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Observatoire de la santé

Observatoire de la santé des dirigeants agricoles de Saône-et-Loire : Tout n’est pas négatif, au contraire...

A l’occasion de la session chambre d’Agriculture qui s’est tenue le 12 septembre dernier à Jalogny, le troisième Observatoire de la santé des dirigeants agricoles en Saône-et-Loire a livré de nouveaux éléments permettant de mieux comprendre le « moral » des agriculteurs afin de les aider s’ils le souhaitent.

Par Publié par Cédric Michelin
Observatoire de la santé des dirigeants agricoles de Saône-et-Loire : Tout n’est pas négatif, au contraire...

« Il y a forcément un lien étroit avec la conjoncture économique difficile mais les chiffres qui vont vous être présentés confirment certaines convictions. Tout n’est pas négatif, il y a des perspectives à creuser, du travail à engager », introduisait Bernard Lacour, président de la chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire avant de laisser la parole à Olivier Torrès. Ce professeur à l’Université de Montpellier creuse inlassablement le sujet de la santé des dirigeants « indépendants », notamment des PME. « En France, 90 % des entreprises sont des PME et pourtant les politiques économiques sont définies par des théories sur les grands groupes industriels. Les économistes regardent les artisans, commerçants, agriculteurs… avec de grands yeux ouverts de bovins béats, alors que l’invention du café gourmand à rapporter plus à la France que le concorde », taclait-il avec son accent du sud. Engagé sous la précédente mandature de Christian Decerle, cet observatoire de la santé du dirigeant agricole fut une première en France, riche d’enseignements.

Deux tiers en bonne santé

Premier constat, les chefs d’exploitation agricole sont de « gros travailleurs », comme nombre d’autres indépendants. Pour comparer ce fait, il faut forcément un point de repère qui est celui du temps de travail hebdomadaire des salariés qui est lui de 39,1 h en moyenne, « et non 35 h », rappelait-il, cachant de larges écarts (temps partiels…). Après ce préalable, le fondateur de la société Amarok passait à l’observatoire de la « santé mentale » qui n’a rien d’une maladie ici. D’ailleurs, deux tiers des agriculteurs sondés du département sont en « bonne santé » moralement. Il attirait néanmoins l’attention sur le facteur sommeil qui est essentiel et biologiquement nécessaire pour bien se reposer. « Hommes comme femmes, vous en faites une variable d’ajustement de votre travail, avec une moyenne de 6h20 par nuit en moyenne. Petits ou gros dormeurs, cela fini par provoquer une dette qui a un impact sur votre santé générale », mentale et physique. Il invitait chacun à faire attention à ses 7-8h minimum de sommeil et/ou de faire des siestes réparatrices pour être plus productifs et afin de « "mieux" prendre les mauvaises nouvelles » dans le travail ou en dehors. « Ce n’est pas une perte de temps au contraire », insistait-il, surtout face à la somnolence ou risque de "mauvaises" décisions.

Proactifs ou plutôt proactives !

L’universitaire a aussi inventé un indicateur « d’orientation entrepreneuriale », qui en somme, permet de savoir si le chef d’entreprise accepte ses responsabilités. « Être prêt à prendre des risques, prendre des coups, innover, expérimenter, changer son quotidien, ne pas subir son environnement… bref, être proactif », expliquait-il par exemples. Et là, surprise avec ces critères : pas vraiment pour près de la moitié des sondés ! Ayant besoin de creuser ce point, Olivier Torrès dressait plutôt le profil type du « proactif » bien dans ses bottes. Et cette force semble d’abord « féminine ». Il faut dire que celles qui ont choisi d’être agricultrices savent à quoi s’attendre en embrassant ce rude métier et ont intégré, plus réfléchis et appris à « se battre plus » dans ce milieu majoritairement masculin. Autre particularité, l’âge. « Les jeunes ont l’énergie ou l’inconscience », c’est selon. Autre critère évalué, les « créateurs » d’entreprise sont plus proactifs que les « repreneurs ». Ce qui vaut aussi pour les agriculteurs « bien entourés » par des collègues et/ou famille. « C’est une sorte de filet de sécurité donnant du courage ». Enfin, encore à confirmer, ceux en agriculture biologique ou ayant l’intention d’être labélisé AB seraient plus « proactifs ». Attention, ce qui ne veut pas dire que les "conventionnels, hommes, âgés, repreneurs" ne le sont pas, mais moins en moyenne.
Car il y a d’autres critères tout aussi importants mais qui ne se mesurent pas facilement : la passion, le système D face aux difficultés, l’empathie, la résilience…
Derrière se cache finalement des « questions existentielles » : « suis-je satisfait de ma vie ? correspond-elle à mes idéaux ? ». Bon point, une large majorité des sondés répond oui. L’espoir et l’espérance sont donc toujours là.