Séchage en grange
Pour l’autonomie protéinique
Le séchage en grange progresse, lentement mais surement. Les adeptes se
font de plus en plus nombreux dans nos régions. Découverte de
l’installation de Jean-Paul Loisy.
font de plus en plus nombreux dans nos régions. Découverte de
l’installation de Jean-Paul Loisy.
A Rouy dans la Nièvre, la Fromagerie du Val d'Osseux de Nadine et Jean-Paul Loisy s’est convertie à l’agriculture biologique l'an dernier. Une démarche globale issue d'une réflexion entamée dès 2005, laquelle a conduit l'élevage à s'équiper d'un système de séchage en grange, l'un des deux dénombrés dans la Nièvre. La qualité du foin obtenu, hors fermentation lactique - laquelle entraîne une diminution des butyriques dans le lait des 85 vaches et des 50 génisses de races prim’holstein et jersiaise - est plus propice à la bonne santé du troupeau. Et les quatre coupes annuelles sur les 40 hectares de mélanges graminées-légumineuses se sont substituées au maïs ensilage qui nécessitaient une complémentation à base de tourteaux de soja importés. Dans la nouvelle organisation de l’exploitation, l'autonomie en protéines compenserait largement les investissements réalisés, selon Jean-Paul Loisy.
Une réflexion globale
La fromagerie du Val d'Osseux est bien connue pour ses fromages vendus en vente directe à la ferme et sur les marchés locaux. Nadine et Jean-Paul Loisy ont entamé depuis de longues années une réflexion globale sur l'amélioration de leurs pratiques, qui les ont conduits à s'intéresser à l'homéopathie vétérinaire ou à se convertir à la bio, en 2012, mais aussi à investir, en 2010, dans le séchage en grange.
Pratiquée dans les régions fromagères de Suisse, d'Autriche et dans les montagnes françaises, cette technique ancienne est une quasi-obligation lorsque le cahier des charges des produits AOC interdit l'ensilage de maïs, dont les fermentations entraîne un taux inapproprié de butyriques dans le lait. « C'est en allant en vacances en Savoie, dans le Cantal et dans le Doubs que j'ai d'abord été fasciné par la bonne odeur de foin qui régnait dans les fermes où le séchage en grange était pratiqué », explique Jean-Paul Loisy.
Dès 2005, il a imaginé et construit un bâtiment dédié aux génisses, de grande hauteur, à côté des bâtiments destinés aux vaches. Et, en 2010, à la suite d'une étude individualisée de Yann Charrier, un spécialiste aveyronnais du séchage en grange, l'éleveur a décidé d'investir dans un agrandissement du grand bâtiment et de s'équiper. La partie stockage culmine désormais à 9,50 mètres, à côté de la partie élevage en lamellé-collé et bardage bois.
133.000 € d'investissements
Grâce à l'ingénieux système de capteur solaire, la tonne de matière sèche (tMS) de foin séché lui revient à 18,63 €, contre 44,72 €/tMS avec le réchauffage au fioul ou le déshumidificateur.
En fait de capteur solaire, l’exploitation utilise tout bonnement les capacités colorifuges du fibromicement qui équipe la toiture du bâtiment. Des contre-plaqués sous des pannes, fixés sur les 740 m2 de toit, permettent de concentrer les flux d'air sous les fibrociments, eux-mêmes orientés plein sud et repeints en couleur ardoise pour concentrer les rayonnements du soleil. L'air est ainsi aspiré par un ventilateur géant, dont la capacité est de 30 m3/h, situé dans un local situé sous le toit. « Le ventilateur aspire l'air qui se réchauffe dans le canal entre la couverture et le faux plafond. Quand la température moyenne extérieure est de 20°C, je gagne 7 ou 8°C et quand elle est de 30°C, je peux gagner jusqu'à 15°C », témoigne l'éleveur.
