Accès au contenu
Jean-Louis Peyraud, Inra

Pour le chercheur Jean-Louis Peyraud, l’élevage n’est pas un problème mais une solution !

Spécialiste de l’élevage à l’herbe, Jean-Louis Peyraud ne minimise pas les faiblesses des systèmes allaitants face aux défis environnementaux. Mais, arguments à l’appui, le chercheur est convaincu que l’élevage herbager est une chance pour la société. Reste à lui retrouver une ambition à la hauteur des enjeux.

Pour le chercheur Jean-Louis Peyraud, l’élevage n’est pas un problème mais une solution !

Devant les adhérents de Téol, le spécialiste de l’élevage à l’herbe qu’est Jean-Louis Peyraud a passé en revue les impacts de la production de viande rouge. Car des impacts, l’élevage bovin en a forcément. Mais encore faut-il s’appuyer sur les bons chiffres et savoir les interpréter. Contrairement à une erreur de calcul qui a la vie dure, l’élevage n’est responsable que de 14,5% des émissions de gaz à effet de serre et non 18 comme l’affirmait à tort un rapport de la FAO vieux de dix ans. Certes ces émissions proviennent essentiellement du méthane entérique des bovins, mais pour autant, ils ne sont pas responsables de l’effet de serre ni du changement climatique. En effet, l’impact des animaux d’élevage est inférieur à celui des anciennes populations de bisons d’Amérique, recadrait Jean-Louis Peyraud.

Stockage carbone, biodiversité, paysage, emplois…

Et puis l’élevage a cette capacité extraordinaire à compenser ses émissions. A commencer par le carbone qu’il séquestre dans le bocage, les prairies. Un stockage qui compense jusqu’à 60% des émissions, rappelait le scientifique. Rarement prise en compte dans les attaques anti-élevage, cette donnée est pourtant essentielle tout comme l’est l’entretien des paysages ou le rôle dans le reçyclage de la biomasse. Car les bovins ont cette aptitude à transformer des quantités de végétaux non consommables par l’homme pour en faire du lait et de la viande riches en protéines, expliquait le chercheur. Atout de taille et toujours occulté : les élevages herbagers créent aussi de la biodiversité, rappelait-il. Et cerise sur le gâteau, ils sont pourvoyeurs de services, notamment en termes d’emploi directs et indirects, vitaux pour les territoires ruraux.

L’impact de l’élevage herbager sur les gaz à effet de serre est un faux problème, estime Jean-Louis Peyraud. Mais face à l’injonction zélée des gouvernants, l’agriculture est tenue de faire des efforts. Le bon point, c’est qu’à l’échelle d’une exploitation française, il doit être possible de faire diminuer les émissions de 15 à 20% en jouant sur les intrants, les effluents, les prairies, etc…, indiquait le chercheur, s’appuyant sur le programme Beef Carbon de l’Institut de l’Elevage. Mais c’est en dessous de l’objectif des 30% fixé en grandes pompes par l’accord de Paris…

Des dérives et des pistes…

Face à ce dilemme, Jean-Louis Peyraud alerte sur un certains nombre de dérives, bémols et autres points à améliorer de l’élevage viande. Parmi les sujets qui fâchent, l’intervenant explique qu’au regard des seules émissions de carbone, la production de viande issue de jeunes bovins laitiers émettrait trois fois moins de gaz à effet de serre qu’un système naisseur extensif… Cela bien entendu sans comptabiliser le stockage des prairies. Car le scientifique déplore le grand déséquilibre qui s’est installé en France entre les élevages viande et lait. Une dérive qui est arrivée avec les quotas laitiers et qui a produit le plus gros troupeau allaitant d’Europe alors même qu’une vache allaitante est toujours moins productive qu’une laitière, illustrait-il. Aussi, Jean-Louis Peyraud prône-t-il que davantage de viande soit fournie par le troupeau laitier… Parmi ses autres recommandations, le chercheur encourage à avancer l’âge au premier vêlage. Une solution pour rendre les UGB plus productives et donc moins émettre de carbone. Le cheptel français aurait également besoin d’être rajeuni. Les animaux âgés consomment du fourrage et émettent des gaz à effet de serre, pointait Jean-Louis Peyraud. L’hypothèse d’une réduction de la production n’était pas écartée non plus… Dans son analyse, le scientifique de l’INRA craignait aussi la dépendance excessive au marché italien…

Enfin, Jean-Louis Peyraud déplore une dégradation de la productivité des troupeaux allaitants. Le nombre de veaux produits par vaches a baissé (infertilité, mortalité…). Dans le même temps, on assiste à un accroissement des quantités de concentrés distribués (+ 37% par kg de viande vive en dix ans !). Tout cela s’inscrit dans un phénomène de capitalisation croissante par travailleur avec une chute de la valeur ajoutée…

Retrouver une vraie ambition pour l’élevage

Bref, les systèmes allaitants souffrent d’un manque d’efficience et rien que pour cela, ils mériteraient une optimisation de leurs performances, ce qui serait profitable en termes d’émissions de gaz à effet de serre. Mais en même temps, ces élevages herbagers se justifient pour les services rendus à la société, poursuit Jean-Louis Peyraud qui interroge : « comment les rémunérer pour ces biens et services produits ? ». C’est pour répondre à cette question stratégique qu’il faut « se doter d’une vraie ambition pour l’élevage », estime le chercheur. Car « l’élevage n’est pas qu’un problème, il est aussi une solution », conclut-il.

