« Ne pas lever le pied »
positif » de la lutte contre la flavescence dorée. Reste le plus dur : le
« confirmer » dans le temps. Pour cela, les vignerons devront surtout
rester vigilant et « ne pas lever le pied » sur la prospection.
Car, bien que contenue au cœur du foyer historique, des cas isolés de flavescence dorée ont été détectés au Nord comme au Sud du département, et ceux limitrophes.
Les comptages larvaires sur plus de cent communes ont permis d’avoir une vision précise des populations initiales de cicadelles, vectrices, avant traitements. Idem au stade suivant, adulte, avec 133 pièges suivis pendant 5 semaines pour vérifier la maîtrise du vecteur par les trois traitements effectués.
Revenant sur la prospection dans les communes, les prélèvements des feuilles issues des pieds suspects marqués ont été effectués jusqu’à mi-novembre sur quelques 1.791 parcelles en Bourgogne, dont 954 en Saône-et-Loire ne constituant néanmoins qu’un « échantillonnage » partiel. Les arrachages de tous les pieds symptomatiques de jaunisse induis se poursuivent et devront être obligatoirement finalisés avant le 31 mars 2014.
La maladie contenue
Son collègue, Charles Chambin enchaînait avec les résultats définitifs 2013. « Dix nouvelles communes sont positives cette année. Ce qui ne veut pas dire nouvellement contaminées car nous n’avions pas fait cette cartographie précise avant ». « Point positif : la stagnation de la progression de la flavescence dorée sur le Nord Mâconnais. On s’y attendait, mais pas de façon aussi rapide. Même sur des parcelles avec 10 à 15 % de pieds contaminés l’an dernier, nous avons eu du mal à trouver des pieds, ce qui est preuve de l’efficacité de l’arrachage et de la lutte insecticide en 2012 ». Après, tout de même près de 12 hectares arrachés l’an dernier, "seuls" 11 ares le seront donc cette année.
Rhône et Côte-d’Or touchés
Sur des communes limitrophes à des foyers, la dispersion a été confirmée sur Saint-Gengoux-de-Scissé ou Saint-Albain. La multiplication par piqûres est toutefois plus importante sur Viré (17 prélèvements, 13 positifs) qui, « sans traitement, aurait pu devenir critique en peu d’années », notent les experts. La maladie est également présente au Sud (Serrières, Chasselas, La Chapelle-de-Guinchay…) et même dans le Rhône (Emeringes et Fleurie). Idem au Nord, à Aluze, Mercurey et Saint-Martin-sous-Montaigu qui présentait un profil de foyer probablement « en début de phase épidémique » conséquent. La Côte-d’Or n’est pas épargnée (Pommard, Meursault et Saint-Aubain).
Avec ces détections de pieds isolés lors des prospections, les arrachages devraient permettre de limiter les risques de contamination à l’avenir. Ayant dû arracher des parcelles, Eric Giroud témoignait : « c’est rassurant pour tous. On a fait le ménage mais certains payent la casse de façon considérable », lui qui entend reparler d’indemnisations au préfet.
La lutte 2013 se verra en 2014
D’ailleurs cette réunion de restitution des résultats et ses corolaires dans l’Yonne et en Côte-d’Or étaient l’occasion pour les vignerons de faire remonter leurs avis. Désormais, les GDon (Groupement de défense contre les organismes nuisibles) ont les éléments nécessaires pour « évaluer les risques par consensus collégial et trouver une graduation de la lutte, en fonction des typologies et des zones d’ombre restantes », s’avançait Claude Magnien du Sral Bourgogne. « L’analyse de risque de l’an dernier était fondée et pertinente. On a progressé dans la connaissance. La maladie est répandue de façon isolée et relativement dispersée du Nord au Sud. Il faut donc prendre garde de ne pas lever la protection trop rapidement. L’efficacité de la lutte 2013 ne se verra qu’en 2014 puisque qu’on a toujours un an de retard, avec toutes les incertitudes, sur la flavescence », concluait-il.
Débattre en interne avant de communiquer
Collectif. La lutte contre cette maladie réglementée est obligatoire et collective et ne date pas d’hier. Jocelyn Dureuil le rappelait : « le traitement à l’eau chaude des bois est aussi efficace que celui des plants et est une obligation en Bourgogne depuis 2003 car on craignait déjà l’arrivée de la flavescence dorée ».
Ce qui n’empêche pas de s’interroger sur « les risques en matière de santé publique car mourir d’un cancer n’est pas idéal non plus », questionnait Jean-Philippe Bret de Vinzelles. Du Sral, Claude Magnien en convenait, mais « c’est un débat qui dépasse le cadre de la flavescence et au-delà, sur celui des niveaux de toxicité des insecticides. Il y a un règlement sur les produits et leurs utilisations. On peut discuter mais il faut le respecter sinon, les contrevenants s’exposent à des contraventions ». Directeur du Pôle technique au BIVB, Jean-Philippe Gervais insistait en tout cas sur le « risque majeur à ne pas parler d’une voie unie » au grand public. Un « risque pour l’image de la Bourgogne », réellement déformée par le focus médiatique, alors que 450.000 ha en France sont déjà traités de la sorte.
« C’est la limite de l’action collective qui peut pour certains s’accompagner d’un sentiment d’infantilisme », exprimaient plusieurs vignerons.
Efficacité des traitements bio et conventionnels
Les cicadelles en phase larvaire étaient présentes dans 91 % des parcelles du département. Dans les parcelles en lutte obligatoire depuis 2012, ce taux tombe à 40 % en « diminuant fortement leur quantité ». Les comptages des pièges après les trois traitements en conventionnel ou en bio montrent des chutes des populations similaires, permettant de maitriser ce vecteur. « En bio, les insecticides marchent très bien sur les larves, avec en moyenne seulement 36 individus piégés sur cinq semaines dans le périmètre de lutte, contre 167 hors ».
Pour le Sedarb, Agnès Boisson présentait d’ailleurs des résultats d’essais avec le Pyrévert qui « permet de lutter efficacement contre l’agent vecteur ». La chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire qui a également fait des essais, confirme. L’essai consistait à comparer le Pyrévert et le Cicador un autre insecticide dont la matière active est une pyrèthre naturelle non homologué aujourd'hui avec un insecticide référence en conventionnel le Karaté. Après les trois traitements, pour les trois modalités, les comptages montrent 97 % d’efficacité pour tous sur les larves de la cicadelle de la flavescence dorée.
Jean-Philippe Gervais en profitait pour indiquer que d’autres essais seront coordonnés et recherchent des « alternatives », notamment pour « mieux comprendre le phytoplasme et ses différentes souches » en fonction également du matériel végétal.
Tous les experts s’accordaient également pour ne pas tirer trop vite de « raccourcis » quant aux attaques d’araignées rouges, déjà présentes avant la lutte obligatoire, « même s’il faudra être attentif aux équilibres (typhlodromes) car potentiellement le risque existe d’avoir déséquilibrer la faune auxiliaire ».
Toutes les informations sont disponibles sur www.stop-flavescence-bourgogne.fr