L'air chaud est ensuite refoulé dans une gaine de ventilation qui longe les deux cellules à foin (de 150 m2 chacune) et passe sous la surface. Les cellules sont en effet équipées de caillebotis en bois, à 30 cm du sol, dans lesquels circulent l'ai réchauffé. Le foin, amené par une griffe de 9,50 m de hauteur, adossées à une cabine de pilotage qui se déplace le long d'une structure métallique fixée à la charpente, est transvasé de l'aire de déchargement vers les cellules, puis, quand il est sec, vers l'aire de déchargement ou vers les allées de la partie élevage des génisses. Au total, l'investissement a coûté 133.000 € à Jean-Paul Loisy qui détaille: « 40.000 € pour le stockage dans le bâtiment déjà construit en 2005, lequel a coûté 100.000 € au total) ; 70.000 € dans les cellules, la griffe et le ventilateur en 2010 et 23.000 € dans le capteur solaire, c’est-à-dire le faux plafond ».
Economie d'achats en alimentation
Face à l'investissement, l’élevage optimise les coûts d'alimentation du troupeau. « Nous faisons des économies sur les achats d'alimentation », précise Jean-Paul. Finis les 70 tonnes de tourteaux de soja qui apportaient l'azote pour complémenter le maïs et finies les bottes rondes. « Grâce à une association de graminées et de légumineuses, semée sur les prairies temporaires pour trois ans, je ne fais plus de traitement azoté ». Venus de Suisse, les mélanges sont semés à 47 % de luzerne, trèfle blanc, trèfle violet, trèfle hybride ainsi que de fétuque des prés, de ray-grass et de dactyle.
Sur les 40 hectares, le foin est récolté à 60 % de matière sèche, parfois précocement dès le 10 mai quand l’année le permet, et l'éleveur peut faire jusqu'à quatre coupes par an.
Finis aussi l'engrais minéral sur les plantes et le désherbage. Lisier et fumier sont valorisés. « En 1992, la Pac donnait plus d'avantages à faire du maïs que de l'herbe. Aujourd'hui, l'herbage a des DPU très faibles. C'est un non-sens agronomique, au prix du tourteau importé, quand produire ses propres protéines permet d'accéder à l'autonomie alimentaire », note l'éleveur, « et d'être moins dépendant des fluctuations des cours des matières premières ».
Et en dépit d’une baisse des rendements en lait du troupeau, la valeur du foin, « meilleur et très appétant », rend les animaux plus performants: « le lait vendu à la ferme est mieux valorisé par la qualité, les taux de butyriques sont nettement inférieurs et pénalisent moins la transformation fromagère ».
Jean-Paul Loisy en est convaincu : grâce à la "griffe" du séchage en grange, l'élevage aspire à mieux s'intégrer à « l'air du temps ».
Une réflexion globale
La fromagerie du Val d'Osseux est bien connue pour ses fromages vendus en vente directe à la ferme et sur les marchés locaux. Nadine et Jean-Paul Loisy ont entamé depuis de longues années une réflexion globale sur l'amélioration de leurs pratiques, qui les ont conduits à s'intéresser à l'homéopathie vétérinaire ou à se convertir à la bio, en 2012, mais aussi à investir, en 2010, dans le séchage en grange.
Pratiquée dans les régions fromagères de Suisse, d'Autriche et dans les montagnes françaises, cette technique ancienne est une quasi-obligation lorsque le cahier des charges des produits AOC interdit l'ensilage de maïs, dont les fermentations entraîne un taux inapproprié de butyriques dans le lait. « C'est en allant en vacances en Savoie, dans le Cantal et dans le Doubs que j'ai d'abord été fasciné par la bonne odeur de foin qui régnait dans les fermes où le séchage en grange était pratiqué », explique Jean-Paul Loisy.
Dès 2005, il a imaginé et construit un bâtiment dédié aux génisses, de grande hauteur, à côté des bâtiments destinés aux vaches. Et, en 2010, à la suite d'une étude individualisée de Yann Charrier, un spécialiste aveyronnais du séchage en grange, l'éleveur a décidé d'investir dans un agrandissement du grand bâtiment et de s'équiper. La partie stockage culmine désormais à 9,50 mètres, à côté de la partie élevage en lamellé-collé et bardage bois.
