Viande bovine
« Nous avons une autoroute devant nous ! »
La situation du marché de la viande bovine est inédite. Pour la première fois depuis des décennies, on s’achemine vers une pénurie. Une aubaine pour les producteurs, car c’est l’occasion ou jamais de tirer les prix vers le haut et de produire durablement. Tel est le message d’espoir porté par la FNB et la section bovine de la FDSEA de Saône-et-Loire.
Le 14 septembre dernier, la FNB achevait son tour de France des régions en Saône-et-Loire. Il s’agissait de l’étape Bourgogne - Franche-Comté - Rhône-Alpes, laquelle s’est passée à Saint-Désert en présence du président Pierre Chevalier, du secrétaire général Jean-Pierre Fleury ainsi que de Patrick Bénézit, d’Emmanuel Bernard et de Michel Joly, vice-présidents.
Devant une salle d’éleveurs des sections bovines départementales ainsi que de représentants de la filière invités à se joindre à la réunion l’après-midi, les responsables de la FNB sont venus délivrer un véritable mot d’ordre. Il faut dire que c’est une situation inédite que traverse la filière viande bovine aujourd’hui : les excédents d’antan ont fait place à la pénurie ! Pierre Chevalier n’hésite pas à parler de « cyclone planétaire » sur les produits alimentaires. « On est à la veille d’une importante pénurie alimentaire mondiale. Déjà, un milliard de gens ne mangent pas à leur faim ! », posait d’emblée le président de la FNB. On prévoit une hausse de la consommation mondiale de viande bovine de +20 %. Dans le même temps, et un peu partout dans le monde, la production s’érode du fait d’une perte de compétitivité face à la production de céréales. Cette érosion de la production touche aussi l’Europe. La décapitalisation des troupeaux allaitants concerne tous les pays. En France, nombre d'éleveurs des zones intermédiaires n’hésitent pas une seconde à se séparer de leurs troupeaux et à labourer leurs prairies...
Pour Pierre Chevalier, si le prix des céréales continue d’être très élevé, les filières élevage des zones intermédiaires vont être en danger. Car la conversion de l’élevage à la production de céréales aura un impact important sur l’économie même du pays avec le risque de disparition des acteurs amont aval de la filière viande bovine. Il en va ainsi des outils d’abattage français. Une perspective d’autant plus insupportable que la demande mondiale de viande bovine n’a jamais été tant à la hausse.
Gérer la pénurie
Bref, c’est un défi que l’élevage bovin français doit relever. « Nous avons à gérer la pénurie. Nous avons devant nous une autoroute ! », n’hésitait pas à lancer le président de la FNB. Mais pour pouvoir être en mesure de répondre à cette demande, il n’y a pas de secret : il faut continuer à augmenter le prix payé aux producteurs des animaux. Car la situation économique des exploitations bovines est sans ambiguïté : « avec 14.000 € de revenu annuel, cela ne passe pas ! », résume Jean-Pierre Fleury. Pour Pierre Chevalier, « une hausse de seulement 1 € le kilo de carcasse permettrait d’équilibrer l’économie des exploitations ». Et de l’avis de la profession, l’argument de l’effet négatif sur la consommation ne tient pas. « Une augmentation d’1 € le kilo de carcasse, génèrerait une dépense supplémentaire de seulement 24 € par foyer et par an ! », rapporte le président de la FNB. Mais la filière éprouve toutes les peines du monde à faire accepter cette augmentation de prix à la grande distribution. C’est un débat national dans lequel la FNSEA tente de faire entendre la voix des éleveurs, rapporte Pierre Chevalier.
Faire monter les prix à tout prix !
Pour les responsables de la FNB, c’est le moment ou jamais d’imposer le prix. A terme, c’est 4 à 5 € supplémentaires par carcasse qu’il faudra pour faire face à la hausse des charges. « Si le produit coûte ce prix là, alors il faut le vendre ce prix là ! », résume Pierre Chevalier. La poursuite de l’augmentation des prix est inscrite dans la feuille de route de la FNB. « Les organisations de producteurs ont peut-être connu des difficultés à un moment où il y avait surproduction, mais aujourd’hui, dans un marché où il manque un peu de viande, il faut accélérer l’augmentation des prix car ils ne couvrent pas encore le prix de revient », expliquait Patrick Bénézit. Un mot d’ordre qui, semble-t-il, n’a pas été suivi par tous les opérateurs de la filière, comme en témoignent certaines aberrations observées ici et là. « Certains comportements d’entreprises empêchent cette remontée des prix. Pourquoi, alors que le marché est au beau fixe, décide-t-on soudain de faire baisser le prix du broutard sans explication ? », dénonçait Patrick Bénézit. Ce sont ces pratiques commerciales « malhonnêtes » qui entravent systématiquement la revalorisation des produits. Et les exemples sont nombreux. « Il y en a toujours un qui se couche avant tous les autres, un qui pratique le moins-disant », s’accordaient à dire les éleveurs. Une dérive à laquelle même certains outils coopératifs se laissent aller. « On sait faire mieux et moins cher ! », revendiquaient certains d’entre eux auprès de la grande distribution. Une stratégie qui fait finalement le jeu des grandes enseignes mais qui étrangle les éleveurs.
