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Ecophyto

Observer, tester, comprendre, agir...

La dernière réunion du Comité régional d'orientation et de suivi
Ecophyto (CROS), s'est déroulée à la Ferme de Tart le Bas, site de
l'exploitation du lycée agricole de Quétigny. Un tour de parcelles et
une présentation des orientations des deux fermes de la région engagées
dans la démarche (La Brosse-Venois dans l'Yonne et Quetigny-Tart le Bas
en Côte d'Or) ont permis d'évaluer concrètement les apports d'Ecophyto.
Par Publié par Cédric Michelin
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Tout a commencé en 2008, avec le lancement du plan Ecophyto 2018. Un an après les fermes des lycées agricoles étaient impliquées dans la dynamique Ecophyto, afin de jouer un rôle moteur dans la généralisation des itinéraires techniques et des systèmes de culture innovants. Maillons essentiels d'un dispositif vertueux, les fermes de lycées agricoles se sont trouvées investies de deux missions : d'une part tester et valider des hypothèses agronomiques qui favorisent la réduction des produits phytosanitaires, d'autre part, sensibiliser et former les jeunes en formation dont certains seront les agriculteurs de demain.


Une évolution favorable plutôt qu'une contrainte



En 2014, le plan Ecophyto n'affiche plus d'horizon chiffré, la référence à 2018 a disparu, la raison a prévalu, qui oblige à tenir compte de la disparité des situations et des systèmes. Chacun avance à son rythme, même si tous les acteurs engagés dans la démarche partagent les mêmes objectifs. Toutefois, la communication semble payer et Eric Bertrand, professionnel en charge des grandes cultures à la Chambre régionale d'agriculture et président de la Chambre d'agriculture 58, remarque que "Ecophyto commence à être considéré comme une évolution plus que comme une contrainte. La prise de conscience commence à se faire sur le terrain et de plus en plus d'agriculteurs comprennent que la chimie n'est plus le seul moyen de faire du revenu"'. Dans les fermes des lycées agricoles où la contrainte économique est forte du fait du nombre de salariés, on avance "pas à pas" mais sûrement. Lionel Raynard, directeur de la ferme du lycée agricole de Quetigny, qui accueillait le dernier Comité régional d'orientation et de suivi Ecophyto (CROS), témoigne qu'en matière de systèmes innovants "on en apprend un peu plus chaque jour". On peut même "tolérer des pertes de rendement", l'essentiel étant de mettre en place des systèmes "rentables et praticables", évalués à l'aune d'une gestion pluriannuelle et qui s'intègrent dans la réalité agricole du territoire, en termes de cultures comme de sols. Et même si rien n'est reproductible en l'état à l'échelle d'une autre exploitation, les enseignements de la démarche sont précieux et ouvrent la voie à de nouvelles pratiques tout en invitant à réfléchir autrement.


Une démarche systémique



Les exploitations engagées dans Ecophyto sont représentatives de la diversité de l'agriculture française, avec une grande variété de sols et de productions, comme entre la ferme de La Brosse-Venois et celle de Tart le Bas. Les solutions et les réponses seront donc tout aussi différentes quant aux itinéraires choisis pour limiter la consommation de phytos et plus globalement d'intrants. Mais les contraintes économiques restent les mêmes et partout la démarche systémique s'impose, car les stratégies d'innovation ne peuvent se concevoir sans prendre en compte l'ensemble du système d'exploitation.
A la ferme de Tart le Bas on a joué la complémentarité entre l'atelier bovins allaitants et l'atelier grandes cultures : les rotations ont été diversifiées, la part des légumineuses a été augmentée, la luzerne a été introduite, ainsi que des éléments de paysages et des stratégies de contrôle des bio-ravageurs... Deux principaux systèmes de cultures sont menés de front, l'un à - 30%, l'autre à -50%. Un troisième système en développement à Tart le Bas concerne la production bio.
A la ferme de La Brosse Venois, deux systèmes de cultures sont aussi évalués et la réflexion agronomique vise la réduction des intrants (-30 et - 50%) en jouant sur les variétés, les dates de semis, le contrôle des adventices, le désherbage mécanique. Les élèves sont en prise directe avec le terrain pour mesurer et évaluer les performances agronomiques et économiques enregistrées.
Reste ensuite à mettre les données recueillies et les stratégies évaluées à la portée du plus grand nombre. Pour Vincent Lavier, président de la Chambre d'agriculture 21, "c'est la mission des Chambres que de communiquer sur les nouveaux outils qui améliorent la performance des systèmes". Mais raisonner autrement cela suppose d'intégrer une part de complexité dans les systèmes, l'innovation et l'économie d'intrants sont à ce prix. D'où aussi l'importance "de la formation tout au long de la vie professionnelle, car la formation permet de faire passer des messages" a rappelé Jean-Roch Gaillet, directeur de la DRAAF, qui assure aussi le rectorat pour les établissements d'enseignements agricoles bourguignons.



Ecophyto c'est quoi ?



Lancé en 2008, le plan Ecophyto vise à réduire l'utilisation des produits phytosanitaires, en conciliant une agriculture économiquement et écologiquement performante. Renforcé et rénové, le plan va connaître de nouvelles orientations, mais le fond demeure et le plan continue de mobiliser une grande diversité d'acteurs sur le territoire.
Ecophyto s'appuie sur :
- des outils, comme le bulletin de santé du végétal, qui alerte sur l'arrivée des parasites et aide les agriculteurs à ajuster les traitements et les interventions ; la formation Certiphyto pour réduire et sécuriser l'usage des produits phytosanitaires ; un portail de protection et de suivi intégré des cultures, rassemblant toutes les méthodes de lutte contre les parasites, Ecophytopic ;
- le réseau Dephy, des fermes pilotes où les agriculteurs parlent aux agriculteurs. Des fermes qui expérimentent des systèmes de cultures plus économes en produits phytosanitaires pour partager et mutualiser les bonnes pratiques.



Ecophyto c'est qui ?



Le plan d'action régional Ecophyto bénéficie d'un pilotage collégiale, au sein du Comité régional d'orientation et de suivi du plan Ecophyto (CROS,) présidé par le Préfet de Région et dont la coordination et l'animation sont placées sous la responsabilité de la Direction régionale de l'Agriculture, de l'alimentation et de la forêt, en lien avec la Chambre régionale d'agriculture. Le CROS définit les orientations du plan régional, il comprend des représentants de l'ensemble des partenaires concernés : Etat, profession agricole, autres utilisateurs publics et privés de produits phytosanitaires, collectivités territoriales et ONG.


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