Pour la section bovine de Saône-et-Loire, " à nous, éleveurs, de trouver des prix rémunérateurs "

Alors que le contexte européen se complique (négociation Pac...), la négociation d'accords commerciaux internationaux tout azimut sont très souvent défavorables à la viande bovine. Le projet de loi sur l’équilibre des relations commerciales (EGAlim) dans le secteur agricole et alimentaire peut-il apporter des solutions aux éleveurs de Saône-et-Loire ?
Oui, si on en croit le président de la République. Il affirme vouloir un meilleur revenu aux agriculteurs. Une belle mais surtout indispensable ambition. La section bovine de la FDSEA de Saône-et-Loire fonde un réel espoir en cette loi si elle permet la construction d'un prix basé sur un indicateur de production neutre et objectif, intégrant la rémunération des éleveurs. Dès que cela sera possible, nous voulons la décliner sur le territoire.
Mais pour cela, c'est d'abord aux consommateurs que nous devons nous adresser. Nous devons leur expliquer qu'ils doivent refuser - avec force - d'importer une agriculture qu'ils ne veulent pas sur leur territoire. Nous devons leur montrer que nos modes d'élevage sont proches de ce qu'ils attendent.
Nous déclinerons ce nouveau pacte pour un engagement sociétal. Ce dernier reprend certaines exigences issues des échanges entrepris avec quelques associations environnementales et de bien-être animal, celles ouvertes à la discussion. Il faut recréer un climat de confiance car au final, c'est bien les consommateurs qui arbitreront par leur acte d'achat.
Ensuite, imposer un juste prix est sans doute difficile mais l'objectif réel est de créer une nouvelle relation commerciale avec la distribution. C'est indispensable pour qu'elle tienne compte de nos couts de productions, de la qualité de notre viande... Pour la convaincre, il faut lui démontrer que le consommateur sera le gagnant, en assurant des produits réguliers en qualité, et en proposant des segmentations comprises par tous.
La restauration collective et commerciale ne doit pas être oubliée. Car la vraie révolution en terme de consommation s'opère dans ce secteur. Là où une majorité de viande est importée à l'insu de tous. Peut-on laisser faire ? La loi apporte une réponse sur l'approvisionnement des cantines. Il reste cependant à transformer des volontés en acte d'achat. Sauf que rien n'est paru au sujet des différentes chaines de restauration commerciale. Nous devrons encore nous emparer de ce dossier pour inciter le consommateur à être exigeant sur l'origine des viandes servies.
Face à tous ces distributeurs de viande, les opérateurs de la filière ont un rôle essentiel de mise en marché, de segmentation et surtout d'innovation. Car si les consommateurs changent leurs habitudes alimentaires, nous devons, nous aussi, changer pour nous adapter. Offrir une segmentation lisible, compréhensible aux yeux et aux papilles des consommateurs est un premier enjeu. Il est temps de donner un signal aux producteurs, quelle qualité d'animaux, quel niveau d'engraissement, quel volume, quel prix en fonction du cout de production... Les producteurs proposeront des contrats...
Enfin, nous, les éleveurs de Saône-et-Loire, que pouvons nous faire ? Certes, nous n’arrêterons pas la mondialisation. Certes, le soutien publique ne se renforcera sans doute pas. Donc il nous faut trouver un peu plus de prix sur la vente de nos animaux : c'est un des but de la démarche Eleveur & Engagé, initiée par la FNB.
Aurons-nous la force de persuasion nécessaire ? Notre meilleure arme, et les sondages le confirment, c'est notre image auprès des consommateurs. Elle nous appartient, comme nous appartiennent les signes de qualité. A nous d'impulser une meilleure organisation de filière, afin que la mise en marché réponde au marché intérieur et pour partie à l'export (avec la création de la marque « French beef, a taste of terroirs » ). A nous de nous emparer de la communication de nos modes d'élevage, sur les réseaux sociaux et auprès de tout consommateur que nous côtoyons.
Christian Bajard, président de la section bovine de la FDSEA 71