Mieux gérer l’offre…
« Il va falloir se ressaisir de toute urgence ! », lançaient en substances les responsables de la FNB, s’adressant à toute la filière. « Il faut se serrer les coudes au niveau interprofessionnel et profiter du manque de marchandise pour faire monter ces prix. C’est un virage historique pour la production de viande bovine en France et en Europe. Si nous ne parvenons pas à faire remonter les prix aujourd’hui, nous n’y parviendrons jamais ! », martelait Pierre Chevalier. Et la détermination de la FNB est d’autant plus grande « qu’il ne manque pas grand-chose pour y arriver. Juste la gestion de l’offre », pointait le président qui en appelait à la responsabilité collective.
De son côté, Jean-Pierre Fleury rappelait la situation actuelle de la filière qui se résume à cinq centrales d’achat et quatre groupes d’abattage pour l’aval, alors que l’amont compte 120 organisations de producteurs et 2.000 négociants. Une asymétrie qui impose des efforts d’organisation pour une meilleure structuration de l’offre. Planification des sorties, engagement de production… font encore défaut aujourd’hui. Là où elle est possible, la contractualisation est attendue avec beaucoup d’espoir. Pour l’heure, il manque encore la signature du Sniv, les industriels privés de l'abattage, qui butte sur les indicateurs "Prix de marché" et "Coût de production", indiquait Jean-Pierre Fleury. En Saône-et-Loire, la section bovine croit beaucoup à la contractualisation pour sécuriser davantage le revenu des exploitations. « Il faut profiter du moment, du fait que nous sommes en situation de force pour l’approvisionnement et ainsi imposer les prix par des contrats. La consommation mondiale est à la hausse et nous, en France, on ne fait que des prévisions de production à la baisse. On ferait peut-être mieux de se tenir prêts à produire de la viande bovine », résumait Christian Bajard, président. Un message d’espoir en somme que souhaitent faire passer la FNB et ses sections départementales à l'ensemble des éleveurs.
Devant une salle d’éleveurs des sections bovines départementales ainsi que de représentants de la filière invités à se joindre à la réunion l’après-midi, les responsables de la FNB sont venus délivrer un véritable mot d’ordre. Il faut dire que c’est une situation inédite que traverse la filière viande bovine aujourd’hui : les excédents d’antan ont fait place à la pénurie ! Pierre Chevalier n’hésite pas à parler de « cyclone planétaire » sur les produits alimentaires. « On est à la veille d’une importante pénurie alimentaire mondiale. Déjà, un milliard de gens ne mangent pas à leur faim ! », posait d’emblée le président de la FNB. On prévoit une hausse de la consommation mondiale de viande bovine de +20 %. Dans le même temps, et un peu partout dans le monde, la production s’érode du fait d’une perte de compétitivité face à la production de céréales. Cette érosion de la production touche aussi l’Europe. La décapitalisation des troupeaux allaitants concerne tous les pays. En France, nombre d'éleveurs des zones intermédiaires n’hésitent pas une seconde à se séparer de leurs troupeaux et à labourer leurs prairies...
Pour Pierre Chevalier, si le prix des céréales continue d’être très élevé, les filières élevage des zones intermédiaires vont être en danger. Car la conversion de l’élevage à la production de céréales aura un impact important sur l’économie même du pays avec le risque de disparition des acteurs amont aval de la filière viande bovine. Il en va ainsi des outils d’abattage français. Une perspective d’autant plus insupportable que la demande mondiale de viande bovine n’a jamais été tant à la hausse.
