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Vendanges 2011

« Plus on avance, plus elles reculent »

Le 10 août à La Chapelle-de-Guinchay et le 11 août à Fuissé et à Saint-Désert, l’Union viticole de Saône-et-Loire organisait trois réunions pour préparer les vendanges 2011. La MSA, les Chambres d’Agriculture du Rhône et de Saône-et-Loire, le service Emploi de la FDSEA, la CAVB, le BIVB ou encore le Laboratoire départemental d’analyse donnaient tous, dans leurs disciplines respectives, les derniers conseils avant récolte.
Par Publié par Cédric Michelin
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« Les possibilités de replis deviennent complexes ». Dans le sud du département, à La Chapelle-de-Guinchay –frontière entre appellations beaujolaises et bourguignonnes–, le premier dossier abordé n’avait que très peu à voir avec les vendanges. En effet, le Président de l’USC de la Chapelle-de-Guinchay, Gérard Trichard débutait sur le délicat dossier de l’autorisation de produire du Bourgogne dans des parcelles sous cotisations beaujolaises (UVB). Dernièrement, l’INAO a décidé d’exclure les communes de Romanèche-Thorins et de la Chapelle-de-Guinchay de l’aire de production des Bourgognes (blancs, pinot noir, rosé et aligoté), attirant « l’attention » des viticulteurs et pas seulement. « Le négoce est bien embêté », lui qui pratique de façon « non négligeable » le repli en appellation Bourgogne. Une pratique qui permet « diversification et viabilité » pour bon nombre d’exploitations dans le beaujolais, toujours en crise. En cause, l’INAO considère qu’il n’y a pas de calcaire sur les cartes géologiques dans ces secteurs (idem pour les communes de Saint-Symphorien d'Ancelles et de Pruzilly). Les viticulteurs locaux estiment eux et s’appuient sur « des analyses de sols qui prouvent le contraire ». Ils ne manqueront pas de le signaler à l’INAO mais, un travail de terrain, parcelle après parcelle, s’annonce donc…
Pour Robert Martin, président de l’Union viticole, « ça devient illogique. La Chapelle-de-Guinchay et Romanèche-Thorins sont administrativement en Bourgogne. Les crus (sauf Régnié) situés majoritairement dans le Rhône, conservent pourtant eux, ce droit de revendiquer l’appellation Bourgogne ». D’autant plus que cette décision arrive alors que l'Etat demande le regroupement en grand bassin de production pour mieux affronter les marchés mondiaux... 

Une secrétaire pour les vendanges ?


Retour aux vendanges ensuite. Pour la MSA Bourgogne, Gilles Vassel attirait l’attention des chefs d’exploitation sur les conditions de travail, sur les déclarations obligatoires et, particulièrement sur le «fameux » taux de réévaluation du SMIC à faire figurer sur le TESA (titre emploi simplifié agricole) pour ainsi bénéficier de l’exonération patronale sur les cotisations sociales des salariés.
Du service Employeur de Main d’œuvre de la FDSEA 71, Aurélie Stasik égrenait ensuite d’autres spécificités pour les contrats vendanges 2011 : heures majorées, travail le dimanche, travailleurs étrangers, jeunes, bénévolat, ramadan… Au final, les viticulteurs présents aboutissaient tous à la même conclusion : « La législation devient insupportable ! Il va bientôt falloir prévoir un contrat secrétaire, en plus des autres contrats », ironisaient-ils, jugeant négativement la simplification administrative virtuelle.
D’ailleurs, le représentant des Douanes, Joël Cornu revenait sur la déclaration de stock « qui a pu vous surprendre » suite à sa récente modification. La télédéclaration de stock sur Internet est désormais possible. Cette dernière doit être déposée avant le 1er septembre en Mairie ou sur le site des Douanes.

