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Vendanges 2010

Petite récolte, beau millésime

Comme d'accoutumée après les vendanges, l'interprofession des vins de Bourgogne (BIVB) a fait le point sur le tout juste pressé nouveau millésime. Donnant le cap aux professionnels en termes de communication, les deux familles en profitent également pour faire la promotion du millésime 2010 auprès des consommateurs. L'occasion de revenir sur des fondamentaux, tant techniques qu'économiques.
Par Publié par Cédric Michelin
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Nul doute que la nuit du 19 décembre 2009 restera malheureusement ancrée dans les mémoires des viticulteurs bourguignons comme la tristement « fameuse gelée », avec des pointes à -20°C par endroits. 5 à 10 % du vignoble bourguignon a été touché, provoquant la mort de pieds et un faible chargement en raisins par endroit. Une gelée « que les viticulteurs vont encore payer l'an prochain ». Pour une « ouverture du bal », on espérait plus joyeux. Pourtant, ce phénomène climatique rare (1956 et 1985) a directement une incidence sur le bilan des vendanges 2010. Provoquant coulures et millerandages, l'année climatique fut un « enchaînement chaotique », contrairement au millésime 2009. La pression mildiou fut importante, de même pour l'oïdium et, dix jours avant le début des vendanges, 50 mm de pluie s'abattaient. Des vendanges « stressantes » donc avec des départs de foyers de pourriture, « heureusement contenus ».
Au final, et malgré la difficulté des prévisions à cette heure, la Bourgogne va connaître « une petite année en volume », et ce, de façon « plus sévère » que ce qui ressortait des prévisions.
Petit volume mais belle qualité, tenaient à rassurer Michel Baldassini, président, et Pierre-Henri Gagey, président délégué. Dans des « conditions de ramassage correctes », les vendanges se sont déroulées rapidement. « Plus incroyable, Chablis a récolté en même temps » que le reste de la Bourgogne, la floraison s’étant effectuée dans de bonnes conditions, les vignes sont arrivées plus rapidement à maturité. A noter aussi, que le « Beaujolais a vendangé en même temps que le Mâconnais ».

Le matelas français



Poursuivant l'effort de vendre dès à présent le millésime, Pierre-Henri Gagey précisait que « nos vignes résistent bien au froid, au niveau qualitatif. Nous aurons des bons vins et la majorité des vignerons sont déjà soulagés et contents de la qualité présente dans les cuves ». L'état sanitaire, la concentration, les degrés « autour de 12-13 % », 2010 arrive de toute façon après le millésime 2009 encensé par la presse, laquelle était venue en force à la conférence à Beaune ce 6 octobre.
Mais le volet économique de 2009 ne ressemble pas à la qualité de ce millésime et fut une « année horrible » puisqu'elle a vu le chiffre d'affaires de la filière baisser globalement. Malgré cela, d’août 2009 à juillet 2010, les sorties viticulture se sont élevées à 1,41 millions d'hl (soit +4,5 %). « Un bon chiffre correspondant presque à une année de récolte » et rappelant les niveaux de 2006 ou 2007. Autre donnée fondamentale, les stocks étaient estimés à 1,47 millions d'hl au 31 juillet. Un chiffre « un peu en hausse » s'expliquant par la grosse récolte 2009. En amont, les négociants ont, pour leur part, acheté 865.500 hl (+7 %) sur la campagne : le marché du vrac ayant été « plutôt actif » après un démarrage « lent ». Au final, un volume comparable à la moyenne des cinq dernières années.

