Accès au contenu
Photovoltaique

Parcours "sinueux", mais payant !

Le 10 juin dernier, la Chambre d’agriculture de Saône-et-Loire débutait sa série "Innov’Action" à Clermain sur l’exploitation de Magali, Eric et Pierre Dufour. Un premier rendez-vous consacré au photovoltaïque avec le témoignage du Gaec sur la construction de son dernier bâtiment d’élevage.
128706--bat_photov_ensemble.JPG
Le projet est venu avec l’installation de Magali au moment où le parc bâtiments de l’exploitation atteignait ses limites : problème de stockage de fourrage, animaux en plein-air, fonctionnalité… Pour ce nouvel ouvrage, le Gaec ne souhaitait pas trop augmenter la charge de l’entreprise car la mise aux normes de l’outil de production était achevée depuis peu et Magali venait seulement de s’installer. La pose de panneaux photovoltaïques sur la toiture était une solution pour financer l’investissement.
La famille Dufour n’en était pas à son premier coup en matière énergétique. Dès 1978, un chauffe-eau solaire avait été installé pour la maison d’habitation. L’installation actuelle permet à la famille d’être autonome en eau chaude durant 4 à 5 mois de l’année. Quelques années plus tard, Pierre Dufour avait étudié la mise en place d’une pompe à chaleur pour récupérer les calories de l’étable entravée. Le manque de références à l’époque l’avait cependant conduit à abandonner l’idée. Il y a 5 ans, l’agriculteur est parvenu à faire diminuer de moitié la consommation domestique de fioul de la maison en installant une chaudière à haute performance couplée à des fenêtres triples vitrage.

18 mois de réflexion…


La réflexion sur le photovoltaïque a débuté en été 2012 et elle a pris près de 18 mois de temps. Un délai largement nécessaire tant un projet photovoltaïque peut s’avérer « sinueux », signale l’intéressé ! Le projet a d’abord été dégrossi avec un spécialiste des énergies renouvelables. « Il nous fallait une installation pouvant fournir une puissance de 100 kW crête. Nous avons trouvé une technologie à haute performance autorisant cette puissance pour un toit de 500 mètres carrés », explique Pierre Dufour.
Place ensuite à la très déterminante analyse financière du projet avec le conseiller de gestion de la ferme, en l’occurrence Lionel Bourge d’AS 71. « Une multitude de paramètres conditionnent le résultat final : coût de l’installation, prix de revente de l’électricité, maintien d’un bonus sur le rachat, charges de fonctionnement, coût du raccordement… En outre, ce fut une véritable course contre la montre, car le tarif de rachat proposé diminuait chaque trimestre et le bonus (+10 % sur le rachat de l’électricité à condition que les technologies choisies soient d’origine européennes) n’était valable que jusqu’à la fin du mois de mars 2013 », détaille Pierre Dufour. Finalement, les associés sont parvenus à signer une proposition technique et financière avec ERDF au tarif de rachat de 17,567 centimes d’€ le kWh.
« L’autre front de négociation du projet a été les banques ! », confie Pierre Dufour qui ne cache pas que ces dernières ont fait montre « d’une certaine frilosité au départ »…

Bâtiment bois


Le bâtiment a été monté en été 2013 et les panneaux photovoltaïques à la fin de l’hiver suivant. Habituellement adeptes de l’auto construction, les associés ont cette fois fait une entorse à la règle pour pouvoir bénéficier de la garantie décennale. Comme le reste du parc bâtiment de l’exploitation, la construction est en bois. L’ossature a été réalisée par un charpentier de Chassigny-sous-Dun particulièrement efficace. Le surcoût généré par l’obligation de supporter des panneaux photovoltaïque « n’est pas très important. Seules les pannes ont été renforcées », signale l’éleveur. Le Gaec s’est chargé de la fourniture et de la pose du bardage en sapin pectiné local.
La pente du toit est de 35 %. Les panneaux sont fixés à des rails, eux même vissés dans les tirefonds tenant les tôles de type bac acier.
Le bâtiment n’est délibérément pas de niveau. Sol et toitures sont inclinés à 6%. Cette particularité répond avant tout à la nécessité de lutter contre la présence d’eau dans ce type de terrain. Elle a aussi limité les frais de terrassement.
100 kWc pour 500 m2 de panneaux photovoltaïques
Les 500 mètres carrés de surface photovoltaïque se composent de 304 modules à haute productivité. Le Gaec a opté pour un modèle de panneaux ayant résisté au violent épisode de grêle survenu en Bresse il y a quelques années. L’ensemble est relié par un gros câblage aux trois onduleurs situés au fond de la stabulation à l’intérieur. Cette partie technique comprend trois parafoudres, trois sectionneurs et les trois onduleurs. Là, le courant continu produit est transformé en courant alternatif, lequel est réinjecté dans la ligne ERDF se trouvant à proximité de l’exploitation. Les onduleurs auraient pu être placés à l’extérieur. Mieux vaut toutefois les abriter dans un local fermé afin de protéger le public de tout risque d’électrocution.

Bâtiment payé au bout de vingt ans


« Nous disposons aujourd’hui d’une installation très performante qui devrait produire annuellement 117.500 kWh. Ce qui devrait générer un gain compris entre 16.000 et 17.000 € », avance Pierre Dufour. Le coût total de l’installation, raccordement compris, est de 160.000 €. « Nous avons prévu de l’amortir sur 15 ans. En vingt ans, cela devrait nous rembourser notre bâtiment qui nous coûte 70.000 €. Sur cette période, le gain de trésorerie généré est en effet estimé à 90.000 € », détaille l’éleveur. Comme le Gaec se l’était imposé, « la trésorerie annuelle n’est pas impactée ». Le retour sur investissement est ainsi de 17 ans.
Les coûts annuels de fonctionnement sont estimés à 3.000 € : entretien, nettoyage des panneaux, location du compteur, assurances… Pierre Dufour signale par ailleurs que le Gaec porte lui-même le projet, sans avoir à passer par une autre structure juridique.


Christian Bajard, Saint-Symphorien-des-Bois

« De quoi financer un bâtiment neuf »


Dans le Brionnais, Christian Bajard est depuis trois ans équipé d’une installation photovoltaïque de 32,8 kWc, construite sur un bâtiment ancien. D’une surface de 250 m2, ses panneaux lui ont coûté 120.000 € et génèrent un coût de fonctionnement annuel de 1.200 €. L’atelier rapporte 6.500 € par an à l’éleveur. Avec trois ans de recul, Christian Bajard estime qu’il faut se donner 18 mois et ne pas se lancer seul. Il faut s’assurer que sa trésorerie ne sera pas trop impactée, surtout les premières années. Il ne faut pas être trop loin d’un réseau et bien penser à l’orientation du toit. En individuel, mieux vaut être propriétaire du toit et de la parcelle. Christian Bajard conseille de ne pas hésiter à faire du lobbying auprès des banques. Il ajoute qu’aujourd’hui, il ne faut pas penser gagner de l’argent, mais plutôt financer un bâtiment neuf. Les conditions de rachat restent de toute façon déterminantes…, conclut Christian Bajard.




Images