Accès au contenu
Portes ouvertes Farminove SENOZAN
Moissons

Place aux blés et aux colzas

Dans l’Ain, le Rhône et en Saône-et-Loire, comme un peu partout en France, les moissons continuent. Tantôt avec les blés, tantôt avec les colzas, voire les dernières orges d’hiver pour certains… Tous sont en tout cas au volant de leur moissonneuse-batteuse, à s’activer malgré les fortes chaleurs des derniers jours, avec toujours de même espoir : que lors du bilan, le constat soit fait que la récolte est bien meilleure que celle de l’an dernier, malgré une hétérogénéité entre les départements, mais aussi en fonction des secteurs.

Par C. L., P. F et R. M.
Moissons
Les moissons se poursuivent avec la récolte des blés et des colzas.

Sous un ciel azur et des températures estivales, la moissonneuse de Stéphane Peillet fend calmement une parcelle de blé de 10 ha située à Genas (69), aux abords de l’A43. À bord, le céréalier de Saint-Priest (69) partage, entre deux manœuvres, sa satisfaction des premiers rendements malgré la crainte de l’échaudage : « on est plutôt contents de ce qu’on a récolté jusqu’à maintenant. Quand le chaud est arrivé il y a 8-10 jours, on s’est dit que ça allait casser la qualité. En réalité, le blé a mûri plus rapidement, mais il n’y a pas de dégâts apparents. C’est une très bonne nouvelle ».
Malgré sa puissance et son imposante carrure, la moissonneuse n’excède pas les 3 km/h de moyenne : « Il ne faut pas aller trop vite, sinon, la machine se bloque. Du coup, il faut sortir de la cabine et tout enlever à la main. Et les jours à 35°, ça monte à plus de 60° dans la machine. Autant éviter ce genre de manœuvre ! ».
Le céréalier en profite pour raconter sa journée-type : « généralement, on ne commence jamais avant 9-10h le matin, et on peut tourner jusqu’à minuit selon les conditions climatiques. Parfois plus. Mais l’autre jour, on a dû stopper à 20 h parce que plus rien ne fonctionnait. Il était tombé quelques gouttes le matin, il y avait de l’herbe et on sentait de gros à-coups dans la machine. On était à la limite du blocage. Il faut savoir s’arrêter à temps ! ».
Pour l’heure, malgré la chaleur et quelques ajustements quotidiens, les premiers échos de cette moisson laissent donc entrevoir une récolte rassurante. Dans la cabine, le sourire de Stéphane Peillet en dit long : l’été commence sous de bon augure pour ses blés.

Exergue : « Les colzas n’ont pas souffert de la chaleur »

Dans l’Ain, Sébastien Delorme, polyculteur éleveur (bovins allaitants race charolaise) à Vaux-en-Bugey, sur une SAU de 410 ha, cultive du maïs (environ 35 ha), de l’orge (66 ha), du colza (53 ha), ainsi que du blé, tournesol, et luzerne.
Interrogé sur la récolte d’orges qu’il a terminée voici une semaine, il dresse un bilan mitigé : « les moissons d’orges ont été étalées sur une semaine. L’an passé, nous avons eu de meilleurs rendements. Cette année, une seule parcelle, d’environ 14 ha, s’en sort bien, avec des rendements autour de 60 q/ha ; pour le reste, ce qui représente 53 ha, on tourne à 38 q/ha ». L’exploitant déplore : « le problème, c’est qu’on est noyé sous le ray-grass. On n’arrive plus à nettoyer nos terres, et la pluie l’a fait sortir plus vite ».
Quant à la qualité des orges, même constat : « ils ne sont pas tous bons, à part les 14 ha en question ; on perd en poids spécifique. En plus, pour implanter l’orge, on a dépensé 1.000 € par ha et on va toucher seulement 600 €/ha. Et nous avons beaucoup d’entretien sur la machine à cause de la chaleur. Mais dans l’ensemble, on peut dire que la récolte s’est bien passée ».
Sébastien Delorme enchaînait en début de semaine avec la récolte du colza. S’il est encore trop tôt pour se prononcer sur les rendements, il souligne : « l’orge était un peu en avance cette année. Cependant, les colzas et le blé vont se moissonner dans la foulée, vu que le blé a grillé. Mais les colzas n’ont pas souffert de la chaleur ».

