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Céréales

Moisson tout terrain

La récolte des céréales est toujours en cours dans l'Ain, le Rhône et la Saône-et-Loire. Et dans les coteaux du Lyonnais, les éleveurs sont eux aussi en train de moissonner. Peu importe la pente, la Cuma des Vallées s’est équipée d’une moissonneuse adaptée aux coteaux. Gros plan sur ce matériel atypique.

Par Emmanuelle Perrussel
Moisson tout terrain
En 2024, les adhérents de la Cuma ont pu utiliser une nouvelle batteuse pour les coteaux équipée d’une barre de coupe de 6,40 m au lieu de 4,90 m pour la précédente.

À Messimy, les paysages sont vallonnés. Revêtues de leurs couleurs d’été, les images sont dignes d’une carte postale.

L’envers du décor est différent pour les agriculteurs du secteur qui doivent composer au quotidien avec des parcelles aux pentes variables. C’est le cas par exemple des 45 adhérents de la Cuma des Vallées qui compte des éleveurs, quelques maraichers et des propriétaires de pensions pour chevaux.

« Notre Cuma est équipée de divers types de matériels, de l’enfonce-pieu au matériel de semis et de récoltes. Nous avons également trois automotrices : une ensileuse, une tractopelle et une batteuse. Notre champ d’action s’étend de Chaussan, Saint-Martin-en-Haut à La Tour-de-Salvagny avec un bon maillage », détaille Laurent Delorme, éleveur à Vaugneray et président de la Cuma.

Une batteuse de coteaux en Cuma

Concernant les moissons qui sont en cours dans le département, la Cuma possède une batteuse depuis ses débuts, en 1984. « Tous les sept ans, on change de matériel donc il a évolué. Pour l’avant-dernier modèle de moissonneuse batteuse acquis par la Cuma, nous avions investi dans une moissonneuse adaptée aux coteaux. C’est-à-dire que cette machine, contrairement aux moissonneuses classiques, est équipée d’un système de correction de dévers de tous les côtés pour récolter les zones de pente plus facilement. Sa vitesse de progression s’adapte également aux besoins du terrain. Logiquement, une batteuse classique avance plus vite en plaine qu’en coteau, ce qui faisait que les adhérents de la Cuma ayant des terrains pentus payaient beaucoup plus cher la prestation à l’heure que ceux dont les surfaces sont planes », poursuit Laurent Delorme.

Si la première machine adaptée aux coteaux de la Cuma a amélioré le travail des moissons, il lui manquait de la capacité. En 2024, c’est-à-dire au bout de cinq ans, les 25 ou 26 adhérents concernés par les moissons ont pu utiliser une nouvelle batteuse pour les coteaux équipée d’une barre de coupe de 6,40 m au lieu de 4,90 m pour la précédente. Sa vitesse d’avancement se situe entre 3,5 km/h et 4,5 km/h.

Récolter à la juste maturité

Ce nouvel engin représente un investissement de 305 000 €, 30 % de ce montant devrait être subventionné par la Région puisque la demande a été acceptée.  « Pour sa deuxième saison, la batteuse nous permettra de finir dans les temps les 350 ha de céréales. C’est appréciable de retrouver la liberté de récolter à la juste maturité pour tous ! », complète le président de la Cuma qui conduit, comme d’autres adhérents, la batteuse.

Sur le secteur, les moissons ont débuté autour du 20 juin. L’orge a donné de beaux résultats même si le rendement en paille devrait être inférieur à celui de 2024. Lundi 7 juillet, les blés étaient sur le point d’être finis. « À la suite des importantes quantités d’eau tombées à l’automne, on s’aperçoit que les agriculteurs qui avaient labouré leurs parcelles s’en sortent mieux que ceux qui n’avaient pas labouré. On va enchainer ces jours avec les triticales et les seigles », ajoute l’éleveur de Vaugneray.

Å noter que les éleveurs autoconsomment une grande partie de leurs récoltes de céréales à pailles : la paille sert notamment pour les litières des animaux et les grains pour fabriquer leur farine qui complète la ration des bovins. Le surplus est en général vendu à une coopérative.

Emmanuelle Perrussel

Cuma du Rhône

80 ans de solidarité au service des moissons

Nées officiellement au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les coopératives d’utilisation de matériel agricole célèbrent cette année leurs 80 ans d’existence. 

80 ans de solidarité au service des moissons
La Fédération départementale se veut un catalyseur : elle relie les groupes, anime les échanges et veille à faire vivre cet « esprit Cuma » qui conjugue solidarité et ouverture à toutes les pratiques agricoles.

Les coopératives d’utilisation de matériel agricole célèbrent cette année leurs 80 ans d’existence, mais l’entraide, elle, coule dans les veines du monde rural depuis bien plus longtemps. C’est pourquoi ces « mutuelles du tracteur » sont plus que jamais d’actualité dans le département, rassemblant les trois quarts des exploitations, soit 4000 adhérents répartis dans 120 Cuma, qui mettent en commun plus de 3800 matériels agricoles. Le but : alléger les charges et affronter ensemble les défis de la mécanisation.

