Marché de Saint-Christophe-en-Brionnais
Objectif : transparence et sécurité totale
Chiffre d’affaires en hausse et activité conforme à la tendance nationale, 2013 aurait pu être une bonne année pour le marché de Saint-Christophe. Malheureusement, tout a basculé en fin d’année avec la découverte d’une créance abyssale liée à l’un des acheteurs du gré à gré. Echaudés par ce nouvel aléa commercial, les responsables du marché entendent instaurer transparence et sécurité totale.
Jeudi dernier, la société d’économie mixte (SAEM) du marché de Saint-Christophe-en-Brionnais tenait son assemblée générale annuelle. Une réunion au cours de laquelle il fut largement question du retentissant impayé mis au jour fin 2013, lequel a conduit au licenciement du directeur du marché dans la foulée.
Fin 2013, contraints de désobéir à leur supérieur hiérarchique, des salariés du marché avaient fini par alerter directement les responsables de la SAEM sur le creusement préoccupant d’une créance due au marché de Saint-Christophe. Depuis quelques temps en effet, le directeur du marché aurait autorisé un acheteur abatteur à déroger à l’une des règles de base de la nouvelle sécurité de paiement.
Introduite en même temps que la vente au cadran du maigre en 2009, la garantie de paiement avait été étendue au marché de gré à gré en 2011. Cette innovation sur les marchés traditionnels faisait suite à la liquidation judiciaire d’un important acheteur de Saint-Christophe. Les responsables du marché avaient alors voulu réagir en sécurisant aussi la vente de gras. Jouant le rôle de prestataire, la SAEM assure la gestion administrative du dispositif. Sans intervenir dans les transactions, ni être propriétaire des animaux, elle effectue cependant le paiement anticipé aux vendeurs et se charge ensuite du recouvrement auprès des acheteurs. Ce nouveau dispositif impose aux acheteurs le versement préalable d’une caution à la SAEM, montant d’achat qu’il leur est interdit de dépasser. Or, courant 2013, l’un des acheteurs du marché de gré à gré est allé bien au-delà de la caution déposée. Alors que cet abatteur de l’Isère n’était plus en mesure de payer, le directeur l’aurait autorisé à poursuivre ses achats d’animaux et c’est donc le marché qui a continué d’avancer l’argent. La créance s’est ainsi creusée de semaine en semaine pour atteindre le chiffre de 1.085.000 €… soit 885.000 € de plus que le montant de la caution. C’est cette somme que devait l’abatteur à la SAEM au moment où l’affaire fut révélée.
Une créance de plus d’un millions d’€
Cet épisode a été une véritable douche froide pour les responsables du marché. Après être parvenus à remonter de 30.000 à 60.000 bovins par an grâce au succès du nouveau cadran et avoir réussi à redynamiser le marché de gré à gré en inventant une garantie de paiement, cette affaire a secoué les élus en charge de la SAEM. Détenant à elle seule 89 % des parts de la société, la communauté de communes du canton de Semur-en-Brionnais a pris le dossier à bras le corps.
Aidés d’un avocat et après avoir prix maints renseignements sur le créancier, la communauté de communes et la SAEM ont préféré opter pour un remboursement de la dette suivant un échéancier. Au préalable, l’abatteur « a signé une reconnaissance de dette sur ses biens personnels », expliquait le président de la communauté de communes, André Mammessier. Laissé libre de poursuivre son activité, l’abatteur rhône-alpin est tenu de rembourser son du à raison de 18.900 € par mois soit sur une durée de près de quatre ans. Au 19 juin dernier, le créancier avait déjà remboursé 115.000 €, indiquait André Mammessier. Il restait donc 770.000 € à recouvrer. 300.000 € pourraient rapidement être trouvés grâce à l’intervention d’un investisseur auprès de l’abatteur, indiquait l’élu. Pour l’heure, le créancier qui est surveillé de près par les responsables du marché, paie ce qu’il doit. « Chaque semaine, il est tenu d’apporter une somme d’argent avant de choisir ses animaux et il achète selon ce qu’il apporte », précise le président de la communauté de communes. « Je pense que nous avons évité la catastrophe. Cette affaire nous a montré les failles du système. Désormais, ce n’est plus le directeur qui assume seul la responsabilité du marché. Pour éviter tout dérapage, ce sont désormais trois responsables. Nous avons resserré les boulons à bloc. Toutes les cautions ont été revérifiées par un juriste. Nous voulons que le marché de gré à gré devienne tout aussi transparent que le cadran et que la sécurité soit totale », confiait André Mammessier.
