Accès au contenu
Agribashing

Pour avoir la parole, il ne faut plus avoir peur de la prendre

C'est un édito - franc, fort et sincère - d'une confrère journaliste qui va droit au but et tape en plein dans le mille. Venue remplacée une collègue à « l'Allier Agricole » et découvrant les réalités du monde agricole, Eva Simonnot ne ménage pas ses mots.

Par Publié par Cédric Michelin
Pour avoir la parole, il ne faut plus avoir peur de la prendre

Pour avoir la parole, il ne faut plus avoir peur de la prendre
Depuis quelques mois, j’ai le plaisir de remplacer votre journaliste attitrée, Marie Renaud, pour chroniquer la vie de votre territoire.
Quelle claque! Pour être honnête, je suis arrivée en septembre avec mes grosses bottes embouées de préjugés: « à bas le glyphosate et les abattoirs ». Il n’aura pas fallu longtemps pour remballer ma salive. En arpentant les campagnes bourbonnaises, on rencontre toute sorte d’agriculteurs : des grincheux au grand cœur, des hommes et des femmes capables de venir bousculer la préfète sous un ciel glacial, un président de syndicat plus gentil négociateur y’a pas, des jeunes lycéens d’une intelligence saisissante quand il s’agit de parler de leur future installation, des hommes qui pleurent quand on annonce la victoire de leur veau au super prix d’honneur, des entrepreneurs audacieux qui veulent révolutionner la vente de céréales, un directeur de coop à l’humour grinçant, des retraités mobilisés dans leurs caisses locales pour faire entendre la voix de ceux qui - ne l’oublions pas - ont été les premiers à miser sur la mutualisation des forces.
P**** que ce monde est attachant et m*** il n’en n’a pas conscience. J’emploie ces gros mots à dessein. Car trop souvent, j’ai aussi entendu dire sur le terrain qu’ « on n’a pas forcément les mots pour se faire entendre », ou qu’ « on ne sait pas parler ». Franchement, on s’en contref*** d’avoir les bons mots. L’enjeu pour demain est de taille. Savoir se vendre dans un monde qui ne sait plus comment sortir du buzz. « La vie normale ne fait pas le buzz », dit-on aussi en coulisses. Pas grave. Il faut continuer à mener un travail de fond, à s’emparer des demandes du consommateur pour en faire une force. Et parfois… Des journaux de référence comme The Economist se font le relais d’une réalité que même les agriculteurs ignorent: le modèle agricole français est le plus durable du monde. Grâce à qui ?
Eva Simonnot