Un réseau solide et structuré

Avec un chiffre d’affaires moyen de 43 000 € par coopérative et plus de 5,5 millions d’euros investis en 2022, les Cuma du Rhône affichent une santé de fer. Chaque groupement compte en moyenne 33 adhérents qui mutualisent non seulement tracteurs, moissonneuses et ensileuses, mais parfois aussi main-d’œuvre, hangars ou carburant. Pour Claude Berger, président de la FDCuma du Rhône, cette force collective est ô combien précieuse : « les Cuma sont un lieu important d’écoute, de partage et d’échange, où, quelles que soient les productions, les pratiques, la taille de l’exploitation ou l’orientation environnementale, des femmes et des hommes se retrouvent avec un enjeu commun pour réfléchir et travailler ensemble. Ce modèle unique de partage des coûts du matériel est plus que jamais d’actualité aujourd’hui ».

Une réponse concrète aux enjeux actuels

Dans un contexte agricole où la mécanisation peut représenter jusqu’à 30 % des charges, la Cuma est une réponse concrète : accès à une technologie de pointe, chantiers optimisés, main-d’œuvre qualifiée et coûts partagés. Mais ce modèle coopératif va plus loin : il soutient l’installation des jeunes, limite l’endettement, crée des emplois stables et favorise l’innovation. Agriculture de conservation, semis direct, irrigation raisonnée : les Cuma sont souvent les premiers laboratoires de pratiques plus durables.

Aujourd’hui encore, la Fédération départementale se veut un catalyseur : elle relie les groupes, anime les échanges et veille à faire vivre cet « esprit Cuma » qui conjugue solidarité et ouverture à toutes les pratiques agricoles. Une dynamique collective qui donne du souffle, notamment en période de moissons : plus de matériel disponible, moins d’immobilisation, et un vrai partage du risque financier pour des exploitations souvent isolées.

En 2025, alors que se profile une mécanisation toujours plus coûteuse et une transition agroécologique indispensable, les Cuma du Rhône démontrent ainsi que la coopération, loin d’être une idée archaïque, est l’une des clés incontournables pour évoluer sereinement dans les métiers agricoles.

R.M.

En images

Une évolution constante au niveau des matériels

Cette année, nous n’avons pas pu apercevoir de nouvelles machines agricoles testées pour la première fois dans les champs, à l’occasion des moissons, comme l’indique Fabrice Maitrot, conseiller machinisme du réseau Cuma BFC (Bourgogne Franche-Comté). « Il n’y a pas eu de révolution récemment, toutefois on note certaines évolutions ou nouveautés en ce qui concerne les fonctionnalités et les équipements des machines. Ces dernières années, le cœur de l’innovation va sur les robots, la lecture de précision, une montée premium des outils ».
« Depuis 2022, les innovations ont concerné essentiellement les batteuses, avec des broyeurs de paille nouvelle génération qui permet de broyer les adventices ; des caméras permettant de répertorier la perte de grains à l’aide de capteurs ; des corrections concernant la répartition de la paille de manière à ce qu’elle soit plus homogène sur toute la largeur de la machine ».
Des innovations régulières permettant de rendre toujours plus confortable et précis le travail des agriculteurs dans une période cruciale pour eux, celle des moissons.

C. L.

Cuma de Biziat : « une bonne année pour le colza »

A la Cuma de Biziat, dans l’Ain, la moisson des colzas se termine cette semaine. Une Cuma parmi les plus complètes en nombre de matériels, qui compte dans son parc trois moissonneuses batteuses, deux ensileuses, six tracteurs… et pas moins de 80 matériels attelés aux tracteurs ; et qui emploie sept chauffeurs. Contacté mardi, son directeur, Pierre-Louis Dubost, nous livre un premier bilan des moissons. « Nous avons commencé l’orge (environ 220 ha) le 16 juin, pour terminer autour du 26-27 juin. On a débuté les blés le 30 juin (environ 800 ha avec le triticale). Et entre les deux, les moissons de colza (120 ha), qui se terminent cette semaine. En orge, les rendements sont corrects, allant de 60 à 85 quintaux/ha. Pour le colza : entre 40 et 50 quintaux. C’est une bonne année à colza. Quant aux blés, ça n’est pas terrible. La récolte est très hétérogène, de 40 à 95 quintaux selon les parcelles ».
Pour ce qui est de la qualité des récoltes, Pierre-Louis Dubost résumera la campagne de « correcte, sauf pour les blés qui souffrent à cause de la sécheresse ». Un regret cette année : n’avoir pu utiliser le Pick-up à tapis par manque de disponibilité de la faucheuse Mac Don louée d’ordinaire à une entreprise de travaux agricoles du Jura qui a dû annuler des chantiers dans l’Ain à cause de la sécheresse. 

P.F.