Plus de synergie
actions devient stratégique, la FDSEA, les Jeunes agriculteurs et la
chambre d’agriculture de Saône-et-Loire ont tenu bureau commun. Pour une
meilleure synergie.
Reste que le contexte économique qui sévit dans le monde agricole impose à tous la meilleure efficacité dans chacune de ses actions. Et celle-ci passe, entre autres, par une meilleure connaissance des autres pour engager l’indispensable synergie.
« Dans un contexte qui est ce qu’il est, il nous a semblé utile, pour ne pas dire indispensable de traiter un certain nombre de questions ensemble. D’aborder des réflexions ensemble, et d’arrêter des positions communes », rappelait dans son mot d’accueil Bernard Lacour, président de la FDSEA 71, le 19 septembre. Tout le monde a bien sûr en tête la crise agricole qui sévit, et cela dans toutes les productions…, mais les travaux ne portaient pas que sur ce sujet, même s’il a occupé une bonne partie de l’après-midi.
Des découpages multiples…
De fait, au menu des travaux de ce premier bureau commun, l’organisation territoriale occupait une bonne place. Il faut dire que la loi NOTRe d’une part, mais aussi les redécoupages des nouveaux cantons imposent une réflexion de fond sur l’organisation du, des réseaux… « Notre organisation reposait jusqu’alors sur les cantons, mais ces derniers ne sont plus », campait Bernard Lacour, qui rappelait que cette réflexion avait été engagée au sein du réseau syndical lors du dernier mandat (bureau, séminaire, conseil fédéral…), mais qu’il avait été jugé important d’attendre pour appréhender la réforme territoriale dans sa globalité lorsque celle-ci serait achevée. Et le moment semble venu.
De fait, Thierry Igonnet, directeur de la FDSEA, passait en revue les nombreux et souvent fort différents découpages existants :
- le législatif, avec cinq circonscriptions « régulièrement redécoupées et dont l’enjeu territorial est faible » ;
- l’administratif avec les arrondissements, « des niveaux qui sont progressivement vidés de leurs compétences » ;
- par pays : « on en compte six en Saône-et-Loire, et font l’objet de contractualisation avec la Région. Les enjeux y sont forts par rapport au financement des possibles projets » ;
- par Scot : « le découpage est le même que celui des pays et il constitue un enjeu majeur au regard de la consommation du foncier » ;
- par canton : « ils sont 29 nouveaux cantons en Saône-et-Loire, avec un lien très variable au territoire… Les enjeux y sont départementaux, notamment sur le social. Les volets économiques et agricoles y sont incertains » ;
- par instance de coopération intercommunale : « il y a celles qui existent, celles qui ont été annoncées par le préfet et, enfin, celles qui seront issues du débat en mars prochain ». L’enjeu territorial et économique y semble majeur au regard des augmentations de compétences de ces EPCI, dotés d’une fiscalité propre : des compétences sur l’eau, sur l’urbanisme… ;
- d’autres découpages encore : sur l’eau, les Sdage, Natura 2000, la gestion des ordures ménagères, les limites du Parc régional du Morvan…
Là où se prennent les décisions
« Il est impossible d’être exhaustif », concluait le directeur de la FDSEA, pointant des découpages obsolètes et d’autres dont on sent la montée en puissance… « Il y a des chances que certaines Comcom se dotent de compétences agricoles », notait-il ainsi.
« Nous avons l’obligation de nous poser la question et de réfléchir à ces évolutions car force est de constater qu’aujourd’hui, nous sommes mal positionnés dans les découpages anciens », renchérissait Bernard Lacour, soulignant que « la complémentarité est source d’efficacité parce que les enjeux du positionnement territorial sont de se trouver là où se prennent les décisions ».
A ce titre, le président de la FDSEA rappelait « la volonté de conserver le niveau communal », niveau de proximité qui a fait ses preuves depuis longtemps, mais « aussi la décision de ne pas rester sur des découpages, les anciens cantons, qui n’existent plus. Il nous semble, après mûres réflexions, que la communauté de communes est le niveau où il faudrait se situer, dans la suite logique des échelons communaux et régionaux ». Tous en conviennent, cette évolution est nécessaire, mais doit se faire dans le respect des habitudes de travail et sans casser ce qui fonctionne bien.
La clef de l’efficacité
Reste que, et encore faut-il le rappeler avec force et de manière coordonnée, « l’agriculture fait pleinement partie de l’économie », laquelle est désormais une compétence dévolue aux intercommunalités.
