en un véritable gisement pour des industriels soucieux de leur approvisionnement en viande. D’ailleurs, le retour éventuel de SVA Jean Rosé à l’abattoir d’Autun n’est pas définitivement exclu. « Si SVA a souhaité suspendre son approvisionnement à Autun, c’est parce que ses exigences sanitaires n’étaient pas satisfaites pour le moment. Or, ce sont les mêmes demandes que les services de l’Etat et celles-ci sont légitimes. Les groupes industriels qui transforment et fabriquent des produits élaborés sont excessivement vigilants sur leurs approvisionnements », expliquait le président de la Sica.

Engagement en volume


La construction d’une chaîne d’abattage entièrement neuve est indispensable, résumait Bernard Joly. Et pour convaincre les financeurs, il faut que la filière affiche plus fort sa volonté. « Pour cela, les éleveurs utilisateurs vont devoir s’engager sur un volume. Concrètement, chacun devra verser une somme d’argent destinée à mutualiser une caution. Bloquée sur un compte, cette caution servira à garantir un volume en approvisionnement et à compenser un éventuel déficit de tonnage », détaillait Bernard Lacour. Ce sera la prochaine tâche à laquelle va s’atteler l’association.
Parallèlement à l’engagement concret des éleveurs, une mobilisation des autres membres de la filière est attendue, notamment au travers d’une implication plus forte au sein du conseil d’administration de la Sica.

Collectivité prête à investir


De son coté, la Communauté de communes se tient prête à réaliser les investissements nécessaires (3 ou 4 millions d’€ estimés). « Un projet qui, dans une communauté de communes qui s’agrandit, est au service du développement global du territoire et représente de l’emploi », estimait Rémy Rebeyrotte. « L’avenir de cet abattoir est une affaire de gens déterminés, envers et contre tout », synthétisait Christian Decerle. N’oubliant pas les fermetures d’outils qui ont déjà frappé à maintes reprises dans le département, le président de la chambre d’agriculture pointait plusieurs motifs d’espoir dans le cas d’Autun. A commencer par l’écoute des services de l’Etat qui a permis d’éviter la fermeture. Il y a aussi les élus locaux qui seraient prêts à investir plusieurs millions d’€ dans l’outil. « Un geste important pour une petite collectivité et un tel territoire », faisait remarquer le président de la chambre. Enfin, sans oublier la mobilisation de la profession, Christian Decerle soulignait le témoignage du patron de grande distribution qu’il qualifiait « de jamais vu ! » et qui laisse augurer un remarquable changement de mentalité. Autant de motifs qui justifient que la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire « accompagne sans réserve cet engagement ».


Réglementation sanitaire
Agrément sauvé de justesse


En 2012, c’est le déclassement sanitaire de l’abattoir qui avait déclenché la mobilisation de la profession autour de la Sica et de la communauté de communes de l’Autunois (CCA). Pour sauver cet agrément, des travaux de mise aux normes ont été accomplis depuis pour un montant de 600.000 €, indiquait Rémy Rebeyrotte. La triperie qui, selon le représentant de la DDPP, « constituait le point noir de l’outil », a été entièrement rénovée. Des travaux de « sanitation » (dispositifs et procédures de nettoyage et désinfection) ont été effectués et des investissements ont également été accomplis sur la gestion des déchets. S’il reste quelques points à améliorer en amont de la chaine d’abattage, « les améliorations constatées font que ce niveau 2 est mérité », commentait le vétérinaire des services de l’Etat. Reste à assurer la continuité de cette conformité « en maintenant l’état des locaux, en veillant à la formation du personnel, en respectant les bonnes pratiques d’hygiène », recommandait le représentant de la DDPP.




Sica de l’abattoir d’Autun
Dossier de candidature à retravailler


L’autre gros dossier de la Sica est le renouvellement de « la délégation de service public » par la communauté de communes, propriétaire de l’outil. Suite à une première candidature déposée auprès de la CCA, la Sica a été invitée à préciser un certain nombre de points, indiquait Rémy Rebeyrotte. D’abord, il lui est demandé de réfléchir à une ouverture du nouveau bureau de la Sica. Un renouvellement des générations s’impose. Autre exigence : la CCA demande des précisions sur l’organisation de l’équipe chargée d’animer l’outil. Enfin, il est demandé à la Sica de préciser « l’offre en termes d’équilibre économique », détaillait le président de la CCA.




Activité en baisse pour 2013


En 2011, l’activité de l’abattoir avait fait un bond de plus de 200 tonnes grâce notamment à l’arrivée de SVA Jean Rosé. Ce partenariat avec l’industriel breton ainsi que 128 tonnes réalisées dans le cadre de l’abattage rituel, avaient permis d’atteindre les 2.000 tonnes en 2012 contre 1.600 en 2010. Mais cela s’est fait en dépit d’une baisse générale de tous les autres acteurs (bouchers et particuliers notamment). « Pour 2013, le début d’année s’annonce franchement difficile », prévenait Bernard Joly. Une tendance qui se ressent mécaniquement aussi sur l’activité découpe.


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