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Alimentation

Onze substances chimiques pointées du doigt

L’Anses vient de publier les résultats d’une vaste étude portant sur les substances chimiques « réellement » consommées via l’alimentation par les Français au cours de leur vie. 445 substances dont 283 pesticides ont été recherchées. Au final, onze substances, dont un insecticide, retiennent l’attention des experts.
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L’étude Alimentation totale 2 (EAT 2) publiée le 30 juin par l’Anses (Agence de sécurité sanitaire), conclut à un bon niveau général de maîtrise du risque sanitaire des aliments consommés par les Français. Cette vaste étude évalue l’exposition « réelle » de la population française vis-à-vis de 445 substances chimiques dont 283 pesticides en mesurant les quantités mangées par la population tout au long de l’année dans les conditions habituelles de consommation (produits épluchés ou non, cuits ou non, lavés…). C’est la plus vaste étude de ce type réalisée à ce jour dans le monde. A partir de 2006, les experts de l’Anses ont analysé 20.000 aliments appartenant à 210 familles de produits dans huit grandes régions. Les quantités de substances détectées ont été rapportées à la dose qu’un consommateur va manger au cours de sa vie. Résultat : 85 % des molécules recherchées ne présentent pas de risque. Les 15 % restant peuvent en présenter un pour certaines populations. Mais l’Agence pointe surtout onze substances qui méritent une vigilance renforcée.

73 pesticides détectés


C’est notamment le cas du cadmium, un métal lourd. Présent partout dans l’environnement, il est principalement apporté par les céréales (pain, farine..) et les pommes de terre. En effet un risque peut provenir d’aliments qui ne sont pas très contaminés mais consommés en grande quantité, comme c’est le cas de céréales. Autre substance qui alerte l’Anses : une mycotoxine, le déoxynivalénol, là encore véhiculée par les céréales. 5 % Elle présenterait un risque pour 5 % des enfants.
74 % des pesticides recherchés n’ont jamais été détectés. Parmi les 26 % restant, soit 73 substances actives, une a été identifiée comme pouvant présenter un risque : le diméthoate, un insecticide utilisé en viticulture, cultures fruitières et maraîchères. Dans l’étude, il a surtout été détecté sur des cerises. « Ce diméthoate est dangereux si on en consomme tout au long de l’année ce qui est rare avec des cerises », tempère Dominique Gomber, directeur de l’évaluation des risques à
l’Anses. « Pour les pesticides, les résultats confirment les données des plans de surveillance et de contrôle qui font apparaître un niveau de conformité supérieur à 95 % au regard des seuils réglementaires », note l’étude. Enfin un additif retient l’attention des experts, il s’agit des sulfites largement présents dans le vin.

Alimentation diversifiée


« Avec ce type d’étude on ne peut pas conclure qu’il y a de bons et de mauvais aliments. Tout est question d’exposition. La meilleure garantie de se protéger est d’avoir une alimentation diversifiée », analyse Marc Mortureux, directeur général de l’Anses. Cette étude doit désormais aider les pouvoirs publics à ajuster les seuils réglementaires des substances chimiques. Voire à en interdire certaines. Malgré le vaste champs exploré par ces recherches, certains aspects mériteraient d’être fouillés : les cas des perturbateurs endocriniens, les effets cocktail ou encore mener des recherches sur des substances détectées en quantité non négligeable et pour lesquels aucune réglementation n’existe.