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Viticulture biologique

Objectif Grenelle atteint !

En 2011, où en est la viticulture biologique en Bourgogne ? Le 13
janvier à Beaune, le Sedarb a fait le point. Les objectifs 2012 du
Grenelle semblent déjà atteints, avec quelque 6,5 % de la surface
viticole totale de la région en conversion ou certifiée AB. Mais la
situation reste toujours très différente d'un département à l'autre, sans parler des différentes réglementations qui peinent à se mettre en
place...
Par Publié par Cédric Michelin
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Président de la section viticole de la CGAB (Confédération des groupements des agrobiologistes de Bourgogne), Jean-Hugues Goisot du domaine du même nom à Saint-Bris-le-Vineux dans l'Yonne (se référer à notre article du 23 avril 2010 en page 36) se félicitait tout d'abord de la dynamique des conversions en cours. Le Sedarb enregistre en effet une évolution des surfaces de +141 % en quatre ans.
En revanche, 2010 n'aura toujours pas vu l'émergence d'une réglementation sur la vinification biologique. Pour autant, pas de défaitisme malgré « l'échec » de ces négociations auprès de la Commission européenne, les démarches se poursuivent. Pour lui, « une porte de sortie » se profile même. Ce qui n'empêchait pas la salle de réagir par la suite. Le viticulteur appelait surtout les présents à « être plus attentifs aux domaines viticoles non certifiés qui communiqueraient sur le bio », un usage considéré dès lors comme de la « communication déloyale ». Enfin, il appelait à développer davantage encore le volet technique « pointu et avant-gardiste » du bio et laissait pour cela la place aux autres intervenants.

+ 141 % de surfaces en 4 ans



Première à s'exprimer, Odile Cadiou du Sedarb revenait sur les chiffres « encore non consolidés » des surfaces certifiées en Bourgogne. En 2010, 2.000 ha de vignes sont certifiés ou en cours de conversion, représentant près de 6,5 % de la surface totale viticole bourguignonne. Cela remplit un des objectifs du Grenelle fixé à l'orée 2012. La répartition n'est certes pas identique selon les départements. On compte 1.100 ha (11,4 % des surfaces viticoles du département) de vignes bio en Côte-d'Or, toujours en tête, suivie par la Saône-et-Loire avec 424 ha (3,3 % des surfaces viticoles du département) bientôt dépassée par l'Yonne « en forte progression » qui totalise 409 ha (6,3 % des surfaces viticoles du département). La Nièvre est en retrait logiquement avec 55 ha (3,9 % des surfaces viticoles du département). 215 producteurs sont concernés par ces démarches. Des démarches qui changent, puisque la notification auprès de l'Agence Bio doit désormais précéder celle auprès de l'Organisme certificateur (OC). « À bien anticiper, surtout à proximité des vendanges ! »

Réduction des doses de cuivre en 2014



Elle abordait ensuite la réglementation sur les conditions d'utilisation du cuivre. Aucun changement en matière de règlement européen n'est notable, limitant toujours à 6 kg de cuivre métal/ha/an en moyenne sur cinq campagnes.
L'an dernier cependant, l'Afssa (Agence française de sécurité sanitaire alimentation) a émis un avis préconisant une dose maximale de 4 kg de cuivre par hectare et par an, avec également une restriction de 0,5 kg/ha par utilisation. En Bourgogne, « la Confédération des groupements des agrobiologistes de Bourgogne a déjà fait remonter la difficulté des viticulteurs bio de se maintenir en dessous de ce seuil dans notre région », précisait Odile Cadiou.
Une alerte qui pourrait se réitérer prochainement puisque toutes les nouvelles spécialités à base de cuivre –demandant une AMM (Autorisation de mise en marché)– seront soumises en 2014 à ces nouvelles normes de 4 kg/ha/an. Les anciennes spécialités déjà sur le marché seront par ailleurs également réexaminées d'ici 2014. Par contre, la préconisation d'épandre 0,5 kg de Cu/ha par passage ne s'appliquera pas : c'est la dose homologuée par le fabricant qui devra être respectée. Les viticulteurs pourront aussi, s'ils le souhaitent, utiliser plusieurs spécialités. « Il faut quand même vous préparer à des réductions de doses de cuivre dans le futur après 2014 », prévenait Odile Cadiou (<4 kg/ha/an).

Sulfite : la pomme de discorde



Revenant sur la déception du « non vote » du projet européen sur la vinification biologique, rejeté par la Commission européenne, « on ne va pas enterrer la chose et on continue de travailler dessus », insistaient les responsables du Sedarb. Mais, les négociations sont âpres entre pays producteurs de vins, ayant des contraintes de production, et pays consommateurs de vins, ressentant de fortes exigences de la part des concitoyens en terme sanitaire et d'éthique.
Reste que la viticulture ne peut toujours pas utiliser la confiance d'un logo Bio européen. « Un gros problème » qui peut être en partie pallié par l'utilisation du logo AB avec la mention "Issu de l'agriculture biologique" ou par des chartes privées (Demeter, FNIVAB, BioSuisse...). Cette reconnaissance est importante au niveau commercial pour garantir aux consommateurs une transparence sur le processus de vinification. Le Sedarb présentait d'ailleurs les « gros différentiels » existants entre toutes les chartes européennes, notamment sur les doses de sulfites autorisées (SO2 total après mise en bouteille), des chartes n'ont pas d'équivalence dans tous les pays. Heureusement, les viticulteurs bourguignons sont, en moyenne, en dessous des doses limites, positivait le Sedarb.

Retrouver une dynamique commune



Conscient du problème, la filière a proposé une charte européenne (CEvinBio) pour « rassembler » ces chartes privées au sein d'un socle commun. Une unification éviterait une trop grande cacophonie. Ce regroupement a été porté, entre autres par l'Itab (institut technique) qui avait conduit un audit sur le sujet. En attendant, cela « favorise le NOP (réglement bio américain) pour l'export aux États-Unis », faisait remarquer la salle, pourtant « très limitant en terme de dose de sulfite », complétait la technicienne.
Les producteurs bourguignons continuent donc de faire pression pour obtenir une réglementation européenne. En l'absence de décisions de la Commission européenne, des initiatives étatiques –telle celle de la filière bio française– demandent la mise en place d'une réglementation nationale ayant un cahier des charges spécifique sur la vinification bio.
La Fnab (Fédération nationale de l'Agriculture biologique) est pour l'heure « partie sur le label biocohérence, mais la viticulture ne s'y retrouve pas. On est donc contre car la viticulture veut une reconnaissance européenne », insistait et concluait Jean-Hugues Goisot. Cela reste donc la grosse attente en 2011...


Les autres intervenants


Cent trente professionnels de la viticulture biologique bourguignonne ont durant la journée assisté à des présentations techniques. Sandrine Rousseaux de l’Institut Jules Guyot et Gilles Sentenac de l’IFVV (Institut français de la vigne et du vin) ont présenté les résultats de leurs recherches, respectivement sur le court-noué et les méthodes de lutte biologique. L’après midi, les discussions ont concerné les pratiques des viticulteurs biologiques et les résultats d’essais bio sur différents thèmes comme le Black Rot, oïdium, mildiou et Botrytis. Pour cela sont intervenus Agnès Boisson (Sedarb), Pierre-Étienne Petitot (chambre d’agriculture de Côte-d’Or), Estelle Munari (coopérative Bourgogne du Sud), Guillaume Morvan (chambre de l’Yonne) et Jérôme Boyer (SRAL).


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