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Néonicotinoïdes : l’Anses évalue les alternatives à certains usages

L’Anses a évalué, le 5 mars dans un second rapport d’étape, certaines alternatives aux néonicotinoïdes. À propos des impacts sur la santé humaine, l’agence recommande de réduire « au maximum » l’usage du thiaclopride.

Par Publié par Cédric Michelin
Néonicotinoïdes : l’Anses évalue les alternatives à certains usages

Dans un rapport d’étape, publié par l’Anses le 5 mars avant le rapport final attendu au second trimestre 2018, « les alternatives aux usages (des néonicotinoïdes) sur vigne, betterave industrielle et fourragère, céréales à paille, maïs et laitue ont été identifiées et des indicateurs de risques leur ont été appliqués », selon le communiqué. Ces éléments seront intégrés dans un rapport final qui concernera l’ensemble des usages phytopharmaceutiques des néonicotinoïdes.

La loi sur la biodiversité de 2016 prévoit l’interdiction des néonicotinoïdes en France à partir du 1er septembre 2018, avec des dérogations possibles au cas par cas jusqu’au 1er juillet 2020. Dans ce cadre, l’Anses a été chargée de réaliser une évaluation des risques et des bénéfices des produits phytopharmaceutiques à base de néonicotinoïdes, et de leurs alternatives.

La démarche de l’Anses a « permis d’identifier et d’évaluer des méthodes de lutte (chimiques ou agronomiques) susceptibles de représenter une alternative à l’utilisation des néonicotinoïdes dès 2018, précise le communiqué. L’analyse présente également des indicateurs de risque qui permettent une comparaison des substances entre elles, qu’il s’agisse des risques pour l’Homme, pour l’environnement, ainsi que pour les organismes du sol, les organismes aquatiques, les oiseaux, les mammifères ou les pollinisateurs. »

Vers une dérogation pour la betterave, espère l’interprofession

L’Association interprofessionnelle de la betterave et du sucre (AIBS) a estimé le 6 mars que l’Anses mais aussi l’Efsa « ouvrent la voie à un régime dérogatoire concernant les néonicotinoïdes » sur betterave. Dans son rapport d’étape du 5 mars, l’Anses « confirme qu’il n’existe pas à l’heure actuelle d’alternatives équivalentes aux néonicotinoïdes en termes d’efficacité, de durabilité, d’opérationnalité et de praticité pour lutter contre les pucerons vecteurs de la jaunisse virale », affirme-t-elle, alors qu’il existe des méthodes alternatives non chimiques pour les populations de ravageurs du sol.

L’interprofession partage aussi les conclusions du rapport de l’Efsa, publié le 28 février : « planteurs de betteraves et fabricants de sucre prennent acte du risque potentiel identifié par l’Efsa pour les pollinisateurs visitant une culture succédant, dans la rotation, à une betterave, quand cette dernière a bénéficié d’un traitement néonicotinoïdes en enrobage de semences, mais rappelle que la culture suivante est une céréale dans 94 % des situations, plante elle-même non-attractive ». Et de rappeler qu’en cas d’interdiction des néonicotinoïdes sur betterave, les pertes potentielles de rendement peuvent aller « jusqu’à 50 % » dans certaines régions.

Impact sur la santé humaine du thiaclopride

Dans un autre avis paru le 5 mars, l’Anses a examiné des données disponibles sur les dangers pour la santé humaine présentés par les six substances actives de la famille des néonicotinoïdes autorisées (acétamipride, clothianidine, imidaclopride, thiaclopride, thiaméthoxame et dinotéfurane). L’Anses recommande de réduire « au maximum (les) usages » du thiaclopride dès 2018, un néonicotinoïde de plus en plus utilisé.

Dans cet avis, l’agence affirme que « concernant l’impact des néonicotinoïdes sur la santé humaine, l’expertise réalisée […] ne met pas en évidence d’effet nocif, pour des usages respectant les conditions d’emploi fixées par les autorisations de mise sur le marché ». Mais dans le cas précis du thiaclopride, « compte tenu de ses caractéristiques de danger, de l’accroissement important de son utilisation constatée au cours de la période 2010-2015, et des incertitudes liées aux expositions cumulées avec d’autres produits phytopharmaceutiques ou biocides présentant des caractéristiques de danger similaires, l’Anses recommande de réduire au maximum les usages pour les produits à base de cette substance dès 2018 ».

Le thiaclopride, présumé toxique pour la reproduction, est un « perturbateur endocrinien suspecté » et considéré comme susceptible de provoquer le cancer, selon le rapport de l’Anses. Son usage a augmenté en particulier depuis le moratoire partiel instauré au niveau européen en 2013 sur trois autres néonicotinoïdes (clothianidine, imidaclopride, thiaméthoxame).

L’Agence européenne pour la sécurité des aliments (Efsa) a confirmé le 28 février le risque que présentent pour les abeilles les trois néonicotinoïdes actuellement soumis à des restrictions d’usage dans l’UE.