Observatoire de la santé des dirigeants agricoles de Saône-et-Loire : Un tiers des sondés en risque de burnout
A l’occasion de la session chambre d’Agriculture qui s’est tenue le 12 septembre dernier à Jalogny, le troisième Observatoire de la santé des dirigeants agricoles en Saône-et-Loire a livré de nouveaux éléments permettant de mieux comprendre le « moral » des agriculteurs afin de les aider s’ils le souhaitent.

Olivier Torrès attirait l’attention qu’un tiers des agriculteurs sondés en Saône-et-Loire présente un risque de burnout, qualifiant l’épuisement professionnel. Risque seulement, ce qui ne veut pas dire qu’ils sont forcément « épuisés » mais qu’ils tendent vers. « D’où l’importance de la main tendue » vers l’autre, que ce soit à titre individuel ou via les dispositifs mis en place par la profession (AgriEcoute, AgriSolidarité…).
Le premier symptôme qui doit alerter est une fatigue qui ne passe pas. Souvent associé à un sentiment de déception, « y compris des décisions politiques » lointaines. Une lassitude aussi, avec le fameux « j’en ai marre », qui aurait tendance à augmenter avec l’âge. Même si ce n’était pas forcément mieux avant. « Le jeune a l’espoir mais après il y a aussi l’espérance ». A l’inverse le désespoir, forme plus grave d’une « vision très négative du futur », a été mesurée chez 15% des sondés.
Auto-diagnostic facile
Psychologue chez Amarok, Laure Chanselme présentait la nouvelle solution mise en place depuis septembre 2018 pour aider ces personnes en souffrance. Deux questionnaires en ligne permettent très rapidement à chacun de faire un premier « auto-diagnostic ». Dix questions autour du burnout et dix de plus pour repérer un risque de désespoir. Si les deux donnent la possibilité d’appeler dans la foulée le service Agriécoute de la MSA (09.69.39.29.19 ; 7j/7 et 24h/24) ou le numéro vert d’Amarok (0800.501.201), Laure Chanselme constate que les « entrepreneurs préfèrent qu’on les appelle plutôt ». N’appelant donc pas directement « à l’aide », l’intérêt du formulaire en ligne permet de récupérer les coordonnées de façon anonyme. Sans rien dévoiler de personnel sur les 8 personnes déjà aider, il s’agit d’hommes, âgés de 54 ans - dont sept ont des difficultés personnelles, quatre des difficultés financières, deux des difficultés dans l’entreprise, deux encore des difficultés avec leur banque… et un ne comprenant pas son score. Par filière, quatre sont en élevage bovin, deux en viticulture et deux en agriculture sans plus de précision.
Côté solutions, la psychologue propose son écoute pour d’abord « parler sans juger, comprendre, mettre des mots (sur les difficultés) pour "évacuer" » une partie de la tension et commencer des exercices simples « pour aller mieux », permettant d’apprendre à « se reposer et à retrouver le sommeil » notamment. Olivier Torrès précisait qu’il « ne s’agit pas ici de médicaliser ou de psychiatrie (maladies) mais de faire preuve de bienveillance ». Ce que tout à chacun peut faire pour soi ou ses proches d'ailleurs, sous de multiples formes (entraide, religions, méditation, sports, livres…).
Des questions à partager
La sénatrice et médecin de formation, Marie Mercier saluait ce travail et encore plus celui des agriculteurs et agricultrices « qui se battent » face aux difficultés, prenant justement sa part de "responsabilité" en tant qu’élue : « si vous viviez de votre travail, tout irait mieux ». L’élu chambre d’Agriculture, Bernard Moreau nuançait, ne voulant pas tout focaliser autour de l’argent. « Vous nous dites que le métier d’expert comptable est plus à risque de burnout que l’agriculteur donc le revenu ne fait pas le bonheur, mais quand on n’en a pas si, c'est difficile ». Autre élu à prendre la parole, Stéphane Convert témoignait « n’avoir pas pu prendre de vacances depuis deux et être obligé de faire sa maçonnerie, sa plomberie… Sans vouloir pleurnicher, j’invite mes enfants à se poser la question du "prix" à payer s’ils veulent faire ce métier », ce qui visiblement l’interroge également… pour leur bien, bien-être et bien-vivre. Des questions qui ne trouveront réponses qu’en les partageant ensemble au maximum.