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Céréales

80 ans de solidarité au service des moissons

La récolte des céréales est toujours en cours dans l'Ain, le Rhône et la Saône-et-Loire. Nées officiellement au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les coopératives d’utilisation de matériel agricole (Cuma) célèbrent cette année leurs 80 ans d’existence au service aussi des moissons.

Par Emmanuelle Perrussel
80 ans de solidarité au service des moissons
En 2024, les adhérents de la Cuma ont pu utiliser une nouvelle batteuse pour les coteaux équipée d’une barre de coupe de 6,40 m au lieu de 4,90 m pour la précédente.

Les coopératives d’utilisation de matériel agricole célèbrent cette année leurs 80 ans d’existence, mais l’entraide, elle, coule dans les veines du monde rural depuis bien plus longtemps. C’est pourquoi ces « mutuelles du tracteur » sont plus que jamais d’actualité dans le département, rassemblant les trois quarts des exploitations, soit 4.000 adhérents répartis dans 120 Cuma, qui mettent en commun plus de 3.800 matériels agricoles. Le but : alléger les charges et affronter ensemble les défis de la mécanisation.

Un réseau solide et structuré

Avec un chiffre d’affaires moyen de 43.000 € par coopérative et plus de 5,5 millions d’euros investis en 2022, les Cuma du Rhône affichent une santé de fer. Chaque groupement compte en moyenne 33 adhérents qui mutualisent non seulement tracteurs, moissonneuses et ensileuses, mais parfois aussi main-d’œuvre, hangars ou carburant. Pour Claude Berger, président de la FDCuma du Rhône, cette force collective est ô combien précieuse : « les Cuma sont un lieu important d’écoute, de partage et d’échange, où, quelles que soient les productions, les pratiques, la taille de l’exploitation ou l’orientation environnementale, des femmes et des hommes se retrouvent avec un enjeu commun pour réfléchir et travailler ensemble. Ce modèle unique de partage des coûts du matériel est plus que jamais d’actualité aujourd’hui ».

Une réponse concrète aux enjeux actuels

Dans un contexte agricole où la mécanisation peut représenter jusqu’à 30 % des charges, la Cuma est une réponse concrète : accès à une technologie de pointe, chantiers optimisés, main-d’œuvre qualifiée et coûts partagés. Mais ce modèle coopératif va plus loin : il soutient l’installation des jeunes, limite l’endettement, crée des emplois stables et favorise l’innovation. Agriculture de conservation, semis direct, irrigation raisonnée : les Cuma sont souvent les premiers laboratoires de pratiques plus durables.

Aujourd’hui encore, la Fédération départementale se veut un catalyseur : elle relie les groupes, anime les échanges et veille à faire vivre cet « esprit Cuma » qui conjugue solidarité et ouverture à toutes les pratiques agricoles. Une dynamique collective qui donne du souffle, notamment en période de moissons : plus de matériel disponible, moins d’immobilisation, et un vrai partage du risque financier pour des exploitations souvent isolées.

En 2025, alors que se profile une mécanisation toujours plus coûteuse et une transition agroécologique indispensable, les Cuma du Rhône démontrent ainsi que la coopération, loin d’être une idée archaïque, est l’une des clés incontournables pour évoluer sereinement dans les métiers agricoles.

En images

Une évolution constante au niveau des matériels

Cette année, nous n’avons pas pu apercevoir de nouvelles machines agricoles testées pour la première fois dans les champs, à l’occasion des moissons, comme l’indique Fabrice Maitrot, conseiller machinisme du réseau Cuma BFC (Bourgogne Franche-Comté). « Il n’y a pas eu de révolution récemment, toutefois on note certaines évolutions ou nouveautés en ce qui concerne les fonctionnalités et les équipements des machines. Ces dernières années, le cœur de l’innovation va sur les robots, la lecture de précision, une montée premium des outils ».
« Depuis 2022, les innovations ont concerné essentiellement les batteuses, avec des broyeurs de paille nouvelle génération qui permet de broyer les adventices ; des caméras permettant de répertorier la perte de grains à l’aide de capteurs ; des corrections concernant la répartition de la paille de manière à ce qu’elle soit plus homogène sur toute la largeur de la machine ».
Des innovations régulières permettant de rendre toujours plus confortable et précis le travail des agriculteurs dans une période cruciale pour eux, celle des moissons.

C. L.