Pour Michel Loison, éleveur en Côte-d'Or, le parc naturel régional du Morvan peut être un atout pour valoriser ses viandes
Eleveur dans le Morvan, Michel Loison se réjouit de l’image véhiculée par le parc naturel régional, une image positive pour la commercialisation. Il applique certaines de ses mesures agroenvironnementales du parc, mais reste vigilant quand à leurs conséquences.

Eleveur bovin et ovin en Gaec avec son frère et ses deux fils, Michel Loison exploite 400 hectares à Saint-Agnan, en Côte-d’Or, dans le parc naturel régional du Morvan. 40 ha sont consacrés aux grandes cultures : maïs ensilage, triticale, orge d’hiver, avoine d’hiver et de printemps. Le reste est constitué de prairies naturelles et temporaires qui accueillent près de 600 bovins charolais et 200 moutons de race texel. Il produit ainsi 160 agneaux de boucherie à l’herbe entre juillet et mi-octobre ainsi que des broutards et des génisses grasses avec 230 vêlages par an.
Membre de la commission Agriculture du parc naturel régional, Michel Loison s’est engagé sur deux mesures agroenvironnementales associées à des aides de 100 € et 75 €/ha. La première portant sur le maintient en l’état de prairies para-tourbeuses sans apport d’engrais et de fongicides pour préserver une flore qui ne se trouve pas dans les prairies temporaires. « Des parcelles naturellement moins productives où le chargement ne dépasse pas 0,7 à 0,8 UGB/ha contre 1 à 1,2 UGB sur les autres », précise-t-il.
Des MAE
La seconde qui prévoit zéro intrants sur au minimum 30 % des prairies de l’exploitation pour retrouver des espèces de plantes qui disparaissent lorsque sont épandus engrais ou fumier. « Cette MAE est un peu plus contraignante car nous avons des terres acides et sans apport de chaux fougères et genêts peuvent faire leur réapparition », explique Michel Loison qui a également souscrit à un contrat rivière prévoyant la protection des accès aux cours d’eau par des clôtures. Un plan basé sur le volontariat qui a suscité de vives inquiétudes des agriculteurs il y a trois ans suite à des rumeurs qui s’est avérée infondée disant qu’il allait devenir obligatoire. « Il faut faire attention à ce qui est fait, il faut concilier préservation de l’environnement avec réalités économiques. Tant que l’on capte des aides compensatrices et que l’on peut maintenir une pratique agricole, cela va. Mais certaines communes perdent des exploitations et des parcelles redeviennent des friches », souligne-t-il.
Et de la vente directe
Avec deux autres éleveurs, Michel Loison a par ailleurs créé la SARL Morvan Nature et Saveurs, société spécialisée dans la vente directe de viande bovine sous la marque du parc. « Mais nous ne vendons que trois bêtes par mois car entre abattage, découpe, livraison et paperasserie, il faut compter trois jours de travail par animal ». Avec comme clients deux maisons de retraite, trois collèges, un restaurant et des particuliers auxquels la viande est livrée par colis après découpe chez un prestataire. Cette activité bénéficie de l’identité de pays vert et montagneux associée au parc du Morvan. « Nous participons à cinq foires par an essentiellement pour démarcher des particuliers et 50 % d’entre eux sont attentifs et sensible à cette image qui nous apporte donc un plus. Mais la clientèle particulière est très volatile car il y a de plus en plus de concurrents sur ce créneau ».
Enfin le Parc a aussi un effet positif sur la fréquentation touristique, ce dont profite indirectement la SARL pour de petits volumes avec les ventes au restaurant.
Thierry Joly