Reprise en main du gré à gré
Le marché de gré à gré concentrera toute l’attention de la SAEM en 2014. « Nous allons reprendre en main le marché traditionnel et lui remettre de la discipline. Il faut que tout le monde y mette du sien, sinon on l’arrête », annonçait sans détour le président de la SAEM Jean-François Péguet. Echaudés par les affaires évoquées plus haut et agacés par quelques pratiques anarchiques faisant que le marché se retrouve à garantir des animaux absents du foirail, les responsables de la SAEM veulent installer un dispositif d’identification des animaux présentés. Un couloir de contention permettant le contrôle des médailles et la pose d’un macaron par animal serait créé, indiquait le directeur technique Antoine Gronfier.
Ces aménagements complèteront les efforts réalisés sur le marché en 2013 avec, notamment, la modification des modalités de déchargement et de passage des animaux.
Premier en catégorie gros bovins maigres
Exception faite de l’incident évoqué plus haut, l’exercice 2013 aura été satisfaisant sur le plan financier. En dehors de la dette exposée ci-dessus, les comptes de la SAEM sont bons. Le chiffre d’affaires est en hausse de +1 % à 1.268.408 €. Avec 60.000 têtes, le marché de Saint-Christophe enregistre cependant une baisse de -5 % du nombre d’animaux vendus. Cette érosion est toutefois conforme à la tendance nationale, précisait Antoine Gronfier. Sur le cadran (49.500 animaux présentés), la catégorie vaches maigres vient en tête avec plus de 13.000 bêtes ; une fierté pour le marché de Saint-Christophe. La situation demeure plus difficile en broutards (10.500 animaux). En cause, l’érosion du marché italien et le fait que « le broutard n’est pas le fer de lance de Saint-Christophe », regrettait Antoine Gronfier. 10.700 bovins vendus au cadran le matin sont exportés vers l’Italie, l’Espagne, l’Allemagne, la Tunisie, la Belgique, l’Algérie.
A l’échelon national, le marché de Saint-Christophe conserve sa huitième place parmi ses 50 homologues. En bovins strictement, il est sur la troisième marche du podium derrière Bourg-en-Bresse et Châteaubriant. En bovins maigre, il est aussi troisième après Châteaubriant et Moulins-Engilbert. Seulement sixième dans la catégorie broutards, Saint-Christophe est désormais le premier dans la catégorie gros bovins maigres.
Autres chiffres qui font la spécificité de Saint-Christophe : le site a accueilli pas moins de 7.800 visiteurs en 2013. Les groupes - écoles, autocaristes - sont de plus en plus nombreux, confiait le responsable de l’antenne touristique du marché. Depuis l’an dernier, les bénévoles animent une dégustation de viande charolaise. Une façon supplémentaire de promouvoir aussi la remarquable région d’élevage qu’est le Brionnais.
Fin 2013, contraints de désobéir à leur supérieur hiérarchique, des salariés du marché avaient fini par alerter directement les responsables de la SAEM sur le creusement préoccupant d’une créance due au marché de Saint-Christophe. Depuis quelques temps en effet, le directeur du marché aurait autorisé un acheteur abatteur à déroger à l’une des règles de base de la nouvelle sécurité de paiement.
Introduite en même temps que la vente au cadran du maigre en 2009, la garantie de paiement avait été étendue au marché de gré à gré en 2011. Cette innovation sur les marchés traditionnels faisait suite à la liquidation judiciaire d’un important acheteur de Saint-Christophe. Les responsables du marché avaient alors voulu réagir en sécurisant aussi la vente de gras. Jouant le rôle de prestataire, la SAEM assure la gestion administrative du dispositif. Sans intervenir dans les transactions, ni être propriétaire des animaux, elle effectue cependant le paiement anticipé aux vendeurs et se charge ensuite du recouvrement auprès des acheteurs. Ce nouveau dispositif impose aux acheteurs le versement préalable d’une caution à la SAEM, montant d’achat qu’il leur est interdit de dépasser. Or, courant 2013, l’un des acheteurs du marché de gré à gré est allé bien au-delà de la caution déposée. Alors que cet abatteur de l’Isère n’était plus en mesure de payer, le directeur l’aurait autorisé à poursuivre ses achats d’animaux et c’est donc le marché qui a continué d’avancer l’argent. La créance s’est ainsi creusée de semaine en semaine pour atteindre le chiffre de 1.085.000 €… soit 885.000 € de plus que le montant de la caution. C’est cette somme que devait l’abatteur à la SAEM au moment où l’affaire fut révélée.
