Pour redécouvrir notre patrimoine

Voyage dans le temps
Pour sensibiliser le grand public aux thématiques abordées lors des deux journées, des balades accompagnées étaient organisées le 19 avril. Avec, dans le Mâconnais, la visite des carrières de la Lie à La Roche-Vineuse ainsi que la découverte pierre et patrimoine autour de la colline de Montceau à Prissé. Dans le Tournnugeois, les marcheurs avaient le choix entre la visite du sentier des Ours à Azé, la présentation du chantier du rempart sur la guinguette de Cruzille et la promenade patrimoniale de pierre sèche à Martailly-lès-Brancion. Dans ce dernier cas, l’association des Cadeules de Martailly offrait un voyage dans le temps et l’espace à une trentaine de personnes. L’occasion d’apercevoir dans des lieux parfois improbables murgers, murs et cadoles.
A la fois vigneron coopérateur à la cave de Lugny et guide conférencier, Emmanuel Nonain est on ne peut mieux placé pour s’exprimer sur la pierre sèche. « Cela fait partie du patrimoine vernaculaire. Il s’agit d’éléments structurants des paysages viticoles de notre région. Le murger symbolise le travail. Il a aussi un intérêt écologique car c’est un repaire pour le petit gibier. Quant au mur en pierre sèche, il présente un vrai intérêt au niveau du ruissellement. C’est aussi une plus-value paysagère qui peut être utilisée à des fins marketing pour parler à l’imaginaire des gens. Le mur délimite les parcelles et contribue à la valorisation du bien. Enfin, les cadoles inspirent le respect avec la technique de la voûte en encorbellement ».
Une technique traditionnelle
Présente dès la protohistoire, la pierre sèche s’impose véritablement en France du XVIIe au XIXe siècle avec le développement agricole comme moyen d’aménager certains terroirs pour optimiser l’exploitation des terres. Son utilisation a perduré dans l’hexagone jusque dans les années 1950. Ce savoir-faire traditionnel s’est perdu du fait de l’exode rural de la fin du XIXe et du début du XXe siècle ainsi qu’avec l’arrivée de la mécanisation de l’agriculture dans les campagnes de l’après-guerre. La construction en pierre sèche consiste à maçonner uniquement avec de la pierre sans faire appel à aucun autre matériau. Le liant entre les matériaux réside dans la seule utilisation de leur force de gravité et de l’équilibre qui en résulte. Cet équilibre tient non seulement au positionnement des pierres les unes avec les autres mais aussi à l’ensemble des forces qui vont s’exercer sur la maçonnerie, comme le poids du sol pour un soutènement. Si, au sens propre, la pierre sèche définit une technique particulière de construction, par extension dans le langage courant le terme est couramment utilisé pour qualifier l’ensemble de l’aménagement et les réalisations qu’elle permet de construire. Les plus emblématiques sont les cadoles qui offraient un abri saisonnier aux activités agricoles et pastorales ou les terrasses de culture, d’olivier et de vigne. Dans ces dernières, le mur de soutènement en pierre sèche crée une relation complexe et sophistiquée en réorganisant trois éléments composant le sol : la terre, la pierre et la circulation de l’eau. D’une manière générale, la technique de la pierre sèche permet de bâtir trois types d’ouvrages : des constructions nécessitant des murs porteurs comme des cabanes ou des remises, des aménagements d’espace, notamment des murs de soutènement ou des murs de clôture, et enfin des constructions purement esthétiques.