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Réduction des pollutions phytos

« On part de loin mais on y arrive ! »

Vendredi 5 septembre au lycée viticole de Davayé avait lieu la signature
du contrat portant sur la réduction des pollutions par les produits
phytosanitaires sur le vignoble de Saône-et-Loire. Le bassin versant de
la Petite Grosne va servir de test en 2014-2015. Si les résultats sont
concluants, le dispositif pourra être déployé à tous les autres sur la
période 2016-2020.
Par Publié par Cédric Michelin
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« On part de loin mais avec de la pédagogie, avec la sensibilisation des techniciens et des élus et avec le travail quotidien de tous, on y arrive ! », se réjouissait Robert Martin pour la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire. Il faut dire que les vignerons de Saône-et-Loire sont LES bons élèves en la matière en France et en Europe. 90 % des effluents sont traités et 30 % des phytos. « Cela reste encore à améliorer », encourageait-il. Et visiblement, tous les acteurs suivent. L’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse, le Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne, le ministère de l’Agriculture et la chambre d’agriculture ont signé ce contrat, le tout avec l’appui des services de l’Etat, représenté par le préfet, Fabien Sudry.
Un premier programme 2014-2015, constituera donc une phase de test qui va prendre place sur le bassin versant de la petite Grosne, dans l’ouest mâconnais. Ce qui correspond à un périmètre de 130 km2, pour quatorze communes mobilisées et 250 exploitations viticoles environ. A l’issue de cette étape, un bilan sera établi dans le but de préparer la phase de déploiement sur l’ensemble du département entre 2016 et 2020. « C’est un programme ambitieux », reconnaissait le vigneron de Davayé.

Moyens humains et financiers



Mathieu Oudot reprenait les grandes lignes du programme. « L’idée est de poursuivre les efforts faits par les viticulteurs pour améliorer la qualité de nos cours d’eau », expliquait le technicien en charge de ce programme à la chambre d’agriculture. Le contrat prévoit la mobilisation de moyens humains au travers d’une animation locale ainsi que financiers par le biais d’aides à l’investissement en matériels et équipements (aires de lavage/remplissage). Le plan d’actions se décline en quatre axes de travail principaux. Premier d’entre eux, le développement de plateformes de lavage des pulvérisateurs. « L’objectif est d’atteindre 50 % des phytos d’ici 2015. Il faut compter une soixantaine de pulvés rincés par aire de lavage ». A ce sujet, Sylvain Paturaux, le directeur de l’exploitation –Domaine des Poncétys- du lycée présentait leur projet qui se veut « simple, facile d’utilisation et nécessitant peu d’entretien ». Un exemple de réalisation concrète pour les élèves et une façon d’être toujours « précurseur » des orientations professionnelles à venir, anticipait le directeur de l’EPL, Laurent Gouttebaron. Les projets individuels pourront être financé à 60 % et jusqu'à 80 % du total pour les aires de lavage collectives.

Avoir les moyens de ne pas polluer



Deuxième axe du programme : les modifications des pratiques culturales. La bonne dose au bon moment au bon endroit. « La bonne dose pour l’environnement et pour faire des économies » soulignait Mathieu Oudot. Des aides seront débloquées pour permettre l’acquisition de matériel de pulvérisation de précision. Le conseil général de Saône-et-Loire ainsi que le conseil régional apportaient leurs soutiens. Jacques Rebillard appelait à encourager la recherche « pour donner aux viticulteurs les moyens de ne pas polluer », comme avec des stimulateurs de défense des végétaux, des auxiliaires de cultures ou l’encouragement à la conversion à l’Agriculture biologique. C’est d’ailleurs le troisième axe du plan. Président de la Commission technique du BIVB, Jean-Yves Bizot approuvait en témoignant du retour des « lièvres et escargots » dans ses vignes de Vosne-Romanée en l’espace de “seulement” 20 ans mais surtout symbolique de la « tendance de fond et du virage radical » en terme de prise de conscience de la profession –et de la société ensuite– sur la nécessaire réduction de l’utilisation des phytosanitaires. Il citait notamment l’exemple du dernier plan de lutte contre la cicadelle de la flavescence dorée, qui a permis de « réduire de 40 % les surfaces traitées » en 2014 par rapport à l’an dernier.

Ne pas relâcher les efforts



Enfin, dernier axe, la lutte contre les phénomènes d’érosion des sols. Le programme compte sensibiliser sur la pratique de l’enherbement, possible « grâce à un accompagnement individuel » si nécessaire, rajoutait Mathieu Oudot. Conseiller général, André Peulet motivait les troupes : « c’est valorisant et on retrouve les effets au-delà ». En effet, le directeur de l’Agence de l’eau RMC, Martin Guespereau, confirmait que « traiter l’eau coûte 2,5 fois plus cher que de “payer” les agriculteurs à adopter des bonnes pratiques ». Ce qui faisait dire au préfet, Fabien Sudry, en guise de mot de fin, « cette initiative mérite des encouragements. Il faut voir la vérité en face : on peut si il y a une volonté des acteurs du terrain. Le contrat est la bonne méthode car même si elle est nécessaire, l’approche réglementaire est insuffisante » pour réussir. Robert Martin invitait donc chacun à « ne pas relâcher les efforts » et poursuivre sur une nouvelle dynamique.