Une créance de plus d’un millions d’€
Cet épisode a été une véritable douche froide pour les responsables du marché. Après être parvenus à remonter de 30.000 à 60.000 bovins par an grâce au succès du nouveau cadran et avoir réussi à redynamiser le marché de gré à gré en inventant une garantie de paiement, cette affaire a secoué les élus en charge de la SAEM. Détenant à elle seule 89 % des parts de la société, la communauté de communes du canton de Semur-en-Brionnais a pris le dossier à bras le corps.
Aidés d’un avocat et après avoir prix maints renseignements sur le créancier, la communauté de communes et la SAEM ont préféré opter pour un remboursement de la dette suivant un échéancier. Au préalable, l’abatteur « a signé une reconnaissance de dette sur ses biens personnels », expliquait le président de la communauté de communes, André Mammessier. Laissé libre de poursuivre son activité, l’abatteur rhône-alpin est tenu de rembourser son du à raison de 18.900 € par mois soit sur une durée de près de quatre ans. Au 19 juin dernier, le créancier avait déjà remboursé 115.000 €, indiquait André Mammessier. Il restait donc 770.000 € à recouvrer. 300.000 € pourraient rapidement être trouvés grâce à l’intervention d’un investisseur auprès de l’abatteur, indiquait l’élu. Pour l’heure, le créancier qui est surveillé de près par les responsables du marché, paie ce qu’il doit. « Chaque semaine, il est tenu d’apporter une somme d’argent avant de choisir ses animaux et il achète selon ce qu’il apporte », précise le président de la communauté de communes. « Je pense que nous avons évité la catastrophe. Cette affaire nous a montré les failles du système. Désormais, ce n’est plus le directeur qui assume seul la responsabilité du marché. Pour éviter tout dérapage, ce sont désormais trois responsables. Nous avons resserré les boulons à bloc. Toutes les cautions ont été revérifiées par un juriste. Nous voulons que le marché de gré à gré devienne tout aussi transparent que le cadran et que la sécurité soit totale », confiait André Mammessier.
Reprise en main du gré à gré
Le marché de gré à gré concentrera toute l’attention de la SAEM en 2014. « Nous allons reprendre en main le marché traditionnel et lui remettre de la discipline. Il faut que tout le monde y mette du sien, sinon on l’arrête », annonçait sans détour le président de la SAEM Jean-François Péguet. Echaudés par les affaires évoquées plus haut et agacés par quelques pratiques anarchiques faisant que le marché se retrouve à garantir des animaux absents du foirail, les responsables de la SAEM veulent installer un dispositif d’identification des animaux présentés. Un couloir de contention permettant le contrôle des médailles et la pose d’un macaron par animal serait créé, indiquait le directeur technique Antoine Gronfier.
Ces aménagements complèteront les efforts réalisés sur le marché en 2013 avec, notamment, la modification des modalités de déchargement et de passage des animaux.
Premier en catégorie gros bovins maigres
Exception faite de l’incident évoqué plus haut, l’exercice 2013 aura été satisfaisant sur le plan financier. En dehors de la dette exposée ci-dessus, les comptes de la SAEM sont bons. Le chiffre d’affaires est en hausse de +1 % à 1.268.408 €. Avec 60.000 têtes, le marché de Saint-Christophe enregistre cependant une baisse de -5 % du nombre d’animaux vendus. Cette érosion est toutefois conforme à la tendance nationale, précisait Antoine Gronfier. Sur le cadran (49.500 animaux présentés), la catégorie vaches maigres vient en tête avec plus de 13.000 bêtes ; une fierté pour le marché de Saint-Christophe. La situation demeure plus difficile en broutards (10.500 animaux). En cause, l’érosion du marché italien et le fait que « le broutard n’est pas le fer de lance de Saint-Christophe », regrettait Antoine Gronfier. 10.700 bovins vendus au cadran le matin sont exportés vers l’Italie, l’Espagne, l’Allemagne, la Tunisie, la Belgique, l’Algérie.
A l’échelon national, le marché de Saint-Christophe conserve sa huitième place parmi ses 50 homologues. En bovins strictement, il est sur la troisième marche du podium derrière Bourg-en-Bresse et Châteaubriant. En bovins maigre, il est aussi troisième après Châteaubriant et Moulins-Engilbert. Seulement sixième dans la catégorie broutards, Saint-Christophe est désormais le premier dans la catégorie gros bovins maigres.
Autres chiffres qui font la spécificité de Saint-Christophe : le site a accueilli pas moins de 7.800 visiteurs en 2013. Les groupes - écoles, autocaristes - sont de plus en plus nombreux, confiait le responsable de l’antenne touristique du marché. Depuis l’an dernier, les bénévoles animent une dégustation de viande charolaise. Une façon supplémentaire de promouvoir aussi la remarquable région d’élevage qu’est le Brionnais.