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Musée du poilu à Cormatin

Pour revivre le quotidien des tranchées

Unique en France, le Musée du Poilu de Cormatin propose de s’immerger dans l’univers propre au premier conflit mondial. L’occasion de mieux saisir le quotidien extrêmement difficile des hommes sur le front. Mais aussi de découvrir plus de mille chefs d’œuvre créés par ces soldats dans les tranchées.
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La première guerre mondiale éclate à la suite de l’assassinat, le 28 juin 1914 à Sarajevo, de François-Ferdinand, neveu et héritier de l’empereur d’Autriche, par un étudiant bosniaque lié aux milieux nationalistes serbes. Un conflit qui fera environ 8 millions de morts dont 1.380.000 du côté français. L’Allemagne déclare la guerre à la France le 3 août et attaque notre pays du 7 au 24 août lors de ce qui sera appelé la Bataille des frontières. Suivra ensuite la célèbre Bataille de la Marne où Joffre, chef d’état-major, et le général Gallieni, commandant la place de Paris, lancent une contre-offensive générale marquée par de hauts faits d’armes : le général Foch résiste héroïquement dans les marais de Saint-Gond et l’armée du général Maunoury est transportée par les taxis de Paris au nord de la Marne. Commence ensuite la Course à la mer entre octobre et novembre 1914. L’armée allemande tente de déborder les alliés sur la gauche en remontant vers le nord afin d’atteindre les ports qui permettent aux troupes britanniques de débarquer. Les Anglais et les Français font face dans des engagements âpres et meurtriers, notamment dans les Flandres. Les premières tranchées apparaissent, les soldats les creusant pour se protéger à la fois de l’ennemi et de l’hiver. Finalement, le front se stabilise entre la mer du Nord et la Suisse sur près de 700 km. Dix départements français sont partiellement ou totalement occupés.

Des conditions de vie terribles


Sur le terrain, les tranchées sont transformées en un système défensif efficace contre l’infanterie. L’artillerie lourde devient alors un instrument essentiel de la bataille tandis que l’aviation, dépassant le simple rôle d’observation, est utilisée dans la chasse et le bombardement. Les poilus creusèrent des tranchées, posèrent des kilomètres de barbelés et des pièges dont les terribles mines. Le surnom de poilus fut donné aux soldats français, allemands et alliés qui, plongés dans l’univers infernal des tranchées, finirent par ne plus se raser tant les conditions de survie étaient difficiles. Les poilus apprirent à ressentir l’appréhension de la mort, à pleurer celle des camarades, à souffrir d’une hygiène déplorable et de la boue. Les poilus en assaut étaient tellement désavantagés par rapport aux défenseurs qu’aucun des deux camps n’osait lancer d’offensives d’envergure. Dès lors, l’existence des poilus s’est organisée dans les lignes. Ils habitaient des tanières creusées dans le sol et recouvertes de troncs d’arbres et de branchages. Pour accéder à ces huttes que les poilus nommaient guitounes, ils ont construit des chemins de bois du fait de la nature marécageuse du terrain. Leurs uniformes étaient variés : violet, bleu, vert, kaki, blanc, rouge, gris ou encore noir. Ils étaient coiffés de différents couvre-chefs, allant de la calotte d’acier au bonnet sans oublier passe-montagne, casquette et képi. Souvent désoeuvrés, ils écrivaient beaucoup et recevaient du courrier de l’arrière, lisaient les journaux de tranchée et assistaient à des spectacles, confectionnaient des objets de toutes sortes, depuis la douille d’obus sculptée jusqu’aux peintures. Les poilus ont ainsi élaboré une culture, un langage, un mode de vie particulier.

Maintenir la mémoire vivante


Préserver et faire connaître au grand public l’artisanat des tranchées, transmettre une autre vision de la grande guerre et, bien évidemment, raconter la vie des poilus à travers leurs chefs d’œuvre. Tels sont les trois principaux objectifs du Musée du Poilu de Cormatin géré par l’association Histoire collection passion. Après avoir accueilli 8.000 visiteurs depuis son ouverture le 22 mars 2008, le Musée continue à faire découvrir une étonnante collection de 1.000 pièces uniques exposées sur 420 m² au sein de la salle principale. Elle regroupe les thématiques d’artisanat de tranchée et les supports pédagogiques chronologiques de la Grande Guerre. L’occasion alors de se familiariser avec des douilles sculptées, des cannes, des broderies, des briquets, des bagues, des encriers, des coupe-papier, des lampes et autres plumiers. De même, des centaines de cartes postales anciennes et des documents permettent de s’immerger au cœur du front et de tranchées, offrant une meilleure vision du conflit. Au premier étage, les visiteurs peuvent cette fois retrouver 300 m² d’exposition et de reconstitution ainsi que l’espace projection. A travers un champ de bataille et la fabrication d’objets dans une tranchée, il est ainsi possible d’avoir une parfaite compréhension des conditions de vie à l’époque. Enfin, un diaporama complète cette visite qui met en perspective le courage d’hommes qui ont donné leur sang et parfois leur vie pour défendre la France.

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