Porter haut ses valeurs
indépendants de Saône-et-Loire est revenue sur ses activités 2013, lors
de son assemblée générale. Salons, pique-nique, marche gourmande… si les
événements ne manquent pas pour déguster les vins, c’est désormais la
production qui fait défaut. La faute à la météo mais aussi aux maladies
du bois. Ce qui n’est pas sans conséquence sur les revenus à venir des
vignerons.
Car le réseau des Vignerons indépendants est bien structuré, comme en attestait Thomas Montagne, le vice-président national. D’emblée, il défendait la filière : « je ne cesse de répéter qu’il faut arrêter en France de se tirer une balle dans le pied en disant que le vin est une drogue alors qu’il fait vivre tout un écosystème, en créant de la valeur ajoutée pour tous ». Taxe comportementale, interdiction de communiquer sur les réseaux sociaux,… « il y a des totalitaires au plus haut de l’Etat et il faut les empêcher d’agir ». Et ce, dès le niveau local…
Quatre fois plus de droits de plantation nouveaux
Ce vigneron du Lubéron s’est également « passionné » pour l’Europe et est devenu président de la CEVI, au niveau des dossiers européens. Là encore, le travail ne manque pas. Fondé il y a 11 ans, le CEVI regroupe 10 pays et représente 10.000 adhérents, dont 6.000 vignerons indépendants français. « Je n’ai pas honte de dire qu’à Bruxelles, je suis un lobbyiste. Bien expliqué, un dossier a de l’impact ». Et de citer, l’exemple du « combat » contre la libéralisation des droits de plantation, qui a permis de l'éviter. Pour autant, ce n’est jamais gagné d’avance ni pour toujours. « Nous avons obtenu un quota d’1 %. Ce qui est quand même énorme, multiplié par quatre, puisqu’avant, en droits nouveaux, nous étions à 0,25 %. Il y a un risque sur les équilibres entre AOP et vins sans IG ». D’autres dossiers continuent également à être négociés : le « système assurantiel pour assurer des revenus » ; les droits d’accises en matière de ventes à distance sur Internet…
La plate-forme nationale à Mâcon ?
Hormis ces dossiers syndicaux, la fédération nationale recherche également des prestataires pour vendre des prestations œnotouristiques, ne pouvant légalement le faire directement. Elle est également en train d’étudier la faisabilité d’une plate-forme logistique pour livrer les vins de ses adhérents, notamment avec le site e-commerce, ventealapropriete.com, qui vient justement d’investir près d’un million d’euro dans sa plate-forme (stockage, expédition) à Mâcon. « Ils viennent à nous, preuve que notre logo est attractif ». Décidemment une « image d’artisans » qui porte bien des « valeurs »…
Les fibres du papier anti-contrefaçon
Basée à Beaune, la société Autojon – spécialiste des étiquettes et autres étuis packaging – vient de s’associer avec la société Prooftag pour développer des solutions d’étiquettes anti-contrefaçon pour les vins et spiritueux. La technologie utilisée est « assez simple » et fait appel au papier (FiberTag) « créant une empreinte de fibres visibles au sein de la pâte à papier » numérisée et associée à un QR code, ces codes barres pouvant être interactifs. Les consommateurs, distributeurs et revendeurs peuvent les « flasher » à l’aide de leurs smartphones et vérifier ainsi l’authenticité de la bouteille, et même avoir des informations complémentaires sur le vin et le producteur.
Côté étiqueteuse, après commande en ligne, le vigneron doit coller ces stickers « comme des médailles ». Une offre spéciale est réservée aux Vignerons indépendants (60 € du 1.000 ; nombre de pages produits illimités…). Cette solution permet aussi de savoir dans quelles régions du monde sont consommés au final les vins où encore suivre son réseau de distribution, permettant également de savoir si des bouteilles se retrouvent dans des réseaux non désirés.
Vers 35.000 € de revenu en 2013
Du CERFrance 71, Nicolas Roux détaillait les résultats comptables de leurs panels de vignerons vendant plus de 20 % en bouteilles. Sur 2012, donc pour la récolte 2011, le comptable observe des revenus moyens supérieurs à 30.000 €/UMO (Unité de main-d’œuvre). Un chiffre qui se « maintient » mais qui fait suite à une année compliquée. Sa projection sur 2013 laisse entrevoir que la majorité des vignerons devraient « passer la barre » des 35.000 €/UMO, en raison notamment de la hausse des cours du vrac, pour ceux vendant au négoce, et de l’effet déstockage. Sur les résultats 2014, « plus de soucis » sont à craindre surtout pour les exploitations ayant connu deux années déficitaires en volume récolté.
La montée en gamme se confirme aussi dans les chais particuliers avec un prix de vente bouteille atteignant en moyenne aujourd’hui 6,35 € (+6 %) mais pour un nombre vendu en baisse.
Autant dire qu’il faut surveiller les coûts de production. « Bonne nouvelle, les Domaines fonctionnent » puisque le prix de vente est toujours supérieur au prix d’équilibre et au prix de revient. Le résultat est donc en moyenne positif et « plus on augmente la part de bouteilles vendues - proportionnellement au vrac - et plus la marge augmente », en diluant notamment les charges commerciales, de structure… Ces dernières « pèsent » toujours près de 55 % du prix de vente bouteille. Les charges sont néanmoins bien maîtrisées – « stabilisées depuis 3-4 ans » - donnant une légère hausse du produit par ha.
D’ailleurs, le capital d’exploitation progresse et est désormais proche de 50.000 €/ha, financé à 50 % par de l’endettement. Pour tout développement de l’exploitation, le besoin en fonds de roulement doit donc être « anticipé » puisque le cycle de commercialisation s’étale sur des années parfois.
Communication et ventes tout azimut
La secrétaire générale, Muriel Denizot, présentait les actions 2013, année encore « riche en événements, en contacts et en communications ». Que ce soit via des encarts publicitaires, le site web, les réseaux sociaux… les Vignerons indépendants sont « suivis », notamment sur Facebook et le nouveau compte Twitter, qui sont autant de signes « encourageants pour le renouvellement de notre clientèle ». Mais les autres canaux ne sont pas délaissés pour autant avec l’office du tourisme mâconnais Val-de-Saône ou encore la route des vins Mâconnais-Beaujolais, comme en attestait la présence du conseillé, Daniel Juvanon.
L’œnotourisme est à la mode et la dernière marche gourmande a vu 500 participants découvrir les vins de Mercurey. Nul doute que le 22 juin prochain, sur la commune de Leynes, ils seront autant, sinon plus, à partir à la découverte de l’appellation saint-véran.
Pour tous les autres, session de rattrapage obligatoire lors du week-end de Pentecôtes (7, 8 et 9 juin) avec l’opération nationale consistant à aller pique-niquer chez un vigneron, offrant son vin adéquat.