Accès au contenu
Tribune libre

On ne le dira jamais assez : l’Agriculture est une chance pour la France, mais à condition que les agriculteurs en tirent un revenu et cessent d’être dénigrés

Luc Smessaert, vice-président de la FNSEA, se livre ici à un vibrant plaidoyer en faveur de l’Agriculture française et de la chance qu’elle représente pour notre pays. Si tant est que nos élus le veuillent…

On ne le dira jamais assez : l’Agriculture est une chance pour la France, mais à condition que les agriculteurs en tirent un revenu et cessent d’être dénigrés

Le printemps est la saison où tout pousse, y compris de nombreux ouvrages et autres documentaires sur les meilleures méthodes pour pratiquer l’activité agricole. Je devrais d’ailleurs dire la meilleure méthode !

A longueur de lignes ou d’enregistrements, on explique aux paysans le bon et le mauvais, le faire bien et le faire mal.

A défaut d’une vérité toute faite, il est temps de rappeler à nos concitoyens, une réalité bien ancrée : il n’y a pas un modèle agricole en France, une référence unique pour toutes les régions et toutes les productions. C’est là un mythe !

Il existe en revanche une multitude de modèles, certains disent même plus de mille modèles en référence aux plus de mille fromages produits dans notre pays. Cette diversité, c’est la force et l’honneur de nos modèles agricoles.

L’agriacting plutôt que l’agribashing !

A ce stade, il semble utile de rappeler que le rôle de l’Agriculture française est de nourrir bon et bien. Sortons des discussions de salons et affirmons qu’à chaque modèle correspond son marché, qu’il s’agisse de la restauration hors domicile, de l’export, des repas quotidiens, des achats plaisir… Chaque jour, les paysans produisent de la qualité et assurent une parfaite sécurité sanitaire.

Sillonnant les départements, je perçois partout les inquiétudes des agriculteurs qui servent de boucs émissaires - dans un agribashing lancinant - aux critiques récurrentes de quelques uns. Ceux-là, une minorité influente, faisant leur beurre à bon compte sur le dos du monde agricole. Attention, je ne dis pas que tout est parfait et qu’il n’y aurait plus d’efforts à faire chez nous, mais affirmons avec force que ceux déjà réalisés doivent être reconnus, respectés et valorisés ! Et cela doit se faire y compris au travers des prix pour qu’ils en encouragent d’autres.

Si l’agribashing est une complainte, l’agriacting est la force de notre quotidien.

De nouveaux horizons…

Le bio-contrôle est en plein essor, la rotation des cultures est un fait, les cultures sans labour se développent, les couverts végétaux se multiplient, la robotique et le numérique ouvrent de nouveaux horizons.

A force d’inventer des concepts, on en oublie les réalités de chaque exploitation. A la FNSEA, avec un esprit réformiste assumé, nous proposons des solutions.

Ainsi, sur le sujet des phytosanitaires, avec 35 partenaires de tous horizons, nous avons avancé un Contrat de solutions pour une trajectoire de progrès pour la protection des plantes. Il repose sur 300 solutions techniques, disponibles ou en préparation, pour réduire l’impact de ces produits. Quelle avancée collective !

A ce stade, nous tendons la main à tous, Etat et ONG, pour rendre ce Contrat de solutions le plus efficient possible. Notre ambition est bien d’inscrire ce contrat dans la durée, car nous préférons les faits et les possibilités aux idéologies ou aux mises à l’index.

Avancer ensemble

La transformation est engagée. Et les agriculteurs s’adapteront comme ils ont toujours su le faire mais à condition que les prix se tiennent et que les revenus suivent.

L’agriculture biologique est une avancée, l’agriculture urbaine est une idée qui se développe, la permaculture intéresse… Ce sont là autant de modèles qui viennent enrichir la Ferme France.

Néanmoins, n’oublions pas que l’Agriculture classique nourrit les Français en quantité et en qualité. Les labels et les nombreux signes de qualité et d’origine dont la France est le berceau sont là pour nous rappeler que nous sommes le pays de la bonne chère dont la gastronomie est reconnue au Patrimoine mondial par l’Unesco.

Sans chimère, sans veau d’or nouveau, reconnaissons tous les modèles et faisons-les cohabiter intelligemment, et avancer ensemble !

Et que dire dès lors des efforts des éleveurs sur le bien-être animal ! Prise de conscience, recherche, formation, nouvelles pratiques : les éleveurs ont réalisé de vrais changements reconnus par tous dans leurs élevages pour améliorer le quotidien de leurs animaux.

Nous avons inventé le "en même temps" depuis longtemps. En l’occurrence, produire en respectant - en même temps - l’environnement, nourrir en respectant - en même temps - les gens, chercher pour l’avenir tout en faisant - en même temps - de la qualité au présent !

La France est un grand et beau pays agricole capable de relever nombre de défis, mais ses agriculteurs ont besoin de confiance pour que cette diversité si nécessaire perdure.

Nous plantons des haies, des bandes enherbées au bord des cours d’eau, nous fauchons en effrayant les couvées, nous réalisons des jachères fleuries… Partout, nous ne cessons de faire le maximum pour protéger faune et flore. Et cela donne de vrais résultats.

La diversité agricole ne se décrète pas, elle se vit, elle se construit dans les règles et dans le temps. Respectée par les acteurs de la chaîne alimentaire, garantie par l’Etat et reconnue par les consommateurs, ce peut être une chance pour la France. Si tant est que nos élus le veuille en plus haut lieu…