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Olivier et Michel Nidiau à Auxy

Plus aucun achat de paille !

En 2010, Olivier Nidiau a fait le choix de construire un bâtiment équipé de logettes sur caillebotis pour ses vaches charolaises. Grâce à cette formule peu répandue dans la région, le jeune éleveur n’a plus besoin d’acheter de paille. Cette solution s’avère en outre très économe en carburant et en temps de travail. Témoignage.
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Olivier et Michel Nidiau élèvent chacun une soixantaine de charolaises sur une centaine d’hectares à Auxy. Si les deux exploitations voisines sont juridiquement séparées, le père et le fils ont pour habitude de partager le matériel et les gros travaux. Ils ont en commun aussi leur conduite d’exploitation basée sur une production de maigre avec monte naturelle au pré et vêlage à partir de février. Olivier s’est installé en 2003 en reprenant l’exploitation de son grand-père, lequel cessait alors son activité. La ferme disposait d’une étable en travées de 60 places équipée d’une chaîne de curage et d’une plateforme à fumier datant du début des années 1980. Un bâtiment qui n’était plus aux normes mais qu’Olivier a pourtant fait le choix de conserver en effectuant les travaux nécessaires. Il manquait une fosse pour récupérer les jus du fumier. Alors quitte à créer cette fosse, le jeune éleveur a décidé de la recouvrir de caillebotis associés à des logettes, le tout sous un nouveau bâtiment d’élevage.

Logettes sur caillebotis dès 1984


La solution logettes sur caillebotis était bien connue de la famille Nidiau. Michel en dispose sur sa ferme depuis 1984. A l’époque où les premières stabulations libres commençaient à prendre le pas sur les étables entravées, Michel voulait une solution intermédiaire avec une partie de bêtes attachées et une partie libre. Mais il redoutait déjà de devoir trop dépendre de la paille : « on n’était pas une région céréalière… Nous avions connu la sécheresse de 76 où nous avions du acheter de la paille. A l’époque, nous travaillions avec des petites bottes… ».
Prudent et somme toute visionnaire, Michel n’était pas emballé du tout par l’aire paillée intégrale. Un bâtiment équipé de logettes sur caillebotis existait déjà du côté de Sully. Michel s’est mis à étudier la question. Il est allé voir une autre réalisation près de Saint-Gengoux-le-National. « J’ai vu que les bêtes étaient propres sans que l’éleveur n’ait à dépenser en paille », se souvient Michel. Ces visites lui ont aussi permis de dissiper ses craintes quant au risque de boiterie. Son bâtiment abrite d’un côté une rangée de vingt places d’animaux attachés et de l’autre une rangée de logettes sur caillebotis. Les déjections des animaux attachés tombent aussi dans une fosse de 80 cm de large.

Fosse en forme de circuit


Cette expérience entamée trente ans plus tôt a été profitable pour Olivier. « Avec le recul, on savait ce qu’il fallait modifier », confie le jeune éleveur. Dans la nouvelle stabulation construite en 2010, les deux rangées de cornadis de part et d’autre du large couloir d’alimentation (5 m) sont suivies d’une aire sur caillebotis d’environ 24 m de long sur 3 m de large. Sur la partie droite du bâtiment, cette aire sur caillebotis est flanquée d’une rangée de 20 logettes fixées sur une dalle bétonnée dominant d’une douzaine de centimètres les caillebotis. De l’autre côté des logettes se trouvent les boxes à veaux et vêlage. Sur la partie gauche du couloir central, l’aire sur caillebotis ne dispose pas de logettes. A la place, Olivier a préféré conserver une aire paillée classique. Ce choix était avant tout dicté par un souci d’économie : en ne généralisant pas le système logette à l’ensemble du bâtiment, l’éleveur gagnait en volume de fosse à construire.
La fosse dessine un rectangle qui chemine sous les deux bandes de caillebotis situées de part et d’autre du couloir central d’alimentation. Cette fosse en forme de "O" permet au lisier de réaliser un circuit complet lors des opérations de mixage, indispensables pour ce type d’effluent. Un aspect important dans la conception de ce type de bâtiment, fait remarquer Olivier. Mieux vaut que la fosse dessine un "O" complet plutôt qu’un "U" par exemple. Dans le bâtiment de Michel, deux mixeurs sont nécessaires du fait de la longueur importante du bâtiment (40 m).

