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Réduction des doses de soufre

Pour réduire les doses de soufre, d'encourageants SDP contre l’oïdium

De l’Unité de recherche (UMR) Agroécologie à Dijon, Justine Claverie, Benoît Poinssot et Xavier Daire s’intéressent à stimuler les défenses de la vigne pour améliorer sa protection face aux agents pathogènes.

Par Publié par Cédric Michelin
Pour réduire les doses de soufre, d'encourageants SDP contre l’oïdium

Pour ce faire, ils étudient des éliciteurs plus communément appelés "stimulateurs des défenses des plantes (SDP)". Ce sont des substances ou des micro-organismes vivants non pathogènes. Les scientifiques cherchent à comprendre leurs modes d’actions et les mécanismes de résistance induits contre différents pathogènes : mildiou, oïdium, botrytis. Enfin seulement, ils peuvent viser le développement de produits de biocontrôle efficaces au vignoble. Un processus long et minutieux.

Dans la phase appliquée, les résultats varient évidemment selon les concentrations ou les molécules analysées. Ne pouvant analyser tous les éliciteurs à la fois, l’équipe de chercheurs se focalise sur les niveaux de défense de la vigne en réponse à des xyloglucanes, des fragments de parois de cellules végétales. Ils observent avec l’activation de gènes de résistances notamment. Aidé dans les essais par Florent Bidaut du Vinipôle Sud Bourgogne, ils se sont ensuite intéressés à des oligosaccharides (A, P et en combinaison A et P) testés dans les vignes présentant du mildiou et de l’oïdium. Pour comparer l’efficacité contre le mildiou sur grappes, au cours du temps par exemple, le traitement de référence (400 gr de cuivre) donne une bonne protection tout le long de la campagne. Avec un autre programme de traitement (cuivre réduit), la protection diminue. Et avec ce traitement à base de mélange d’oligosaccharide AP et de cuivre réduit, les essais montrent une efficacité de protection supérieure au traitement de cuivre réduit seul, tout du moins en début de campagne, mais pas en fin de camapgne en raison de la pression trop élevée en fin (28 juillet 2016).

Même évaluation contre l’oïdium avec un témoin non traité et la référence d’un traitement à base de soufre. Comparativement aussi avec un traitement au soufre à dose réduite, le mélange avec un oligosaccharide (A) s’avère finalement proche du traitement soufré de référence. « Le mélange permet de réduire de 75 % du soufre sur la campagne (18 kg contre 71 kg pour la référence », concluait, ravie, Justine Claverie.

Des résultats encourageants sur oïdium mais moindres contre le mildiou dans l’objectif de réduire les doses futures de protection, surtout en cas de forte pression.

Les biostimulants ont un "coût" pour la vigne

Du même laboratoire (UMR Agroécologie), Marie-Claire Héloir présentait le projet FUI Iris+ qui permet de rechercher des solutions innovantes pour la santé de la vigne et du blé, en associant des applications de biostimulants et de SDP à des technologies d’imagerie et d’agroéquipements. Plusieurs industriels font partie intégrante du projet avec l’interprofession des vins de Bourgogne (BIVB). La scientifique ne présentait pas de résultats pour l’heure mais davantage la méthodologie autour de la recherche de biostimulants. Ces derniers peuvent être de trois natures :

- des substances issues du vivant (extraits d’algues, de plantes...) ;

- des molécules de synthèse (hormones par exemple) ;

- ou enfin des substances organo-minérales (substances humiques ou poudre de roche par exemples).

Ces différents types de biostimulants peuvent engendrer différents effets comme la tolérance aux stress, la croissance et le développement de la vigne, une meilleure absorption des éléments nutritifs, une meilleure qualité des récoltes ou encore des gains économiques et environnementaux.

Dans les cas connus de développement de résistance pour la vigne, l’efficacité est plutôt « variable au vignoble » selon les produits, selon la pression de la maladie, selon l’état physiologique de la plante... qui, eux mêmes, dépendent d’autres facteurs (sol, températures, humidité, micro-organismes...). Car les mécanismes de défense implique un « coût énergétique » pour la plante qui sollicite son "système immunitaire" en quelque sorte. L’idée est donc « d’optimiser » cette réponse immunitaire. Et pour encore davantage cibler, des techniques d’imageries permettent de suivre le développement des racines, et leurs surfaces notamment.

A confirmer ensuite dans les champs et dans les vignes.