Méthode Obsalim
Pour une meilleure alimentation du troupeau
Plus de 60 % des pathologies en élevage trouvent leurs origines dans l'alimentation du troupeau. A titre d'exemple, des vaches dont l'alimentation est trop riche en azote, produiront un lait contenant de l'urée, ce qui entraînera des diarrhées sur les veaux. Les cryptosporidioses, E.Coli et compagnie sont présents naturellement dans l'intestin. Mais s'ils se développent de manière anarchique, ils entraînent une pathologie en cas de déséquilibre uniquement ! Rien ne sert de les éliminer, mieux vaut alors regarder du côté de l'alimentation.
Les rations calculées avec les valeurs des aliments, les besoins des animaux… ne tiennent pas compte de la digestion de la ration dans le rumen par l'animal. Et donc, ce que propose le vétérinaire Bruno Gibouleau à travers sa méthode Obsalim (Observation des signes alimentaires) est une méthode d'observation à travers 142 signes qui constituent en quelque sorte un répertoire des messages exprimés par les animaux, en lien avec leur alimentation. Cette méthode est le fruit de quinze années de travail et d'observations sur le terrain.
Bruno Gibouleau part du principe que tout déficit, déséquilibre, excès va se « lire » à travers un examen attentif de l'animal et du troupeau : comportement, muqueuse, poils, selles, urines, yeux, nez, peau, sabots …
Des milliards de micro-organismes
Mais on peut difficilement parler de la méthode sans avoir fait un rappel sur le fonctionnement de la digestion chez les ruminants.
Les ruminants ont la particularité de pouvoir digérer la cellulose. Pour être plus précis, ce sont les milliards de micro-organismes (bactéries, champignons, protozoaires) présents dans la panse qui digèrent la cellulose et la transforment en protéines utilisables par la vache (le mouton ou la chèvre), et sans eux, pas de digestion possible.
Or, cette faune et cette flore ne peuvent vivre que si le milieu ruminal est stable. Le pH du rumen doit donc être stable (6,2 à 6,3). Pour cela, l'ordre de distribution des aliments est primordial. Une chute brutale de pH par l'arrivée trop rapide d'aliments fermentescibles (par exemple 1 kg de blé distribué avant tout apport de fourrage), entraîne la mort des bactéries cellulolytiques par la baisse du pH alors que ce sont elles qui assurent la digestion de la cellulose.
Prévenir les chutes de pH
Outre l'acidose provoquée par la baisse du pH, le transit est accéléré car la vache va chercher à « éteindre » le feu dans son estomac en buvant de grandes quantités d'eau. Cela conduit à des « bouses molles », un salissement des animaux, une mauvaise assimilation des minéraux « qui ne font que passer » (et qui se retrouvent dans les bouses), une mauvaise valorisation de la ration (fibres non digérées dans les bouses) et une augmentation de la consommation d'aliments, la vache cherchant ensuite à se remplir à nouveau l'estomac.
Pour éviter la chute de pH, il est recommandé de distribuer au moins 2 à 3 kg de fourrages grossiers en tête de repas (foin fibreux, paille) avant les concentrés, ensilages, enrubannages ( = fourrages acidogènes).
2 à 3 kg de fourrages grossiers en tête de repas
Cet apport permet de faire saliver l'animal (à l'ingestion mais aussi à la rumination), ce qui produit du bicarbonate (2 à 3 kg/jour) et agit comme un anti-acide dans la rumen d'où son intérêt avant tout apport de concentrés. Mais attention, pour que le bicarbonate soit présent dans le rumen au moment où les concentrés seront apportés, il faut distribuer les concentrés dans les 20 à 30 minutes maximum suivant l'ingestion des fourrages grossiers car son action est fugace.
L’apport de fourrage grossier permet également de réaliser un tapis fibreux qui ralentit le transit des aliments concentrés (c'est l'exemple du seau d'eau dans lequel on jette une poignée de céréales : ils tombent rapidement au fond du seau, alors que si l'on a jeté du foin avant les céréales, celui-ci reste en surface et ralentit la descente des céréales : c'est idem dans la rumen d'une vache).