La reprise s'affirme



Pour la vente directe aux consommateurs, en aval donc, et prenant les six premiers mois de l'année - pour estomper l'effet crise et dégager la tendance actuelle -, les ventes « sont stables » en GD, elles se maintiennent bien qu'en restauration, tandis qu’une perte de l'ordre de 10 % est observée chez les cavistes. Représentant 50 % des volumes environ, le marché français « n'a pas trop baissé », alors que l'export montrait cependant des chiffres « plus difficiles ». Un redressement y est cependant attendu. Avec +13 % en volumes et en chiffres d'affaires sur le premier semestre 2010, l'économie viticole bourguignonne « reprend du poil de la bête », bien qu'il faille toujours relativiser avec les tristes "performances" de 2009. « On a récupéré le niveau d'avant 2007 » et quelques marchés sont encourageants : Angleterre (+20 % en volume), Etats-Unis (+18 %), Japon (+5 %) ou encore Danemark, Suède, Hong Kong, Singapour, Taiwan, Norvège, Brésil, Chine...

Force de frappe équilibrée



Les perspectives de ventes sont donc bonnes : « l'inflexion 2010 est très positive et la Bourgogne redresse la tête », estimait le négociant. L'année prochaine « sera vraiment l'année où cela va redémarrer », croit deviner Pierre-Henri Gagey, qui met néanmoins immédiatement un bémol avec « l'euro fort qui gène » les exportations. Michel Baldassini rappelle que la Bourgogne est « enviée pour sa force de frappe » commerciale avec son négoce, les coopératives et de « plus en plus de petits metteurs en marché ». Un tissu économique équilibré « fonctionnant bien ». Touché plus fortement par la crise, les vins haut de gamme - « plus solides aussi » - n'ont logiquement pas redémarré aussi rapidement que les autres appellations bourguignonnes. Enfin, très dépendant des exportations, chablis « va mieux ». Les cours se redressent et le vignoble de l'Yonne prouve « sa capacité à rebondir », après la pression à la baisse des prix, imposée par les grandes enseignes anglaises (Tesco, Sainsbury...).
L'espoir est cependant permis « avec l'effet millésime 2009 », à l'image de l'engouement des primeurs à Bordeaux. A confirmer lors de la vente des hospices de Beaune, dimanche 21 novembre prochain, bien sûr.



Plan 2015



Le plan 2015 du BIVB se précise. Il sera dévoilé fin décembre. Les trois pôles « peaufinent » les actions à décliner. Ces dernières faisant l'objet d'arbitrages par les professionnels actuellement. L'objectif vise à faire de la Bourgogne, « la référence mondiale en matière de grands vins » et sur le domaine de la viticulture durable. « La qualité étant la seule sortie » possible pour les vins de Bourgogne, isolés dans un océan viticole mondialisé.




Convaincre l'OIV



Serait-ce la nomination d'Yves Bénard à la présidence de l'OIV qui a permis à la Bourgogne d'avoir le privilège de recevoir les 44 pays membres de l'OIV à Beaune les 27 et 29 octobre ? Certainement pas, puisque le président de l'INAO vient tout juste d'être nommé à ce poste. Les séminaires auront comme toujours un rayonnement international dans le monde du vin. La Bourgogne « aura un rôle capital à jouer » pour prouver aux experts et idéologues tout l'intérêt d'une viticulture de terroirs. « Même morcelé en millier de domaines, notre modèle bourguignon reste basé sur la terre ». A l'opposé donc des visions à long terme de l'OIV ne croyant que trop souvent en la seule subsistance « des grosses structures vendant des millions de bouteilles marketées », expliquait le directeur du BIVB, André Ségala. Le dossier déposé pour classer les Climats de Bourgogne au Patrimoine mondial de l'humanité pourraient bien aussi les convaincre de la « valeur universelle exceptionnelle » de ce modèle historique et culturel.








Coteaux bourguignons



« Le dossier n'est pas mûr ». Les coteaux bourguignons et l'appellation bourgogne côte-d'or « verront probablement le jour dans un an ». Voulant mettre en place « une communication positive » pour remplacer efficacement l'image des BGO qui « ne marche pas » auprès des consommateurs, la commission informelle du BIVB travaille. Tout ceci pourrait bien s'accélérer puisque « pas mal de maisons de négoce se sont d'ores et déjà déclarées intéressées » par ces appellations.