Pour les VSIG, une zone de protection de 20 km des AOC s'impose pour la Confédération des appellations et vignerons de Bourgogne
Réunie le 18 avril à Beaune en assemblée générale, la Confédération des appellations et vignerons de Bourgogne (CAVB) a esquissé les contours pour éloigner - des zones AOC bourguignonnes - un futur vignoble bourguignon de vins sans IG. L’an dernier, un projet avait suscité des réactions au sein de la profession et entraîné un "moratoire"...
Pour sa dernière assemblée générale et à la fin de deux mandats consécutifs (six ans) comme président de la CAVB, Jean-Michel Aubinel est revenu sur ce dossier d'actualité « qui a défrayé la chronique » l’an dernier pendant les vendanges. En l'occurrence le projet de plantation de plusieurs dizaines d’hectares de vignes en vue de produire des vins de France (VSIG) et cela à quelques kilomètres des zones AOC bourguignonnes. Le projet avait provoqué, on s'en souvient, une levée de bouclier de la part de la profession, notamment la CAVB, le BIVB (Interprofession) et même la Fneb (négociants). Le risque « de détournement de notoriété » des appellations des vins de Bourgogne avait alors été avancé.
Porté par la Maison Boisset, ce projet avait « pris de court » la profession bourguignonne qui s’était alors positionnée pour un contingent de plantation VSIG « quasi-nul » (0,10 are), bloquant de facto le projet. Une décision alors validée par le Conseil de bassin Bourgogne Beaujolais Jura Savoie. « Ce contingent était davantage une manière de demander un moratoire d’une année pour prendre le temps d’une véritable réflexion » collective, détaillait Jean-Michel Aubinel.
En terme de gouvernance, un syndicat de producteurs de VSIG va se constituer et « va rejoindre » la CAVB, laquelle fédère déjà l’ensemble de la production sous IG (AOC et IGP). La prochaine équipe de la CAVB - qui sera élue le 3 mai - aura ainsi « l’ensemble des interlocuteurs et segments (AOP, IGP et VSIG) de vins autour de la table » des négociations pour les autorisations de plantation futures et pourra être le porte-parole bourguignon des producteurs sur la gestion du potentiel de production en Bourgogne sur tous les segments de vin. En effet, la CAVB accueille déjà dans ses rangs un syndicat pour les vins IGP, aux côtés des AOC.
Ensuite, avec la famille Négoce (Fneb), la CAVB va proposer à l’administration (préfecture de région, Draaf, INAO) de « tracer quelque chose d’acceptable par tout le monde ». En partant de l’aire d’appellation des Coteaux bourguignons (ex-BGO), la plus grande aire régionale, aucune nouvelle plantation de VSIG ne sera possible à l’intérieur de cette zone. Ensuite, pour éviter un vignoble VSIG « aux portes de la Bourgogne viticole », un « corridor » de « protection » serait établi tant à l’Est qu'à l’Ouest des aires délimitées des AOC. De premières distances de "sécurité" ont été évoquées. « La CAVB verrait plutôt à l’Est de la Saône, un zonage évalué à une vingtaine de kilomètres. Il en irait de même dans la partie Ouest », avançait le président de la CAVB qui défendra cette position la semaine prochaine lors d’une réunion préparatoire en vue du prochain Conseil de bassin. Sur ce sujet « compliqué », le sous-préfet de Beaune, Jean-Baptiste Peyrat, se gardait « de toute affirmation définitive », lui qui estime « possible de trouver une voie médiane » à la position de tous les acteurs.
Si Jean-Michel Aubinel assurait « ne pas vouloir bloquer » à tout prix « ces véritables projets économiques », il rappelait néanmoins que « la notoriété de la Bourgogne repose sur des équilibres plus fragiles qu’ils n’y paraissent ».