L’apport de fourrage grossier a un effet stimulateur des papilles par son action "piquante", ce qui améliore les performances de rumination.
Enfin, l’apport de fourrages grossiers permet de ré-ensemencer la panse en bactéries, notamment cellulolytiques, d'où l'importance de distribuer deux repas identiques matin et soir.
Les règles à retenir
Pour une bonne ration, on considère qu'elle ne doit contenir plus de cinq éléments différents, chacun ne dépassant pas 30 % de la matière sèche de la ration.
Il est également nécessaire de rappeler les rythmes physiologiques des ruminants. L'ingestion est repartie sur deux grosses périodes, en début de matinée (7 h à 9 h) et en fin d'après-midi (18 h à 20 h) et deux plus petites périodes qui sont la fin de matinée et le milieu de la nuit. Cela permet de comprendre pourquoi il est recommandé de distribuer deux repas équilibrés matin et soir, et maintenir une auge vide entre 12 h et 16 h au moins. Le respect de la phase de rumination en début d'après-midi est essentiel, cela peut être facilement observé avec 75 % d'animaux couchés à 15 h.
Quelques signes à observer !
Regarder la croix du Grasset sur plusieurs animaux : cette croix qui partage la vache en quatre secteurs permet de savoir si un problème alimentaire est présent.
Si les animaux sont sales en arrière : problématique de place de l'animal.
Si les animaux sont sales en avant : problématique des organes internes perturbés (foie, estomac...).
Si les animaux sont sales au dessus : bâtiment humide, mal ventilé avec de la condensation.
Si les animaux sont sales en dessous : problème alimentaire, le transit est trop rapide, en général, il manque de fibre.
En début d’après midi 75 % au moins des animaux devraient être couchés et ruminer, sinon cela signifie qu’ils cherchent à se remplir la panse ou à la vider en buvant donc qu’il y a un problème de stabilité ruminale (acidose).
La présence de croûtes noires au coin des yeux est peut-être le signe d’un excès d'énergie fermentescible.
La présence de croûtes jaunes au coin des yeux renvoie davantage à un excès d'azote.
Nez sale avec des traces d'écoulements et des particules alimentaires collées jusque dans les naseaux : c'est un symptôme d'excès d'énergie fermentescible.
Une zone de léchage juste derrière l'épaule indique que l'animal est probablement en acidose ; le pH du rumen a baissé.
Pour vérifier le bon fonctionnement du rumen, comptez le nombre de coups de mâchoire par bol de rumination : entre 40 et 60 coups, tout va bien, moins de 40 coups : augmentez la fibre !
Des ruminants avant tout
Selon la méthode Obsalim, trois symptômes sur trois sites différents au minimum sont nécessaires pour valider le diagnostic alimentaire. De même, pour être significatif, un signe réactif doit concerner au moins 70 % des animaux d'un lot.
Régler le problème, c'est comprendre pourquoi il y a plus d'énergie ou d'azote que la vache ne peut en digérer ? Est ce qu'il s'agit d'un apport trop important ou d'un manque de fourrage grossier qui empêche la digestion complète de la ration ? Il faut faire attention aux conclusions hâtives et revoir si les quelques règles vues plus hauts sont respectées ! La plupart du temps, il s'agit d'un problème de stabilité ruminale et le simple fait de distribuer le foin en tête de repas améliore la situation.
On a tendance à oublier que les vaches sont des ruminants !!
Si vous souhaitez en savoir plus, des formations intitulées « raisonner ses frais vétérinaires » sont proposées, chaque automne par la chambre d'Agricuture, avec les vétérinaires du GIE Zone Verte.
Bruno Gibouleau part du principe que tout déficit, déséquilibre, excès va se « lire » à travers un examen attentif de l'animal et du troupeau : comportement, muqueuse, poils, selles, urines, yeux, nez, peau, sabots …
Des milliards de micro-organismes
Mais on peut difficilement parler de la méthode sans avoir fait un rappel sur le fonctionnement de la digestion chez les ruminants.
