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Conseil départemental de Saône-et-Loire

Le Département adopte un Plan alimentaire territorial ambitieux pour 2025-2030

Réuni en assemblée le 30 juin à Mâcon, le Conseil départemental de Saône-et-Loire a adopté, sous l’impulsion de la majorité conduite par son président André Accary, le Plan alimentaire territorial (PAT) 2025-2030. Construit dans une logique de dialogue territorial, ce document stratégique marque une nouvelle étape dans l’engagement du Département en faveur d’une alimentation locale, saine et accessible, au service des habitants comme des producteurs. Mais après quelques débats...

Par Cédric Michelin
Le Département adopte un Plan alimentaire territorial ambitieux pour 2025-2030
autun-infos.com
Pour défendre son PAT territorial, Frédéric Brochot a pris un coup de chaud et ce n'était pas en raison de la canicule du jour.

Frédéric Brochot, vice-président en charge de la politique agricole et viticole, a présenté les grandes orientations de ce PAT, résultat d’un travail entamé dès 2021 et reconnu par une labellisation nationale dès 2022. « On a été un des premiers à être labellisé » en France. L’objectif : structurer une réponse durable aux attentes des consommateurs et des producteurs, en s’appuyant sur les dynamiques déjà engagées depuis plusieurs années, à commencer par la restauration collective, notamment via la commande publique. À travers la plateforme numérique Agrilocal, déployée dès 2017 pour les collèges, le Département facilite l’approvisionnement de ces établissements en produits locaux. Ce dispositif, désormais étendu, permet une mise en relation directe entre producteurs et structures de restauration, garantissant ainsi transparence, réactivité et juste rémunération.

Les témoignages présentés en vidéo diffusée lors de la séance ont mis en lumière les effets concrets de ces politiques. Arnaud Clerc, agriculteur à Jouvençon, a souligné combien Agrilocal lui avait facilité l’accès à de nouveaux débouchés, y compris pour des volumes importants. Patrice Coué, chef de la cuisine centrale de Digoin, a insisté sur l’évolution positive de la qualité des repas servis, plébiscités par les élèves et les équipes éducatives. Philippe Dumoux, vice-président du Grand Charolais, a quant à lui rappelé l’intérêt du circuit court pour maintenir des exploitations locales viables. Autant de voix du terrain qui confirment la pertinence des choix faits.

Le plan engage également le Département dans une transition agroécologique assumée, en accompagnant les changements de pratiques face aux effets du changement climatique. Il s’inscrit aussi dans une démarche de renouvellement des générations agricoles, à travers un dialogue renforcé avec la chambre d’agriculture et la Safer, pour anticiper les enjeux de transmission et d’adaptation des modèles d’exploitation. Frédéric Brochot a rappelé à ce titre l’urgence d'agir liée à la perte de plus de 11.000 bovins en un an dans le département, un indicateur fort de la nécessité d’une action coordonnée à long terme.

1.5 million d'euros

Avec un budget de 1,5 million d’euros d’ici 2030, ce PAT départemental se distingue par sa vision structurante. Frédéric Brochot a également insisté sur la volonté du Département de ne pas faire doublon avec les initiatives portées par les intercommunalités et de travailler en complémentarité avec elles, par exemple avec le Grand Autunois Morvan qui dispose déjà d’un PAT local.

Sur la question des prix pratiqués dans les cantines, Mathilde Chalumeau, conseillère départementale en charge des Collèges, a rappelé que la Saône-et-Loire figurait parmi les départements les plus accessibles, avec un repas servi à 3,29 € en moyenne (pour un coût réel de 10 €/repas). Elle a souligné l’existence de fonds sociaux permettant d’accompagner les familles les plus fragiles, lesquels ne sont d’ailleurs pas toujours utilisés dans leur totalité. Elle s’est félicitée, comme plusieurs élus de la majorité, de l’augmentation du nombre de demi-pensionnaires, preuve que la qualité et l’attractivité des repas servis sont au rendez-vous.

Une filière Bio en crise

Quant aux réserves exprimées par certains élus de l’opposition, elles ont porté principalement sur la question foncière, en lien avec le retrait temporaire de l’un des axes initiaux du plan. Frédéric Brochot a tenu à rassurer sur ce point, précisant que ce volet, préparé avec les partenaires habituels comme la Safer et la chambre d’agriculture, était simplement reporté dans l’attente d’une meilleure coordination liée aux récents changements de gouvernance à la tête de ces structures. Il a assuré que ce pilier essentiel serait réintégré dans les mois à venir, avec toute la concertation nécessaire. En matière de production biologique, le vice-président a défendu l’action du Département, qui maintient ses engagements malgré les arbitrages récents de la Région.

La vision portée par André Accary s’est imposée lors du vote final. Le président du Département s’est montré ferme, mais mesuré face aux critiques, en rappelant le dialogue permanent entre le Département et les agriculteurs, et en dénonçant les dysfonctionnements persistants dans la gestion de certaines aides régionales (Feader, Bio...). Pour lui, la Saône-et-Loire assume pleinement son rôle de facilitateur et de soutien actif à l’agriculture locale. Il a souligné la cohérence de la stratégie départementale, entre accompagnement économique, relocalisation alimentaire et justice sociale.

Le Plan alimentaire territorial 2025-2030 a donc été adopté sans vote contre, malgré les 12 abstentions de l'opposition (Gauche 71).

Le maraîchage comme symbole des défis

Comme un symbole, le dernier débat portait sur la diversification des productions en Saône-et-Loire pour compléter l'offre de notre "petite France" agricole. Quant à la question de la relance du maraîchage, historiquement présent en Bresse Chalonnaise et Louhannaise, Michel Duvernoy, conseiller départemental de la majorité et ancien directeur de la coopérative Bourgogne du Sud, a apporté un éclairage précieux. Fort de son expérience dans la mise en place d’une importante filière légumière en partenariat avec la conserverie D’Aucy, il a rappelé que plus de 200 hectares de salades et près de 2.000 hectares de légumes avaient été cultivés en Saône-et-Loire. Ce dispositif, structuré et ambitieux, n’a pourtant pas tenu dans la durée.

Pour Michel Duvernoy, cet échec s’explique par un facteur incontournable : le déficit de compétitivité de l’agriculture française face à des pays comme l’Allemagne ou l’Espagne. Il a souligné que le coût de la main-d’œuvre, beaucoup plus élevé en France, rendait très difficile la viabilité économique des filières légumières à grande échelle, sauf à les inscrire dans une logique de circuit court, sur des volumes maîtrisés et en lien direct avec la consommation locale. À ses yeux, le PAT départemental s’inscrit justement dans cette perspective réaliste, en misant sur la proximité, la qualité et l’ajustement des productions aux besoins du territoire.

Son témoignage a résonné comme un rappel pragmatique : relocaliser l’alimentation passera par des plans politiques ingénieux. C’est dans cet esprit que s’inscrit le PAT de Saône-et-Loire, outil de transformation progressif et adapté.