Pour le chercheur Jean-Louis Peyraud, l’élevage n’est pas un problème mais une solution !

Pour le chercheur Jean-Louis Peyraud, l’élevage n’est pas un problème mais une solution !

Devant les adhérents de Téol, le spécialiste de l’élevage à l’herbe qu’est Jean-Louis Peyraud a passé en revue les impacts de la production de viande rouge. Car des impacts, l’élevage bovin en a forcément. Mais encore faut-il s’appuyer sur les bons chiffres et savoir les interpréter. Contrairement à une erreur de calcul qui a la vie dure, l’élevage n’est responsable que de 14,5% des émissions de gaz à effet de serre et non 18 comme l’affirmait à tort un rapport de la FAO vieux de dix ans. Certes ces émissions proviennent essentiellement du méthane entérique des bovins, mais pour autant, ils ne sont pas responsables de l’effet de serre ni du changement climatique. En effet, l’impact des animaux d’élevage est inférieur à celui des anciennes populations de bisons d’Amérique, recadrait Jean-Louis Peyraud.

Stockage carbone, biodiversité, paysage, emplois…

Et puis l’élevage a cette capacité extraordinaire à compenser ses émissions. A commencer par le carbone qu’il séquestre dans le bocage, les prairies. Un stockage qui compense jusqu’à 60% des émissions, rappelait le scientifique. Rarement prise en compte dans les attaques anti-élevage, cette donnée est pourtant essentielle tout comme l’est l’entretien des paysages ou le rôle dans le reçyclage de la biomasse. Car les bovins ont cette aptitude à transformer des quantités de végétaux non consommables par l’homme pour en faire du lait et de la viande riches en protéines, expliquait le chercheur. Atout de taille et toujours occulté : les élevages herbagers créent aussi de la biodiversité, rappelait-il. Et cerise sur le gâteau, ils sont pourvoyeurs de services, notamment en termes d’emploi directs et indirects, vitaux pour les territoires ruraux.

L’impact de l’élevage herbager sur les gaz à effet de serre est un faux problème, estime Jean-Louis Peyraud. Mais face à l’injonction zélée des gouvernants, l’agriculture est tenue de faire des efforts. Le bon point, c’est qu’à l’échelle d’une exploitation française, il doit être possible de faire diminuer les émissions de 15 à 20% en jouant sur les intrants, les effluents, les prairies, etc…, indiquait le chercheur, s’appuyant sur le programme Beef Carbon de l’Institut de l’Elevage. Mais c’est en dessous de l’objectif des 30% fixé en grandes pompes par l’accord de Paris…

Des dérives et des pistes…

Face à ce dilemme, Jean-Louis Peyraud alerte sur un certains nombre de dérives, bémols et autres points à améliorer de l’élevage viande. Parmi les sujets qui fâchent, l’intervenant explique qu’au regard des seules émissions de carbone, la production de viande issue de jeunes bovins laitiers émettrait trois fois moins de gaz à effet de serre qu’un système naisseur extensif… Cela bien entendu sans comptabiliser le stockage des prairies. Car le scientifique déplore le grand déséquilibre qui s’est installé en France entre les élevages viande et lait. Une dérive qui est arrivée avec les quotas laitiers et qui a produit le plus gros troupeau allaitant d’Europe alors même qu’une vache allaitante est toujours moins productive qu’une laitière, illustrait-il. Aussi, Jean-Louis Peyraud prône-t-il que davantage de viande soit fournie par le troupeau laitier… Parmi ses autres recommandations, le chercheur encourage à avancer l’âge au premier vêlage. Une solution pour rendre les UGB plus productives et donc moins émettre de carbone. Le cheptel français aurait également besoin d’être rajeuni. Les animaux âgés consomment du fourrage et émettent des gaz à effet de serre, pointait Jean-Louis Peyraud. L’hypothèse d’une réduction de la production n’était pas écartée non plus… Dans son analyse, le scientifique de l’INRA craignait aussi la dépendance excessive au marché italien…

Enfin, Jean-Louis Peyraud déplore une dégradation de la productivité des troupeaux allaitants. Le nombre de veaux produits par vaches a baissé (infertilité, mortalité…). Dans le même temps, on assiste à un accroissement des quantités de concentrés distribués (+ 37% par kg de viande vive en dix ans !). Tout cela s’inscrit dans un phénomène de capitalisation croissante par travailleur avec une chute de la valeur ajoutée…

Retrouver une vraie ambition pour l’élevage

Bref, les systèmes allaitants souffrent d’un manque d’efficience et rien que pour cela, ils mériteraient une optimisation de leurs performances, ce qui serait profitable en termes d’émissions de gaz à effet de serre. Mais en même temps, ces élevages herbagers se justifient pour les services rendus à la société, poursuit Jean-Louis Peyraud qui interroge : « comment les rémunérer pour ces biens et services produits ? ». C’est pour répondre à cette question stratégique qu’il faut « se doter d’une vraie ambition pour l’élevage », estime le chercheur. Car « l’élevage n’est pas qu’un problème, il est aussi une solution », conclut-il.