« On n’a jamais vu ça ! »


Place était ensuite donnée aux techniciens. Premier à s’exprimer, Guillaume Paire du Service Vigne & Vin de la Chambre d’Agriculture : « Nous avons eu une année exceptionnelle », reconnaissait-il en matière de pression sanitaire sur le millésime 2011. « On n’a jamais vu ça ! », commentait-il, « une quasi absence de mildiou, même dans les témoins non traités ». « Notre hypothèse : le temps sec printanier a dégradé l’inoculum ». Côté oïdium, « les symptômes se sont intensifiés au mois de juin, notamment sur Chaintré, Lugny, Viré… avec des symptômes sur grappes et l’apparition de nouveaux foyers ». Néanmoins, 2011 restera comme un millésime présentant « moins d’attaques mais plus fortes ». Alors que pour le botrytis, la pression est considérée comme « faible à moyenne ». Les conditions climatiques de ces derniers jours vont être déterminantes. Pour l’heure, le bilan phénologique laisse toujours apparaître une évolution ressemblant à celle de 2007, notamment depuis les conditions d’avril qui ont accentué l’avance végétative. Les premiers grains vérés ont été observés le 15 juillet.

Récolte prévue dans la moyenne décennale


Ce fut ensuite au tour de Christine Monamy, responsable de la coordination technique à l’interprofession. Le BIVB réalise désormais une "estimation" de la récolte pour le millésime à venir en faisant des prélèvements au stade fermeture de la grappe (réalisés les 27-28 juin 2011). Pour le millésime 2011, le nombre de grappe au m2 est « stable ». Le poids unitaire des grappes est lui aussi « stable » en Saône-et-Loire en ce qui concerne le cépage chardonay mais est en « légère augmentation » sur les cépages rouges, pinot noir et gamay. Du fait de millerandages et de coulures sur les parcelles de références du BIVB, le nombre de baies par grappe a lui, « tendance à diminuer » comparativement aux années précédentes et les poids unitaires des baies sont « relativement faibles », équivalent à 2009. Christine Monamy prévoit tout de même « une récolte agronomique sur les ceps approchant 1.500.000 hl, dans la moyenne décennale en Bourgogne ».
Concernant la maturité, le 11 août, les acidités restaient « hautes » mais « vont diminuer dans les jours à venir. Même sans de fortes chaleurs (30 à 34°C) pour dégrader l’acide malique, l’acidité totale va plus diminuer par grossissement des baies et dilution. On vous incite à faire des contrôles pour surveiller l’évolution », préconisait-elle.
Au final, en terme de maturité, « ce rafraîchissement des températures va faire qu’on ne va pas vendanger aussi tôt que ça. Plus on avance dans le mois d’août, plus les dates de vendanges reculent », concluait Robert Martin.


SO2 moléculaire


Christine Monamy a également présenté de nouveaux outils pratiques en ligne sur le site du BIVB. Trois calculateurs permettent désormais de connaître la surface externe du couvert végétal, les doses pour chaptaliser, et le taux de SO2 moléculaire. Ce dernier étant la fraction (avec le SO2 combiné et le SO2 libre) la « plus petite, très efficace pour bien protéger votre vin contre les microorganismes du vin, tels les bret’s (brettanomyces) ». Ce SO2 moléculaire est en revanche très « sensible » aux conditions de pH, aux températures et aux degrés alcoométriques. « Attention aux fûts neufs qui favorisent la diffusion des brett’s en raison du substrat plus propice offert à ces microorganismes », complétait Patrice Joseph du LDA 71.




Les conditions de production en septembre


Marion Saüquère de la CAVB (Confédération des appellations et des vignerons de Bourgogne) a présenté un bilan partiel des visites de vigne réalisées par les 19 commissions saône-et-loiriennes. 177 constats ont été dressés par la CAVB (-20% par rapport à 2010) à la suite des visites (3.475 ha en 2011), soit 101 opérateurs concernés et 105 ha.

Elle précisait ensuite les conditions de productions proposées par les ODG à l’INAO, par l’intermédiaire de la CAVB. La commission régionale du CRINAO a donné un avis favorable fin juillet. « Les propositions des syndicats étant cohérentes pour que les replis soient possibles, l’INAO devrait suivre ». La commission permanente de l’INAO donnera sa réponse définitive le 28 septembre prochain, « toujours après les vendanges », remarquaient les viticulteurs.


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