Plutôt confiant pour les blés dans le 71

En Saône-et-Loire, Laëtitia Page, agricultrice à Huilly-sur-Seille (71), vient tout juste de terminer de récolter ses orges fin de semaine dernière et a débuté la moisson du blé milieu de semaine. « Pour les orges d’hiver, la récolte n’a pas été mirobolante pour nous. On est autour de 35 à 40 q/ha, là où l’on fait environ 65 q/ha en moyenne habituellement. La raison ? Je pense que cela est dû à l’excès d’eau de la fin d’année 2024. La qualité n’est pas non plus terrible, avec un PS à 67 », confie-t-elle.
À la veille de commencer sa récolte de blé, Laëtitia Page est plutôt confiante. « De ce qu’on en voit, on pense que la moisson sera bien meilleure que pour les orges. Il est en tout cas temps de le ramasser avec les fortes chaleurs des derniers jours, pour ne pas risquer qu’il grille ».
D’un point de vue général, cette année, Laëtitia Page pense que les rendements seront « quoi qu’il arrive, meilleurs que l’an dernier qui a été catastrophique. Cela va nous donner un peu d’air ».
L’agricultrice reprendra ensuite sa moisson un peu plus tard, avec le maïs et le soja. Pour les autres, le travail se poursuit également dans les champs.

La technologie embarquée à la précision optimale

Moissons
Aujourd’hui, les agriculteurs peuvent compter sur une technologie embarquée de plus en plus précise.

Aujourd’hui, les agriculteurs peuvent compter sur une technologie embarquée de plus en plus précise. Stéphane Peillet, agriculteur dans le Rhône dit « s’habituer » à cela. « Quand on achète une nouvelle machine, on a quand même pas mal d'années d'expérience derrière nous. Malgré les outils de cartographie et le GPS, ça reste une moissonneuse comme celle que je conduisais quand j'avais 15 ans et qui n'était pas équipée de cabine. Après, il y a des aides à la conduite, comme l'autoguidage, qui permettent de ne pas dévier notre trajectoire. Autrement, tout marche pareil ! ». Il montre l'un des écrans de contrôle : « là, tu as une cartographie de rendement. Plus on est dans le vert très foncé, plus la densité est grande. Quand c'est vert foncé, on est à 9,5 t/ha. Dans le rouge de l'autre côté, on est à 5,7 t/ha. Cela signifie que dans la même parcelle, on a des rendements complètement différents, qui varient quasiment du simple au double. En ce moment, on est sur un super terrain très lumineux avec une bonne rétention en eau. Et à 100 mètres, c'est que du caillou ».
Il développe : « on sait tout ça grâce à un système complexe qui se trouve dans les entrailles de la machine. C'est un capteur de rendement qui communique des informations point par point sur le terrain. Avant, on dispersait notre engrais dans tout le champ en même quantité. Avec les outils de cartographie actuels, on peut moduler la quantité d'engrais selon telle ou telle localisation. On ne met pas moins d'engrais, mais on le met mieux ».
Une technologie qui, toutefois, ne remplace pas l'expérience accumulée tout au long de sa carrière : « avant, tout marchait au feeling et au savoir-faire. Cette parcelle, je la connais depuis que je la cultivais quand j'avais 18 ans. J'en ai 59 aujourd'hui. Je sais donc qu'ici, c'est de la super qualité, et que là-bas, c'est du gravier. Je le sais parce qu'une carrière longeait ma parcelle il y a quelques années ».

Photos