Nouvelle refonte en vue des cahiers des charges des appellations de Bourgogne ?
Le 18 avril à Beaune, la Confédération des appellations et vignerons de Bourgogne (CAVB) tenait son assemblée générale. L'occasion de passer en revue le bilan de l’année écoulée.

Pour le président de la CAVB, Jean-Michel Aubinel, le rendez-vous était l'occasion de présenter la "nouvelle" directrice de la CAVB, Marion Sauquëre, laquelle en était jusqu'alors directrice adjointe. C’est elle notamment qui avait largement présenté la charte régionale "Engager nos terroirs dans nos territoires", pour promouvoir le respect de l’environnement auprès des viticulteurs et du grand public.
Sur ce sujet, un fascicule sera prochainement remis aux nouveaux arrivants dans les communes viticoles pour leur « expliquer les impératifs » propres à la culture de la vigne. Le responsable de la commission Environnement, Jean-Hughes Goisot, détaillait le travail engagé auprès des organismes de formation, des distributeurs de phytos, des marchants de matériel viticole, des organismes de conseil, de la Draaf… et évidemment des vignerons. « Reste à rencontrer les maires ruraux et les organisations de la société civile », rappelait-il toutefois. « La marque Bourgogne doit être une valeur sûre et cette charte vise ce but », soulignait-il élargissant ainsi les débats sur l’image et la notoriété de la région.
Pas toujours évident lorsqu’on se souvient des polémiques qui ont agîté la région autour des traitements obligatoires contre la Flavescence dorée. La Bourgogne avance un « recul très important de -95 % des insecticides » en 2017 grâce, notamment, à une prophylaxie et à des prospections, qui lui valent d'être citée en exemple ailleurs. La profession a souhaité « franchir une nouvelle marche » lors la prochaine campagne de lutte sur trois villages viticoles « avec un engagement particulier demandé au Sral » visant à augmenter les analyses notamment. Jean-Michel Aubinel remerciait à ce sujet les représentants de l’Etat se disant conscient que cela « nous oblige à être plus exemplaires encore ». Par contre, dès l’an prochain, les cotisations adhoc risquent d’augmenter...
Pour la commission Technique, Jérôme Chevalier dressait un bon bilan tant des audits de vignes que de caves. En parallèle, la gestion des VCI a été « optimum malgré un système compliqué ». Ce tout a fconduit la commission à simplifier « l’usine à gaz » qu’est le système de contrôle. « La chose n'est pas pas facile, car il faudra modifier les cahiers des charges » des appellations (AOC) de chaque ODG pour que la CAVB « présente un projet global ». La nouvelle équipe s’y attellera sans délai dès son élection le 3 mai.
Le président de Siqocert et vice-président de la CAVB, Christophe Ferrari, s'en dit conscient, lui qui faisait un point sur la récolte 2017, « derrière celle catastrophique de 2016 ». Sur 30.061 ha, 1,506 million d’hectolitres ont été produits. La Bourgogne continue de blanchir (850.000 hl), sans compter les crémants (146.000 hl), face aux rouges (475.000 hl). Les Douanes invitaient tous les déclarants à vite s’inscrire à Demat’Vin. Avec Chablis, l'Auxerrois et le Chatillonais, la récolte aurait pu monter à 1,7 Mhl.
Les séquelles des petites récoltes successives ne sont pour autant pas cicatrisées partout. Responsable de la commission Accompagnement, Aubert Lefas listait les mesures lancées pour améliorer les situations des vignerons en difficulté et notamment la « réforme » du calcul des fermages en Côte-d’Or qui a été étendue à l’Yonne. Reste que le foncier « est une grosse préoccupation » de la CAVB qui constate des « dérives médiatisées » avec des achats à coup de centaines de millions d’€ de domaines prestigieux. « Nous ne voulons pas nous retrouver tous salariés de grands systèmes financiers. Le foncier est la clé ». L’idée d’une épargne de précaution a été portée auprès des législateurs par la CAVB et la Cnaoc. En lien, la « fiscalité des transmissions n’est plus adaptée à l’explosion des valeurs. Il est aujourd’hui plus facile de vendre que de conserver. Un drame pour l’installation qui sera très difficile dans le futur », anticipait-il.
Pour sa dernière en tant que président de la CAVB, puisqu’il a fait deux mandats successifs (six ans au total), Jean-Michel Aubinel redisait « l’obligation de nous défendre contre bien des maux ». Il annonçait avoir le soutien de la présidente de la région BFC pour « accompagner la viticulture contre le gel ». A suivre donc. Autre dossier mais cette fois avec une autre région, la CAVB a « réaffirmé son soutien à l’ODG Bourgogne sur sa vision » au sujet du dossier de délimitation de l’AOC, notamment dans le Beaujolais, qui doit prochainement être rendu par l'INAO. Un « tassement significatif des cours » s’est déjà opéré cette année. Pour ne pas voir des « volumes significatifs » arriver trop vite sur les marchés, il martelait que les ODG doivent conserver leurs prérogatives pour piloter leur appellation par la maîtrise des plantations.
A côté, le dossier des Cités des vins fera moins de bruit avec la Fneb, glissait-il. Il s’excusait néanmoins pour sa « position ambiguë » sur le sujet car « être porte-parole de toute la Bourgogne viticole amène à une certaine prudence ». Avec émotion, Jean-Michel Aubinel remerciait l’assemblée pour ces « six merveilleuses années ». Ne pouvant s’en empêcher, il « remerciait Louis-Fabrice Latour pour lui avoir permis de prendre un peu de recul », l’ayant "empêché" d'accéder à la présidence du BIVB en raison « de quelques erreurs » qu’il reconnaissait. « Il avait peut être raison : la filière ne mérite pas d’être gouvernée par un syndicaliste pur et dur comme j’ai pu l’être des fois. Mais je pense qu’il faut savoir défendre ses convictions et je resterai un peu derrière pour partager mon expérience », concluait-il en guise d'invitation à continuer la défense des appellations et des vins de Bourgogne.