Logettes bétonnées


Les logettes ont été achetées d’occasion. Larges de 1,20 m et longues de 2,50 m, elles sont adaptées au gabarit d’une charolaise. Les vaches d’Olivier se sont accommodées sans difficulté à ce mode couchage. Sur le béton rainuré de ses logettes, l’éleveur ne met ni sciure, ni paille, ni matelas.
Aucune recrudescence de boiterie n’a pour l’heure été constatée. Le sol des logettes est en légère pente, de sorte à ce que les jus s’évacuent bien du couchage, signale Olivier.
Après cinq hivers d’utilisation, le jeune éleveur se dit très satisfait de son choix. Grâce à ses logettes, il n’a même pas besoin d’acheter de paille. Les dix hectares de céréales qu’il cultive lui suffisent pour être autosuffisant. A cela s’ajoute l’économie d’un hangar de stockage supplémentaire, d’une pailleuse… C’est aussi moins de problèmes liés aux poussières, que ce soit pour les animaux ou pour l’éleveur lui-même.

Simplification du travail


Efficace pour lutter contre la dépendance à la paille, le système logettes sur caillebotis se révèle en outre très bénéfique en termes de simplification du travail. Au-delà du paillage quotidien économisé, il dispense aussi des lourdes et fastidieuses manipulations du fumier.
Fini les pénibles curages et innombrables va-et-vient pour transporter le fumier en bout de champ. Une tâche qui nécessite diverses tracteurs, chargeurs, bennes et épandeurs, tous gourmands en gasoil !
« Avec le lisier, l’évacuation de l’effluent ne nécessite qu’une seule manipulation et un seul tracteur. Grâce à notre Cuma, le coût de notre tonne à lisier est très avantageux. Il ne faut guère plus de trois minutes pour remplir 6.000 litres ! », confie Michel.
Grâce à ce système, l’astreinte que doit supporter Olivier en hiver s’en trouve allégée. Libéré du paillage et des curages, le jeune éleveur se concentre sur l’alimentation et les soins aux animaux. Fait remarquable : le tracteur n’a besoin d’être démarré que deux fois par semaine en plein hiver ! Grâce aux bottes carrées hautes densité que les Nidiau utilisent depuis quelques années, Olivier distribue le fourrage à la main. Les bottes carrées sont disposées à l’avance sur la longueur du couloir. Et pour le pansage quotidien, l’éleveur reprend à la fourche les petits carrés de foin qui se détachent sans difficulté des balles hautes densité.

Vêlages tardifs, foin et enrubannage


La solution logettes sur caillebotis est adaptée au système d’Olivier Nidiau, mais elle ne le serait pas forcément pour un autre élevage. Avec des vêlages traditionnels de fin d’hiver, les veaux sont encore petits en bâtiment ce qui leur permet de naviguer sans encombre entre les logettes et les boxes à veaux. Plus gros, ils auraient du mal à passer sous la barre avant des logettes, signale Olivier. Autre précision : ce mode de logement convient bien au système foin/enrubannage de l’exploitation. Si les animaux ne recevaient que du foin, l’alimentation trop sèche serait un problème pour la gestion du lisier dans la fosse. Idem en cas de libre-service foin, signale encore l’éleveur.
Avec le recul, plusieurs inconvénients ou défauts ont été mis au jour dans ce nouveau bâtiment. Olivier aurait préféré que ses boxes à veaux soient placés entre deux cases de vaches, de sorte qu’ils accèdent eux aussi aux cornadis. Cela aurait rendu plus facile la capture et l’immobilisation des veaux. La partie dépourvue de logettes où les caillebotis côtoient une aire paillée n’est pas à proprement parler une réussite pour la gestion des lisiers. Même si l’éleveur apprécie cependant de disposer d’un peu d’aire paillée.

Bâtiment moins grand et économie de fonctionnement


Construit en 2010 avec beaucoup de travaux réalisés par les éleveurs eux-mêmes, le bâtiment d’Olivier est revenu à 2.725 € par vache. L’éleveur fait remarquer que les logettes nécéssitant des surfaces par vache moins importantes qu’en aire paillée (9 mètres carrés par vache au lieu de 12 à 13 m2), le surcoût de tubulaire et de béton est compensé par un bâtiment somme toute moins grand. En outre, l’éleveur rappelle que cette construction a permis en même temps de mettre aux normes l’ancienne étable entravée. Si l’aménagement en logettes génère un surcoût, Olivier fait remarquer qu’au bout de quinze ans, une fois ses annuités remboursées, il n’aura pas à supporter à vie d’excessifs coûts de fonctionnement liés à la paille !

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