133.000 € d'investissements
Grâce à l'ingénieux système de capteur solaire, la tonne de matière sèche (tMS) de foin séché lui revient à 18,63 €, contre 44,72 €/tMS avec le réchauffage au fioul ou le déshumidificateur.
En fait de capteur solaire, l’exploitation utilise tout bonnement les capacités colorifuges du fibromicement qui équipe la toiture du bâtiment. Des contre-plaqués sous des pannes, fixés sur les 740 m2 de toit, permettent de concentrer les flux d'air sous les fibrociments, eux-mêmes orientés plein sud et repeints en couleur ardoise pour concentrer les rayonnements du soleil. L'air est ainsi aspiré par un ventilateur géant, dont la capacité est de 30 m3/h, situé dans un local situé sous le toit. « Le ventilateur aspire l'air qui se réchauffe dans le canal entre la couverture et le faux plafond. Quand la température moyenne extérieure est de 20°C, je gagne 7 ou 8°C et quand elle est de 30°C, je peux gagner jusqu'à 15°C », témoigne l'éleveur.
L'air chaud est ensuite refoulé dans une gaine de ventilation qui longe les deux cellules à foin (de 150 m2 chacune) et passe sous la surface. Les cellules sont en effet équipées de caillebotis en bois, à 30 cm du sol, dans lesquels circulent l'ai réchauffé. Le foin, amené par une griffe de 9,50 m de hauteur, adossées à une cabine de pilotage qui se déplace le long d'une structure métallique fixée à la charpente, est transvasé de l'aire de déchargement vers les cellules, puis, quand il est sec, vers l'aire de déchargement ou vers les allées de la partie élevage des génisses. Au total, l'investissement a coûté 133.000 € à Jean-Paul Loisy qui détaille: « 40.000 € pour le stockage dans le bâtiment déjà construit en 2005, lequel a coûté 100.000 € au total) ; 70.000 € dans les cellules, la griffe et le ventilateur en 2010 et 23.000 € dans le capteur solaire, c’est-à-dire le faux plafond ».
Economie d'achats en alimentation
Face à l'investissement, l’élevage optimise les coûts d'alimentation du troupeau. « Nous faisons des économies sur les achats d'alimentation », précise Jean-Paul. Finis les 70 tonnes de tourteaux de soja qui apportaient l'azote pour complémenter le maïs et finies les bottes rondes. « Grâce à une association de graminées et de légumineuses, semée sur les prairies temporaires pour trois ans, je ne fais plus de traitement azoté ». Venus de Suisse, les mélanges sont semés à 47 % de luzerne, trèfle blanc, trèfle violet, trèfle hybride ainsi que de fétuque des prés, de ray-grass et de dactyle.
Sur les 40 hectares, le foin est récolté à 60 % de matière sèche, parfois précocement dès le 10 mai quand l’année le permet, et l'éleveur peut faire jusqu'à quatre coupes par an.
Finis aussi l'engrais minéral sur les plantes et le désherbage. Lisier et fumier sont valorisés. « En 1992, la Pac donnait plus d'avantages à faire du maïs que de l'herbe. Aujourd'hui, l'herbage a des DPU très faibles. C'est un non-sens agronomique, au prix du tourteau importé, quand produire ses propres protéines permet d'accéder à l'autonomie alimentaire », note l'éleveur, « et d'être moins dépendant des fluctuations des cours des matières premières ».
Et en dépit d’une baisse des rendements en lait du troupeau, la valeur du foin, « meilleur et très appétant », rend les animaux plus performants: « le lait vendu à la ferme est mieux valorisé par la qualité, les taux de butyriques sont nettement inférieurs et pénalisent moins la transformation fromagère ».
Jean-Paul Loisy en est convaincu : grâce à la "griffe" du séchage en grange, l'élevage aspire à mieux s'intégrer à « l'air du temps ».