« Pour faire de grands Chefs, il faut à la base de bons produits »
France du 26 au 28 septembre, à travers des évènements associant tous
les acteurs de la filière alimentaire : chefs cuisiniers, entreprises,
collectivités territoriales, sans oublier les agriculteurs. Interview de Luc Smessaert, membre du bureau FNSEA, responsable du dossier de la fête de la gastronomie
Luc Smessaert : Il est très important qu’on y soit associés, d’abord parce que les agriculteurs constituent le premier maillon de la filière. Pour avoir une renommée mondiale de la gastronomie française, pour faire de grands chefs, il faut à la base de bons produits. Les deux slogans choisis pour l’évènement, « de l’étable à la table » ou « de la fourche à la fourchette », illustrent bien que pour atteindre l’excellence, il faut du bon du début à la fin. On rejoint le combat de la FNSEA qui est de soutenir la production française et la filière alimentaire de A à Z. Car derrière la FNSEA, il y a des hommes et des femmes de talent qui travaillent tous les jours pour produire le mieux possible, malgré toutes les difficultés climatiques et économiques. Ce sont eux qui permettent à l’agriculture française d’exprimer sa diversité exceptionnelle. Par ailleurs, on retrouve aussi dans la Fête de la Gastronomie, beaucoup de valeurs du monde agricole : le partage autour de la table, la convivialité, les échanges autours de bons plats et de bons vins… qui font partie des spécificités françaises à valoriser.
N’est-ce pas difficile de faire entendre la voix des agriculteurs au milieu de tous les autres acteurs de cet évènement, initié à l’origine par le ministère de l’Artisanat, du commerce et du tourisme ?
LS : Nous participons aux comités de pilotage de la Fête de la Gastronomie. Il ne faudrait surtout pas que la production soit absente et qu’on laisse uniquement les Chefs parler des produits comme s’ils les avaient faits eux-mêmes, parler des leurs « petits fournisseurs » sans que l’on puisse rendre hommage à l’ensemble de la production. Le ministre de l’Agriculture a aussi demandé à ce qu’on y prenne part. Autre facteur de légitimité des agriculteurs : comme eux, la Fête de la Gastronomie s’inscrit au cœur des régions, au cœur des territoires. Nous serons présents dans toutes les régions, avec l’idée de reconnecter la profession avec les artisans, les boulangers, de renouer avec les restaurateurs… C’est l’occasion de renforcer les liens avec tous ces métiers, pendant la Fête de la Gastronomie mais aussi tout au long de l’année. Les agriculteurs ne vivent pas dans une bulle, c’est important d’être intégré au tissu économique local.
Concrètement, quel type d’évènements se dérouleront sur le territoire ?
LS : Un des enjeux, pour la FNSEA, est de montrer que la gastronomie peut être abordable partout, qu’elle n’est pas réservée à une élite. Des actions seront donc menées au niveau de la restauration hors foyer : dans les cantines, en milieu scolaire ou en milieu hospitalier. L’année dernière, par exemple, nous avons fait cuisiner par un chef régional 1.700 repas pour des étudiants, avec entrée, plat et dessert pour 3,20 €. C’est possible, même avec des produits locaux. Il y aura aussi des actions sur les marchés, des démonstrations pour mettre en valeur les produits du terroir et la façon de les cuisiner, ce qui permettra en cette période de crise de redécouvrir certains plats considérés comme moins nobles, mais qui ont pourtant beaucoup de goût. Des fermes ouvertes seront également organisées et des chefs pourront venir y cuisiner, pour une fois encore renforcer ce lien entre consommation et production.
Quel message voulez-vous communiquer au grand public à l’occasion de cet évènement ?
LS : On ne gagnera pas seuls la bataille de la production française sans un lien fort entre le producteur et le consommateur. Ce n’est qu’en mobilisant tous les acteurs de la filière alimentaire que l’on gardera l’excellence française tout en faisant travailler l’économie de notre beau pays, et c’est d’autant plus vrai dans le contexte actuel, avec les difficultés liées à l’embargo russe.
La Fête de la Gastronomie, c’est quoi ?
C’est un événement national, initié il y a 4 ans par le Secrétariat au Tourisme et au Commerce.
En 2013 : la Fête de la Gastronomie a permis de rassembler :
- 7650 projets d’actions « labellisés », dont 103 à l’étranger
- Plus de 230 000 professionnels
- Un public d’environ 1 million de personnes
En 2014 : la Fête de la Gastronomie aura lieu les 26, 27 et 28 septembre, partout en France, et à l’étranger.
Rappelons que les agriculteurs sont la base de la gastronomie française et que la France est le premier producteur agricole de l’Union européenne et la troisième puissance agricole au monde.
La gastronomie en France, c’est :
- Près de 61,8 milliards d’euros de chiffre d’affaires et 794 000 emplois salariés pour les métiers de la restauration, soit le 5ème secteur pourvoyeur d’emplois
- Plus de 145 milliards d’euros de chiffre d’affaires et 475 000 actifs pour les métiers de bouche
- Plus de 1,7 milliard d’euros de chiffre d’affaires pour les arts de la table
- 13, 5 % des dépenses des touristes étrangers
Pour inscrire un projet ou pour suivre les événements :
www.fete-gastronomie.fr
Une initiative locale : dégustations gratuites sur le marché de Graveson
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Marie-Paule Chauvet est productrice de fruits et de légumes et Présidente de la Commission des agricultrices de la FDSEA dans le département des Bouches du Rhône. Elle est à l’origine du marché paysan de Graveson, un marché qui a lieu tous les vendredis après-midi de mai à octobre, pas loin de villes qui sentent bon le Sud de la France comme Saint Rémy de Provence, Arles ou Avignon.
Pourquoi vous êtes-vous engagée à participer à la fête de la gastronomie ?
Marie-Paule Chauvet : J’y ai pensé dès la création de la fête parce qu’il me semblait qu’il fallait que les producteurs y participent. Il ne faut pas oublier que les producteurs produisent de bons produits. L’an passé, les producteurs présents sur le marché paysan ont eux-mêmes cuisiné leurs produits pour les faire goûter aux consommateurs. Il y avait du melon, des courgettes crues râpées, du poulet rôti, des gâteaux à la poire et à la pomme, des jus de fruits biologiques et du vin. Les Jeunes agriculteurs sont venus, quant à eux, avec des pommes et des prunes pour les faire déguster. Tout cela gratuitement. Nous avons eu beaucoup de succès.
Quelle forme va prendre votre participation à la fête de la gastronomie en 2014 ?
MPC : Cette année, nous recommençons bien sûr. Comme le thème national de la fête de la gastronomie est « l’amour des gestes et des savoir-faire », j’aimerais pouvoir monter en plus une petite expo photos pour montrer les gestes des viticulteurs, la cueillette des fruits, …Et puis, nous viendrons avec des fiches sur nos produits. Ce sont des fiches qui expliquent les bénéfices-santé de chaque produit et qui donnent des recettes. Elles sont toujours très appréciées.