Gérer la pénurie
Bref, c’est un défi que l’élevage bovin français doit relever. « Nous avons à gérer la pénurie. Nous avons devant nous une autoroute ! », n’hésitait pas à lancer le président de la FNB. Mais pour pouvoir être en mesure de répondre à cette demande, il n’y a pas de secret : il faut continuer à augmenter le prix payé aux producteurs des animaux. Car la situation économique des exploitations bovines est sans ambiguïté : « avec 14.000 € de revenu annuel, cela ne passe pas ! », résume Jean-Pierre Fleury. Pour Pierre Chevalier, « une hausse de seulement 1 € le kilo de carcasse permettrait d’équilibrer l’économie des exploitations ». Et de l’avis de la profession, l’argument de l’effet négatif sur la consommation ne tient pas. « Une augmentation d’1 € le kilo de carcasse, génèrerait une dépense supplémentaire de seulement 24 € par foyer et par an ! », rapporte le président de la FNB. Mais la filière éprouve toutes les peines du monde à faire accepter cette augmentation de prix à la grande distribution. C’est un débat national dans lequel la FNSEA tente de faire entendre la voix des éleveurs, rapporte Pierre Chevalier.
Faire monter les prix à tout prix !
Pour les responsables de la FNB, c’est le moment ou jamais d’imposer le prix. A terme, c’est 4 à 5 € supplémentaires par carcasse qu’il faudra pour faire face à la hausse des charges. « Si le produit coûte ce prix là, alors il faut le vendre ce prix là ! », résume Pierre Chevalier. La poursuite de l’augmentation des prix est inscrite dans la feuille de route de la FNB. « Les organisations de producteurs ont peut-être connu des difficultés à un moment où il y avait surproduction, mais aujourd’hui, dans un marché où il manque un peu de viande, il faut accélérer l’augmentation des prix car ils ne couvrent pas encore le prix de revient », expliquait Patrick Bénézit. Un mot d’ordre qui, semble-t-il, n’a pas été suivi par tous les opérateurs de la filière, comme en témoignent certaines aberrations observées ici et là. « Certains comportements d’entreprises empêchent cette remontée des prix. Pourquoi, alors que le marché est au beau fixe, décide-t-on soudain de faire baisser le prix du broutard sans explication ? », dénonçait Patrick Bénézit. Ce sont ces pratiques commerciales « malhonnêtes » qui entravent systématiquement la revalorisation des produits. Et les exemples sont nombreux. « Il y en a toujours un qui se couche avant tous les autres, un qui pratique le moins-disant », s’accordaient à dire les éleveurs. Une dérive à laquelle même certains outils coopératifs se laissent aller. « On sait faire mieux et moins cher ! », revendiquaient certains d’entre eux auprès de la grande distribution. Une stratégie qui fait finalement le jeu des grandes enseignes mais qui étrangle les éleveurs.
Mieux gérer l’offre…
« Il va falloir se ressaisir de toute urgence ! », lançaient en substances les responsables de la FNB, s’adressant à toute la filière. « Il faut se serrer les coudes au niveau interprofessionnel et profiter du manque de marchandise pour faire monter ces prix. C’est un virage historique pour la production de viande bovine en France et en Europe. Si nous ne parvenons pas à faire remonter les prix aujourd’hui, nous n’y parviendrons jamais ! », martelait Pierre Chevalier. Et la détermination de la FNB est d’autant plus grande « qu’il ne manque pas grand-chose pour y arriver. Juste la gestion de l’offre », pointait le président qui en appelait à la responsabilité collective.
De son côté, Jean-Pierre Fleury rappelait la situation actuelle de la filière qui se résume à cinq centrales d’achat et quatre groupes d’abattage pour l’aval, alors que l’amont compte 120 organisations de producteurs et 2.000 négociants. Une asymétrie qui impose des efforts d’organisation pour une meilleure structuration de l’offre. Planification des sorties, engagement de production… font encore défaut aujourd’hui. Là où elle est possible, la contractualisation est attendue avec beaucoup d’espoir. Pour l’heure, il manque encore la signature du Sniv, les industriels privés de l'abattage, qui butte sur les indicateurs "Prix de marché" et "Coût de production", indiquait Jean-Pierre Fleury. En Saône-et-Loire, la section bovine croit beaucoup à la contractualisation pour sécuriser davantage le revenu des exploitations. « Il faut profiter du moment, du fait que nous sommes en situation de force pour l’approvisionnement et ainsi imposer les prix par des contrats. La consommation mondiale est à la hausse et nous, en France, on ne fait que des prévisions de production à la baisse. On ferait peut-être mieux de se tenir prêts à produire de la viande bovine », résumait Christian Bajard, président. Un message d’espoir en somme que souhaitent faire passer la FNB et ses sections départementales à l'ensemble des éleveurs.