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Gaec du Mont Avril à Jambles

Performances et autonomie

Sur ses terres de la côte chalonnaise, le Gaec du Mont Avril optimise un système de production relativement autonome, basé principalement sur l’herbe et le maïs ensilage avec une production de broutards alourdis et de femelles grasses. Répondant bien à la demande de son groupement, le Gaec parvient aussi à contenir ses charges à un niveau plus bas que la moyenne.
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Le Gaec du Mont Avril compte trois associés aidés d’un salarié. L’exploitation - dont le siège est à Jambles en côte chalonnaise - compte 310 hectares dont huit de vignes. Viticulteurs et éleveurs, Martine, Gilles et Jean-Paul Mugnier disposent d’un cheptel charolais d’environ 160 vaches, lequel devrait passer à 180 l’an prochain avec l’installation de Guillaume.
Le Gaec produit des broutards alourdis qu’il commercialise dans l’hiver auprès de son groupement Feder (Socaviac) et les femelles sont toutes engraissées.
Au Gaec du Mont Avril, la période de vêlage est restée traditionnelle avec des mises bas intervenant de janvier à avril-mai. Ce timing convient bien à l’exploitation, sachant qu’en automne la famille Mugnier est prise par les vendanges.

Des broutards lourds et bien conformés


Au Gaec du Mont Avril, le vêlage tardif a aussi comme avantage de ne pas avoir à complémenter les veaux au pré. Ces derniers qui atteignent 270 kg début novembre, subissent un sevrage particulièrement soigné, souligne Patrice Vaizand, technicien et responsable de site à Feder Socaviac.
« Les animaux reçoivent un aliment spécifique très appétant qui les déparasite contre la coccidiose et prépare leur panse ainsi que leur système digestif à la future ration d’engraissement », explique le technicien. Ensuite, ces broutards reçoivent une ration à base d’ensilage de maïs à volonté qui les fait « bien profiter », confient les éleveurs. Résultat : le Gaec parvient à vendre des broutards lourds (450 à 470 kg) de février à mai. « Des animaux qui sont venus tranquillement, sans être abîmés », commentent les associés. « Un peu ronds mais pas gras, ces broutards sont au top pour la filière italienne », ajoute Patrice Vaizand. Avec une croissance moyenne de 1.400 grammes par jour réalisée avec du maïs et des céréales auto-consommées, ces broutards ne coûtent finalement que le complémentaire. Les génisses de boucherie sont également vendues vers février-mars à l’âge de trois ans. Là encore, la stratégie du Gaec est de « les laisser venir et profiter de l’herbe ». Rentrées en novembre, elles sont finies en bâtiment.

Moins de 1 kilo de concentrés par jour


Au Gaec du Mont Avril, fourrages et céréales produits sur la ferme « couvrent tout ce qui est fibre et énergie », fait remarquer Patrice Vaizand. Le technicien signale même que les achats d’aliments sont finalement limités au regard de la taille du cheptel. Le Gaec n’achète en effet que 40 tonnes de concentrés par an ce qui équivaut à 90 kg d’aliment par animal. En dépit de leurs bonnes performances, les broutards consomment moins de 1 kilo de concentré par jour, calcule encore Patrice Vaizand.

Ensilage d’herbe et de luzerne + enrubannage


A l’origine de cette autonomie, il y a l’herbe, dont la famille Mugnier exploite tout le potentiel sur une exploitation somme toute peu chargée. Les jeunes broutards sont les premiers à en profiter. Au printemps, le pâturage tournant est pratiqué sur certaines parcelles et les associés ont l’habitude de récolter de l’ensilage d’herbe. Cette année, ils se sont également lancés dans l’enrubannage qui leur permet de « faucher plus tôt et d’avoir une repousse derrière », confie Gilles. « Plus souple que le chantier d’ensilage, l’enrubannage nous permet d’éviter les gaspillages au printemps, de faire du stock en cas de sécheresse d’été et d’avoir un fourrage qu’on peut donner au râtelier », explique l’éleveur.
Sur leurs terres calcaires, les associés se sont remis à cultiver de la luzerne. La première coupe est incorporée au silo d’herbe. La seconde est fauchée en foin ou en enrubannage. Une troisième coupe est envisagée cet automne.
Le Gaec récolte aussi 10 ha de maïs ensilage et il produit de l’orge, du blé et du triticale auto-consommé.

Bilan fourrager, analyses de fourrage, calcul de rations


Chaque année, les associés réalisent un bilan fourrager avec leur technicien Patrice Vaizand. Après une première prévision à la récolte, les membres du Gaec dressent un inventaire précis de leurs stocks disponibles avant hiver. Ce bilan fourrager est assorti d’analyses de fourrages proposées par leur groupement Feder. Le maïs est analysé à l’ouverture du silo. Cet automne, il l’a été aussi à la récolte. Les analyses seront également étendues à l’ensilage d’herbe et aux autres fourrages. Toutes ces données sont intégrées dans le logiciel de calcul de ration dont dispose leur technicien.
« Le calage des rations commence toujours par les catégories d’animaux les plus exigeantes : bêtes à l’engraissement, génisses, broutards, génisses d’élevage et enfin vaches », indique Patrice Vaizand. Les vaches du Gaec du Mont Avril reçoivent ainsi de l’ensilage d’herbe (20 kg) et du foin à volonté. Avant vêlage, les génisses primipares ont le même régime mais avec un peu moins d’ensilage d’herbe (15 kg). Après vêlage, l’ensilage d’herbe descend à 10 kg tandis que du maïs prend la place pour augmenter la production de lait. Les femelles en lactation reçoivent également du calcium et du phosphore à hauteur de 100 g par jour, détaille Guillaume.

Préparations au vêlage et à l’IA


« Avant vêlage, les femelles font une cure de vitamines et d’oligo-éléments (sélénium, 100 g/jour pendant dix jours) », complète le jeune éleveur. « Une précaution importante pour les conditions de vêlage, de délivrance, le colostrum, la vitalité des veaux, le retour en chaleur… », ajoute Patrice Vaizand. Les génisses de deux ans sont globalement mieux soignées qu’elles ne l’étaient auparavant. Cette année, Guillaume projette de mieux caler encore leur ration dans l’optique de bien les préparer à l’insémination. De l’enrubannage de luzerne leur est destiné en plus des 5 kilogrammes d’ensilage d’herbe et des 4 kg de maïs. Objectif : « les booster dix jours avant l’IA », explique le jeune éleveur.
L’an prochain, avec l’installation de Guillaume, les cultures passeront de 25 à 40 hectares et le Gaec projette même d’étendre la surface labourée à 50 hectares à terme. Cet apport permettra d’améliorer encore l’autonomie de l’exploitation, tant alimentaire que de paille.