Pour Christian Decerle, président de la chambre d’agriculture, « il y a obligation de rebondir, de se positionner dans le nouveau paysage car on pense déjà naturellement de moins en moins à nous. Cela nous oblige à faire entendre notre voix pour conserver de l’efficacité à nos actions ». A ce titre, il apparaît stratégique que la profession se dote de représentants, au travers de responsables professionnels mais aussi de techniciens de référence sur chaque territoire donné. Des évolutions de périmètres d’activité des conseillers agricoles de terrain sont ainsi en cours, comme le confirmait Hervé Lecâtre, technicien du secteur d'Issy-L’Evêque appelé à prendre de nouvelles responsabilités au sein de la chambre d’agriculture du fait du prochain départ à la retraite de Rémy Guillot, actuel chef de services Conseil et Entreprises.
« Nous avons commencé à réfléchir aussi, bien que notre découpage territorial ne soit déjà pas celui des anciens cantons du fait des regroupements de cantons qui ont été opérés ici ou là », complétait Guillaume Gauthier, président des JA 71, pour qui l’enjeu est de « faire émerger des personnes compétentes pour porter les dossiers ».
Objectif : 2017
A ce stade, la réflexion est plus qu’en marche et impactera le fonctionnement des Comités territoriaux mis en place au sein des cinq arrondissements, visant à faire émerger des projets portés par chacun des territoires.
« Si nous allons groupés dans ce schéma, nous aurons une vraie légitimité », analysait Joël Maltaverne, vice-président de la FDSEA pour l’arrondissement d’Autun, qui invitait à associer le réseau des Cuma dans la réflexion. « Nous aurons à faire connaître cette représentation, car il ne sera pas partout "spontané" que les communautés de communes pensent toutes à l’Agriculture », observait judicieusement Jérome Henry, trésorier de la FDSEA.
« Les découpages des futures Comcom sont encore appelés à être modifiés », rappelait Bernard Lacour, pour qui « l’échéance est d’être prêt pour 2017, ce qui suppose d’avoir arrêté avant fin 2016 la réflexion et d’avoir fait savoir cela aux élus des nouvelles intercommunalités ». Parce que « pour imposer notre approche aux Comcom, il faut que nous structurions notre représentation ».
Une belle ambition.
Former en synergie
Alors que Bernard Lacour et Thierry Igonnet sont en train d’achever une tournée des différentes organisations professionnelles agricoles, tournée débutée fin août et qui a permis de « bons et riches échanges, révélant la demande de complémentarité, partout, entre les actions des uns et des autres », le besoin en formation des futurs responsables professionnels est apparu comme une attente importante.
A l’image de la formation Synergie lancée avec succès il y a quelques années mais qui s’est étiolée depuis, le bureau commun de la FDSEA, des JA et de la Chambre a souhaité la mise sur pied d’un nouveau cycle de formation inter-OPA pour faire émerger une nouvelle génération de responsables à même de porter les revendications du département, et cela quelle que soit la nature de l’engagement (syndical, économique, mutualiste, associatif…). « Quand on se connaît, on ne considère plus l’autre comme avant », rappelait en substance Robert Martin, premier vice-président de la chambre, lequel a été missionné, avec Jérome Henry, pour porter cette dynamique.
L’installation en souffrance
Autre sujet abordé, l’installation et la dynamique observée en Saône-et-Loire. « 2015 connaît un tassement de l’ordre de 20 % des installations aidées et nous devrions terminer l’année avec près de 80 dossiers contre 100 à 110 en année normale », faisait état Guillaume Gauthier. Tous y voient à juste titre les incertitudes liés à la nouvelle Pac, mais aussi et surtout au contexte de crise qui sévit dans la plupart des productions… Reste que le président des JA 71 poussait un coup de gueule sur la gestion des dossiers, alors que, « depuis seulement à peine deux mois, certains dossiers datant du 1er janvier 2015 ont été débloqués. Et pas tous… ».
Vice-président national des JA en charge de ce dossier, Jérémy Decerle détaillait les évolutions en cours, notamment en ce qui concerne le Plan d’entreprise, le PE, lequel sera désormais plus souple. Le moindre recours aux prêts bonifiés du fait des taux actuels sur le marché pousse le ministère a envisagé une refonte des soutiens publics à l’installation, notamment au travers d’une aide, en complément de la DJA, et qui serait liée à un investissement.
Dans ce contexte, l’accueil du projet congrès national des JA, le cinquantième du genre, ce qui n’est pas rien, prend un éclairage particulier dans le département…
Nous en reparlerons.
Accompagner ceux qui en ont besoin
Le contexte difficile, tant pour les producteurs laitiers que les éleveurs et maintenant les céréaliers, ne masque pas les différences de résultats entre certaines exploitations qui font "mieux que résister" et d'autres qui souffrent plus quelles ne devraient.
Conscients de cette situation, les élus de la chambre ont engagé une démarche globale et innovante, expliquait Christian Decerle. Hervé Lecâtre présentait l'important travail réalisé pour aller au contact des éleveurs dans un premier temps, puis de tous les agriculteurs et viticulteurs qui le souhaiteront très vite. L'idée est de proposer à chacun un diagnostic et un accompagnement personnalisé et adapté à ses besoins.