Mobilisation réussie
pour exprimer leurs doléances et attirer l’opinion publique sur les
risques qu’elle court si l’alimentation est livrée à la seule
concurrence internationale. Parce que l’élevage est une chance, pour les
territoires, pour la France… Le message était clair.
Les mêmes maux
Après les actions menées tout au long de l’hiver et du printemps, la journée de sensibilisation des pouvoirs publics et des élus dans les départements et les régions, le 12 avril dernier, la FNSEA et les Jeunes agriculteurs avaient appelé à ce rassemblement pour rappeler, une fois encore, aux pouvoirs publics et à l’opinion publique les difficultés que traversent les éleveurs actuellement.
Qu’ils soient producteurs de moutons, de porcs, de volailles, de lait ou éleveurs de bovins viande, ils souffrent tous des mêmes maux comme le rappelaient les pancartes agitées tout au long du défilé : "Prix du lait : la grande distribution nous trait" ; "Avant j’avais un revenu, mais c’était avant" ou encore "Un élevage qui ferme, c’est sept emplois en moins", "L’agriculture, 2e employeur de France".
Les mêmes effets
Les éleveurs n’ont pas manqué de rappeler l’équation de l’élevage français : leur incapacité à répercuter dans les prix de vente de leurs produits l’augmentation des coûts de production et l’empilement des contraintes administratives qui brime les exploitations au quotidien. Chacun mettant aussi l’accent sur des préoccupations plus spécifiques : la crainte de « l’ensauvagement des territoires » avec l’arrivée des loups, des ours dans les campagnes, pour les éleveurs ovins, la nécessité d’obtenir des prix rémunérateurs et l’excès de zèle de la France en matière de contraintes environnementales, pour les producteurs de porcs et les éleveurs laitiers. Les éleveurs allaitants déploraient « la suradministration » avant d’en appeler à une réforme de la Pac « qui apporte des soutiens différenciés à l’élevage ». Quant aux aviculteurs, ils s’inquiètent de l’arrivée massive de poulets étrangers dans la restauration collective, en raison des distorsions de concurrence dont souffre l’agriculture française.
Le risque alimentaire
Mais en venant à Paris, les éleveurs voulaient aussi délivrer un message aux Parisiens et à l’opinion publique, celui de l’avenir leur métier. « Dans quel métier accepte-t-on un système qui fait travailler à perte. Ceux qui sont en charge de l’alimentation, sont ceux qui tirent la langue », à cause d’une grande distribution qui pressure ses fournisseurs, s’inquiètait François Thabuis, le président des JA. Avant d’en appeler à la loi pour rétablir des « négociations équitables ». Le président de la FNSEA, Xavier Beulin, réclamait quant à lui la généralisation de l’étiquetage, "Viande de France" dans les grandes surfaces pour contrer au mieux les importations déloyales. Surtout quand le différentiel de coût de la France, comparé à l’Espagne ou l’Allemagne est « de 4 à 6 € par heure travaillée ». Avant d’interpeller aussi les autorités publiques « sur la surenchère réglementaire », les installations classées, la directive Nitrates, les bassins d’alimentation de captage, les prédateurs, la taxe transport à venir ou la future fiscalité écologique qui n’annoncent rien de bon pour l’agriculture.
Sans oublier les négociations de la Pac et surtout les négociations bilatérales qui s’ouvrent entre l’Union européenne et les Etats-Unis, qui pourraient amener « du maïs OGM, du poulet au chlore et de la viande aux hormones » dans nos assiettes.
Le message sera-t-il entendu par les pouvoirs publics ? Le président de la République s’est en tout cas engagé à recevoir le président de la FNSEA accompagné de tous représentants de l’agriculture française : chambres d’Agriculture, Crédit agricole, Coopération et MSA et Groupama, début juillet.
Des attentes claires
Au menu des revendications portées par les éleveurs :
- la répercussion de la hausse des coûts de production le long de la chaîne alimentaire, en particulier la flambée des prix de l’alimentation animale ;
- la simplification des normes environnementales ;
- l’arrêt de la surenchère réglementaire et fiscale ;
- enfin, une Pac qui redonne des perspectives à l’élevage.
« On n’a pas encore pris conscience du risque économique, social et environnemental, si l’élevage venait à disparaître », s’inquiète Dominique Barrau, secrétaire général de la FNSEA. Alors que « l’élevage est un secteur stratégique » pour l’économie et l’emploi en France, mais aussi au regard des enjeux alimentaires, des enjeux agronomiques… Les Français et les pouvoirs publics ignorent en effet l’importance de l’apport de l’agriculture et de l’agroalimentaire pour l’économie nationale, qu’il s’agisse des emplois procurés, de valeur ajoutée créée ou de l’excédent du commerce extérieur dégagé. Pour Gaël Gautier, secrétaire général des JA, l’agriculture offre de réelles opportunités et peut apporter des réponses en termes d’emploi, à condition, bien entendu, de « se soucier du renouvellement des générations ».
Lien vidéo manif: http://lci.tf1.fr/economie/social/video-des-milliers-de-betes-marchent-sur-paris-8049873.html
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