Planter tôt dans des sols bien préparés
contrôlée de Bourgogne ont rendu obligatoire le traitement à l’eau
chaude (TEC) pour toute nouvelle plantation ou remplacement. En réalité,
depuis 2005, ce traitement s’était progressivement répandu en Bourgogne
avec notamment l’installation de la première machine régionale au pôle
technique de Davayé. L’objectif initial était de produire du matériel
sain pour éviter l’introduction de la Flavescence dorée.
Egalement viticulteur avec ses deux frères à Pierreclos, Benjamin Thévenet a lui repris l’activité de pépiniériste qu’avait développé leur grand-père - Jean-Claude - dans les années 1960. Produisant désormais près de 300.000 plants par an, tous sont traités à Davayé. « Avec le recul, on préconise aux vignerons de ne pas planter après fin avril, au plus tard mi-mai » selon les conditions climatologiques de l’année. En effet, les essais ainsi que les pratiques terrains constatent environ trois semaines de décalage pour le débourrement. « Il est moins explosif et plus étalé » mais en réalité « toujours à 100 % », assure-t-il. Idem pour les plants en pot, traités et commercialisés en juillet. Pour les pépiniéristes, le coût du TEC revient entre 5 et 10 centimes d’euro le plant. « Mais qu’est-ce que 10 cts € pour avoir l’assurance d’un plant sain pour une vigne pérenne 40-50 ans ? », souligne Benjamin Thévenet.
C’est ce que pense aussi Maurice Guerrin, viticulteur à Vergisson avec sa femme Nadine et son fils Bastien. Cette année par exemple, alors que le printemps était particulièrement sec en Bourgogne du Sud, seulement 5 de ses 2.300 greffes n’ont pas repris. « Je n’ai jamais eu de problème. De plus, c’est le pépiniériste qui se charge de l’administratif. J’ai juste à garder ses bons de livraisons et les factures dans une pochette ». Car des contrôles existent. Les stations de traitement et les pépiniéristes sont contrôlés par FranceAgriMer. Seules 15 stations sont agréées en France. Côté viticulteurs, les contrôles administratifs sont réalisés par SiqoCert, l’organisme de contrôle Bourgogne Beaujolais, né de la fusion d’Icone et du Cibas. Mais dans le vignoble, impossible de vérifier si un pied a été traité ou non. Sachant que sain au départ, un pied traité peu être contaminé au vignoble. De plus, de nombreux plants sont produits hors Bourgogne et il subsiste des « doutes » autour de « possibles certificats de complaisance », indique Jean-Michel Aubinel, président de la CAVB. La Confédération des appellations et vignerons de Bourgogne avait d’ailleurs envoyé un courrier – en date du 17 mars 2014 – pour rappeler à tous les professionnels de la viticulture et aux pépiniéristes que le traitement eau chaude des greffés soudés est obligatoire en Bourgogne, surtout depuis l’arrivée de la Flavescence dorée et les plans de lutte successifs arrêtés par les préfets. La CAVB prévenant alors qu’en « cas de résultat positif jaunisses (Flavescence ou bois noir) sur de jeunes plantations ou complantations, et de possibilité de retrouver l’origine de la contamination et les responsabilités, il sera porté à la connaissance de tous les professionnels de la filière, des pépiniéristes et du SRAL, les manquements à ces contrôles et les responsabilités ». Aucune fraude n’a été révélée pour l’heure.
Bien préparer ses sols
En raison du débourrement étalé et décalé, il s’agit de bien préparer ses sols pour éviter trop de concurrence. Maurice Guerrin est très méticuleux sur ce point pour ses rebrochés ou ses jeunes plantations. « On s’y retrouve à la fin », considère-t-il. Il fait en sorte d’éviter que l’herbe ne prenne le dessus. Avec son tracteur de 300 chevaux, il passe une charrue de défonçage (Grenier quart de tour numéro 9), le plus tôt possible et toujours dans de bonnes conditions pour le sol. S’il peut, il apporte ensuite du fumier. Il enlève l’herbe avant à l’aide d’un Rotavator et au printemps avec une herse rotative, pour éviter les tassements de sols. C’est essentiel d’avoir ainsi un sol bien préparé, en surface comme en profondeur afin d’éviter l’asphyxie racinaire, cause de trop d’échecs en cas de printemps humide.
« Cela doit être comme un jardin », conclut-il. Son pépiniériste, Benjamin Thévenet approuve car « il faut vraiment favoriser le développement racinaire, entretenir le feuillage, surtout la première année, en les traitant comme une vigne normale ».
Double manipulation et gestion chez les pépiniéristes
Effectuer le TEC « demande beaucoup de temps de manutention et de transports » aux pépiniéristes, rappelle Benjamin Thévenet. Sans oublier les éventuels risques de mélange de clones. De janvier à février, le pépiniériste de Pierreclos réalise une trentaine de bains, « réalisés par des techniciens impartiaux », ceux de la chambre d'agriculture. Il compte 6 h par semaine. Sauf que, « les services de FranceAgriMer ont tendance à attendre l’attestation de traitement à l’eau chaude pour débloquer ensuite l’édition du certificat ZPd4. Ce qui prend un mois et demi et amène à fin mars déjà », regrette-t-il, au nom de ses confrères. Une gestion qui pourrait être simplifiée et ainsi éviter « une double manipulation », selon lui, secrétaire de la Fédération des pépiniéristes Centre-Est, voulant commercialiser leurs plants en Champagne et en Alsace Lorraine. Il s’agit en effet des dernières zones protégées (ZP) contre la Flavescence dorée en France. Depuis 2012, tout matériel végétal qui circule dans cette zone doit porter une mention obligatoire supplémentaire “ZPd4” sur les étiquettes de certification - Passeport phytosanitaire européen (PPE). Comme en Bourgogne, le matériel végétal issu de vignes mères situées en ZP ou en ZE (zone exempte) peut revendiquer la mention ZPd4.
La gestion du parc de vignes-mères et de la commercialisation des greffons se fait au sein d'une coordination régionale animée par le GRAPVI (Groupement régional d'amélioration et de prémultiplication de la vigne et du centre-est). La production, destinée prioritairement à la demande régionale, peut aussi répondre aux besoins des pépiniéristes de la France entière.