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Essais Maïs 2016

Passer en mode “éco” plus

A Romenay et à Saint-Loup-de-Varennes, les 28 et 30 septembre, Bourgogne
du Sud présentait une partie de ses essais maïs. Une partie seulement
car, avec cette année « particulièrement compliquée », impossible de les
mener à bien ou d’en tirer des conclusions fermes. Avec les cours
mondiaux lourds, la coopérative se démène pour ramener un maximum de
valorisation des faibles moissons. Consciente des difficultés sur les
exploitations, des itinéraires "économiques" seront mis en avant. Des
redistributions plus importantes tenteront de faire passer ce mauvais
cap.
Par Publié par Cédric Michelin
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Des conditions « dantesques ». C’est ce qu’ont dû affronter Christophe Ferrand et son père en EARL –avec les techniciens de Bourgogne du Sud– pour implanter les essais maïs (indices 250 à 500) à Romenay sur leur parcelle : 197 mm de pluie en avril, repoussant le semis au 6 mai avec du frais et de la pluie encore et toujours jusqu’en juillet... Résultat : un démarrage « lent » des plantes, lesquelles ont ensuite subi en août un stress inverse (déficit hydrique). Limaces, mouches aux semis et adventices ont été durs à maîtriser avant. La responsable des essais, Christine Boully remarquait aussi des vols et des attaques de pyrales « totalement atypiques » (pics le 8 juillet et 15 août) qui ont pu dégrader les semis tardifs.
Difficile d’estimer le rendement à ce stade tant les parcelles sont hétérogènes. « De 60 à 120 q/ha ». La faute a un remplissage qui s’est fait dans des conditions sèches et une floraison « perturbée » par des températures chaudes. La vidange avance bien néanmoins, avec entre 30 et 35 % d’humidité. Là encore, l’hétérogénéité est grande entre variétés, « ni cohérente » entre indices, notait Loïc Malaquin.

Des essais qui ont souffert


Les indices 500 ont d’ailleurs tellement souffert que les variétés n’ont pu exprimer leurs caractéristiques et les essais n’étaient ni concluants, ni présentés. Christine Boully allait vite en ne présentant alors que les variétés inscrites. ES Gallery (indice 320-330) servant de témoin. Ce denté tropical, à la floraison plutôt tardive, nécessite une somme de température de 1800°C pour arriver à 32 d’humidité, sachant qu’il vidange assez vite. L’an dernier, dans les essais limons, il avait réalisé 114 % du rendement moyen.
Jamais testé avant, Figaro (260) –variété fourrage mixte à grains cornés– peut présenter un intérêt pour les éleveurs de volailles de Bresse. P8816 (300) denté a une dessiccation rapide en fin de cycle et est adapté à un démarrage en condition froide. Précoce à floraison, c’est cette variété qui finit la plus vite dans cette série d’indices. Avec une génétique Monsanto, Chapalu (320-330) est une variété "éco" rustique qui n’a jamais déçue (106 %). Elle a bien résisté au stress hydrique et thermique cette année. Hitalgo est plus précoce que Chapalu mais moins tolérant aux stress. P9127 (310) se comporte bien aussi en sol froid et après, en période chaude (121 %). Depuis 3 ans, RGT Conexxion (330) démarre vite avec une programmation moyenne mais un gros PMG. Akord et Askaban (340-350) sont une "montée en gamme" de Chapalu. ES Flato est un peu moins rustique et vieillit (102 %) depuis son inscription en 2008. Exxclusiv (330) est une variété rustique performante en situations stressantes (107 %). P9244 (330) se comporte bien aussi (107 %). SY Photon (340-350) ne vidange pas forcément vite. Vestas (340) a la même génétique Syngenta. Enfin, produit mixte et tester en fourrager, Kamponi CS (350) est plus tardif mais a desséché assez vite.

Être réaliste l’an prochain


Voyant le contexte économique dégradé de l’année et donc pour la prochaine campagne, Gilles Guillaume prépare donc ses approvisionnements avec des produits « réalisables ». Il a calculé le coût final d’une dose de semence : 59 € pour un maïs mixte ensilage (Ronaldinio) ; 69 € en haut de gamme (Juliet) ; 65 € pour une dose de Chapalu et 80 à 90 € les produits "stars". « Ces derniers sont des produits marketés, comme des médicaments, se basant sur le pouvoir d’achat des agriculteurs. On va donc les tirer vers le bas », espère-t-il. Le responsable des achats annonçait déjà avoir négocié une baisse de 25 % sur son plan Azote. Des baisses également à prévoir en phyto pour les molécules de désherbage post-levée maïs, "tombées" dans le domaine public. La coopérative travaille à réduire tous les postes et charges pour ses adhérents.
Il faut dire que son directeur lui a fixé un objectif d’itinéraire « à 350-400 €/ha, soit 150 € de moins que l’an dernier ». La clé pour passer ce mauvais cap. Tout en visant les débouchés de qualité…



Des redistributions plus importantes


Bourgogne du Sud fait face à un « drôle de scénario », regrette Michel Duvernois, le directeur. En effet, les moissons battent des records dans le monde mais la France, et la Bourgogne surtout, vont connaître un sort tout autre, avec 30 % en moins par rapport à juin 2015 (28 millions de t contre 41 en blé). « On s’adapte. On a vu le coup venir ». Si les 8,2 millions de t de blés meuniers ne posent pas de souci en terme de commercialisation (13,5 de protéines), ni les 9 Mt de blés fourragers, valorisés 30 €/t de moins cependant. Reste encore un « gros tiers » qui risquent d’être vendu à des marchés « exotiques moins exigeants » sur les PS notamment. Avec des fondamentaux rassurant les acheteurs (récoltes, stocks, prix des cales de bateaux…), Michel Duvernois « ne croit pas » à une hausse des prix sur les marchés à terme. Étonnant d’ailleurs, ce « thermomètre » n’affiche actuellement pas de différence de prix entre blé et maïs. En raison d’un « bidouillage » critique Michel Duvernois voyant se mélanger des blés d’importation dans les silos de Dunkerque pour abaisser les cours français. « D’où la prime de Matif qui est à zéro », explique-t-il puisque le marché devrait être « 10 à 15 €/t plus cher ». En revanche, la coopérative maintient la prime protéine « pour ne pas casser les effort faits malgré l’année ». Les avances de trésorerie ont elles été faites en juillet et la régulation en septembre.
En maïs, la coopérative pense faire 110.000 tonnes contre 250.000 il y a deux ans. 3.000 ha n’ont pu être semés cette année et un peu plus en ensilage. En colza, les prix sont « bloqués » par les cours bas des barils de pétrole. Le conseil d’administration a donc décidé de redistribuer « de façon plus importante » le résultat à venir.





Essai alluvions exploitables



A Saint-Loup-de-Varennes chez Rémi Petit , en alluvions de Saône, l’essai a été plusieurs fois inaccessible à cause des crues au printemps. Heureusement, l’eau n’est jamais monté jusqu’à l'exploitation, l’EARL de la Saugerie. Semé le 9 mai, le potentiel de cet essai est supérieur et le maïs est plus régulier. Toutes les séries de précocité seront exploitables. Le seul bémol est la pyrale, qui n’a pas pu être traitée, et qui fragilise les tiges, entrainant un peu de casse.