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Opération Fermes ouvertes

Ouvrir ses portes aux consommateurs de demain

Initiées par la FNSEA en 1990, les Fermes ouvertes permettent aux élèves
de primaire de découvrir les productions agricoles sur les
exploitations de leur région. Faire tomber les clichés sur
l’agriculture, ouvrir le regard sur l’alimentation, l’opération a
d‘abord pour but la découverte, comme chez Véronique et Didier
Grandvillain où a eu lieu le lancement national le 12 mai dans
l’Eure-et-Loir, en présence des responsables départementaux et
nationaux.
Par Publié par Cédric Michelin
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Exploitants à Orgères-en-Beauce, dans l’Eure-et-Loir, Véronique et Didier Grandvillain ont reçu pour le 12 mai une classe de CM1-CM2 de l’école Saint-Sauveur de Bonneval. Installés sur cette ferme familiale depuis trois générations, ils cultivent 95 hectares de céréales destinées exclusivement à l’alimentation de leur élevage de volailles (poulets, pintades, volailles festives). Dans le réseau Fermes ouvertes depuis plus de 10 ans, le couple reçoit deux à trois classes par saison et s’étonne encore à chaque fois des réactions des enfants. Dans cet élevage pourtant modèle – aucun antibiotique, volailles élevées en plein air, pas d’engrais en dehors du fumier issu des volailles - les enfants sont surpris de trouver 2 500 poulets contenus dans le poulailler de 250 m2. « Ils doivent être serrés ! », s’exclame une élève. « On a beau être en milieu rural, les enfants ont une connaissance limitée du milieu agricole », commente l’institutrice qui les accompagne. Pour Véronique Grandvillain, c’est d’autant plus important de leur montrer « qu'il y a encore des volailles en liberté et de bonne qualité à la campagne aujourd’hui ». Une expérience concrète, « loin des tablettes auxquelles ils sont trop souvent accrochées », commente Jacqueline Cottier, présidente de la Commission nationale des agricultrices. La visite se veut en effet « plus qu’une simple balade », selon les mots de Luc Smessaert, vice-président de la FNSEA en charge de la communication, et doit permettre de familiariser davantage les élèves avec la biodiversité, l’élevage, mais également de les sensibiliser au gaspillage, thème de ces fermes ouvertes 2014. Grâce au partenariat de longue date entre la FNSEA et les Banques alimentaires, les élèves découvrent comment utiliser les produits que l’on ne peut plus vendre mais qui restent consommables. Aidés par la représentante des Banques alimentaires, ils préparent un gâteau à la carotte et un smoothie et apprennent ainsi comment éviter le gaspillage. « C’est bien plus parlant qu’une leçon en classe », explique en aparté l’institutrice pendant que les enfants épluchent et découpent les fruits et légumes avec une grande application.


Opération séduction ?



« On a l’habitude d’avoir le poulet dans l’assiette mais on ne savait pas comment c’était élevé ». A cet étonnement des enfants fait écho la remarque de Xavier Beulin qui déplore l’image souvent « nostalgique », « bucolique » à laquelle on associe l’agriculture. Derrière ces mots, il fustige avant tout l’image archaïque que les médias se plaisent souvent à véhiculer auprès du grand public, « alors que c’est un secteur moderne ! ». « On n’imagine pas l’importance de l’informatique embarquée, ou de la numérisation agricole », explique-t-il. Un secteur d’avenir, comme aime à le répéter le président de la FNSEA, mais le discours pourrait cette fois avoir une portée un peu différente et devant les élèves, encourager des vocations : « Il y en a peut-être parmi vous qui veulent être agriculteurs, et bien moi je vous dis allez-y ! », ajoute Xavier Beulin avec enthousiasme, évoquant la grande diversité des métiers liés à l’agriculture sans s’attarder sur « les quelques problèmes » qu’il reste encore à régler, notamment « en termes de productivité ». L’objectif de ces fermes ouvertes reste avant tout la découverte, et si séduction il y a, c’est d’abord celle du consommateur, souligne Didier Grandvillain : « les enfants sont les consommateurs de demain », « leur montrer nos pratiques, c’est un travail à moyen terme pour leur apprendre à consommer différemment » explique-t-il avant d’ajouter, pragmatique, « on aimerait aussi qu’ils disent à leurs parents d’acheter des produits très simples, mais en priorité locaux ». C’est ce lien de proximité entre producteur et consommateur, distendu dans un contexte de globalisation et de standardisation des produits alimentaires, que les Fermes ouvertes s’attachent à créer ou recréer. Et à travers cette proximité, familiariser les enfants à un patrimoine gastronomique, « culturel et agriculturel » résume avec un jeu de mot Xavier Beulin. Un mode de consommation qu’il faut préserver d’une normalisation excessive de l’alimentation. Au total, près de 500 exploitations françaises participeront à l’opération jusqu’au 17 mai, un nombre que les responsables rêvent de porter à une ferme ouverte par canton.

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