Offensive contre les sangliers à la Fédération départementale des chasseurs de Saône-et-Loire
Pas de chasse aux œufs de Pâques en ce samedi 20 avril pour la Fédération de la chasse de Saône-et-Loire qui tenait plutôt son assemblée générale à Montceau-les-Mines. La première pour Evelyne Guillon en tant que présidente. Reconnaissant « le problème du sanglier », les chasseurs veulent mener « une politique très offensive » pour le régler. Le spectre de la peste porcine africaine (PPA) menace.

Certains craignaient un feu croisé nourri suite à la « révocation » de Jacques Pelus - voté par dix administrateurs (et une abstention) sur treize au bureau de la Fédération - mais il n’en fut rien et Evelyne Guillon, la nouvelle présidente, a préféré rassurer tous les chasseurs que leur Fédération « fonctionne parfaitement bien ». Le nouveau directeur, Vincent Augagneur était d’ailleurs officiellement confirmé dans ses fonctions. Sa période d’essai s’étant terminée le 15 avril. Tous les administrateurs sortent d’une période chargée : 26 réunion Grands gibiers, 16 sur les chevreuils, 2 journées cervidés… L’activité n’a pas manqué ces derniers mois et les quatorze salariés étaient chaleureusement remercier par la centaine de chasseurs présents.
Cinq unité de gestion à problèmes
La présidente Evelyne Guillon abordait immédiatement le « problème du sanglier » en Saône-et-Loire, reconnaissant que « cinq Unités de gestion (UG) sont identifiées en alerte rouge et même noire » (UG 2, 4, 10, 12 et 15) là où les montants dépassent les 100 € aux 100 hectares.
Pour résoudre ces « problèmes », la présidente annonçait une « politique très offensive » pour ces UG. « Nous n’avons aucun pouvoir avant cette date hormis l’accord que nous pouvons donner à l’Administration sur des battues administratives. Mais dès le 1er juin prochain, tous les élus et salariés de ces secteurs seront mobilisés ! »
La FDC71 entend pour se faire activer plusieurs leviers. Cinq principalement. Premièrement, les tirs d’été ou à l’affut aux abords des cultures « sensibles » avec convention tripartite entre l’agriculteur, le responsable de territoire et la Fédération. Ainsi, l’agriculteur devra prévenir le responsable de chasse de la présence de sangliers aux abords de ses cultures. Ce responsable devra s’engager à déléguer le soir même et les jours suivants si nécessaire, un tir à l’affût. La FDC sera tenue au courant des résultats et assurera la communication entre les parties. Deuxième levier, les estimateurs. Ces derniers seront de nouveaux sollicités pour être accompagnés par le responsable dégâts sur les parcelles endommagées et participer aux réunions. « Cela se fait sur la plupart des UG mais certains refusent encore. Il n’y a pas d’obligations réglementaires en la matière. Si le refus persiste, nous aviserons », mettait en garde la présidente. Troisième levier, des battues collectives qui seraient organisées par la FDC « dès l’ouverture si nécessaire ». Egalement des battues de décantonnement organisées par le lieutenant de louveterie local sur des territoires non ou pas chassés avec des chasseurs limitrophes postés autour du territoire identifié. Enfin, cinquième levier, un système de malus ou de non mutualisation des dégâts – à réfléchir – « pour les territoires qui refusent de faire baisser leur population et qui sanctionnent ainsi toute l’unité de gestion ».
700.000 € de dégâts prévus en 2019
« Je m’engage à utiliser tous les moyens en ma possession pour faire baisser ces populations de sangliers, là où nous sommes en alerte rouge, et ramener par conséquent notre compte dégâts à des montants acceptables », concluait sur le sujet Evelyne Guillon. Il faut dire que le montant des dégâts 2018/2019 (clôt le 30 juin prochain) devrait s’établir à près de 700.000 €.
Lors de la présentation des comptes de la Fédération, ce montant était inscrit pour être budgété pour 2019. « Nos réserves s’amenuisent du fait de l’augmentation des dégâts », tirait-elle la sonnette d’alarme. Et avec la réforme de la chasse, « impactant le budget prévisionnel », la Fédération n’a plus de visibilité et anticipe déjà une assemblée général extraordinaire d’ici fin juin pour se mettre en conformité avec les textes de loi à paraître.
Le trésorier, Gérard Guyot et le référent sangliers, Stéphane Camus présentait deux méthodes de calcul pour la contribution territorial et le nouveau tarif pour le dispositif de marquage pour le sanglier. Après avoir détaillé les deux méthodes, Stéphane Camus résumait ainsi leurs philosophies : « dans la première méthode, il n’y a pas de contribution pour les UG "positives". Dans la deuxième, toutes les UG paieront un peu pour plus de mutualisation ». C’est cette dernière qui l’emportait au moment des votes. Ce qui faisait réagir un chasseur dans la salle qui craint qu’une fois encore « les bons élèves paient pour les mauvais qui ne font rien ».
Peste porcine et leptospirose
Pour la FDSEA et la chambre d’Agriculture, Luc Jeannin appelait donc à « continué le travail sur les prélèvements » des sangliers, rappelant que « dans leur grande majorité, les agriculteurs et les chasseurs font bien leur travail et qu’il nous faut avancer ensemble dans l’intérêt général de nos territoires », puisqu’agriculture et chasse sont autant vilipendées par de plus en plus de détracteurs. Le préfet, Jérôme Gutton rappelait les bienfiats « écologiques, sociales… » qu’apporte la gestion cynégétique. Il insistait néanmoins sur les conséquences des dégâts de sangliers qui ne sont pas qu’économiques mais affectent aussi le moral des agriculteurs. Sans oublier, la gestion sanitaire avec la « menace PPA qui n’est pas à prendre à la légère », comme l’avait démontré la présentation détaillée de la maladie, qui se situe aux portes (Nord) de la France.
Ce qui amenait une question d’Hubert Burtin, ex-président des négociants en bestiaux et chasseur à Vendenesse-lès-Charolles, sur les ragondins et la leptospirose « transmise par ses rats » provoquant des avortements en bovins. Evelyne Guillon donnait alors la parole à Jean-Paul Voisin, président des piégeurs agréés de Saône-et-Loire, reconnaissait que « leur densité monte de partout ». Il espère obtenir des aides du Conseil départemental - à 2€ par queue - pour prélever quelques 15.000 individus annuel, soit 30.000 € à trouver...