Les ruminants ont la particularité de pouvoir digérer la cellulose. Pour être plus précis, ce sont les milliards de micro-organismes (bactéries, champignons, protozoaires) présents dans la panse qui digèrent la cellulose et la transforment en protéines utilisables par la vache (le mouton ou la chèvre), et sans eux, pas de digestion possible.
Or, cette faune et cette flore ne peuvent vivre que si le milieu ruminal est stable. Le pH du rumen doit donc être stable (6,2 à 6,3). Pour cela, l'ordre de distribution des aliments est primordial. Une chute brutale de pH par l'arrivée trop rapide d'aliments fermentescibles (par exemple 1 kg de blé distribué avant tout apport de fourrage), entraîne la mort des bactéries cellulolytiques par la baisse du pH alors que ce sont elles qui assurent la digestion de la cellulose.
Prévenir les chutes de pH
Outre l'acidose provoquée par la baisse du pH, le transit est accéléré car la vache va chercher à « éteindre » le feu dans son estomac en buvant de grandes quantités d'eau. Cela conduit à des « bouses molles », un salissement des animaux, une mauvaise assimilation des minéraux « qui ne font que passer » (et qui se retrouvent dans les bouses), une mauvaise valorisation de la ration (fibres non digérées dans les bouses) et une augmentation de la consommation d'aliments, la vache cherchant ensuite à se remplir à nouveau l'estomac.
Pour éviter la chute de pH, il est recommandé de distribuer au moins 2 à 3 kg de fourrages grossiers en tête de repas (foin fibreux, paille) avant les concentrés, ensilages, enrubannages ( = fourrages acidogènes).
2 à 3 kg de fourrages grossiers en tête de repas
Cet apport permet de faire saliver l'animal (à l'ingestion mais aussi à la rumination), ce qui produit du bicarbonate (2 à 3 kg/jour) et agit comme un anti-acide dans la rumen d'où son intérêt avant tout apport de concentrés. Mais attention, pour que le bicarbonate soit présent dans le rumen au moment où les concentrés seront apportés, il faut distribuer les concentrés dans les 20 à 30 minutes maximum suivant l'ingestion des fourrages grossiers car son action est fugace.
L’apport de fourrage grossier permet également de réaliser un tapis fibreux qui ralentit le transit des aliments concentrés (c'est l'exemple du seau d'eau dans lequel on jette une poignée de céréales : ils tombent rapidement au fond du seau, alors que si l'on a jeté du foin avant les céréales, celui-ci reste en surface et ralentit la descente des céréales : c'est idem dans la rumen d'une vache).
L’apport de fourrage grossier a un effet stimulateur des papilles par son action "piquante", ce qui améliore les performances de rumination.
Enfin, l’apport de fourrages grossiers permet de ré-ensemencer la panse en bactéries, notamment cellulolytiques, d'où l'importance de distribuer deux repas identiques matin et soir.
Les règles à retenir
Pour une bonne ration, on considère qu'elle ne doit contenir plus de cinq éléments différents, chacun ne dépassant pas 30 % de la matière sèche de la ration.
Il est également nécessaire de rappeler les rythmes physiologiques des ruminants. L'ingestion est repartie sur deux grosses périodes, en début de matinée (7 h à 9 h) et en fin d'après-midi (18 h à 20 h) et deux plus petites périodes qui sont la fin de matinée et le milieu de la nuit. Cela permet de comprendre pourquoi il est recommandé de distribuer deux repas équilibrés matin et soir, et maintenir une auge vide entre 12 h et 16 h au moins. Le respect de la phase de rumination en début d'après-midi est essentiel, cela peut être facilement observé avec 75 % d'animaux couchés à 15 h.
Quelques signes à observer !
Regarder la croix du Grasset sur plusieurs animaux : cette croix qui partage la vache en quatre secteurs permet de savoir si un problème alimentaire est présent.
Si les animaux sont sales en arrière : problématique de place de l'animal.
Si les animaux sont sales en avant : problématique des organes internes perturbés (foie, estomac...).
Si les animaux sont sales au dessus : bâtiment humide, mal ventilé avec de la condensation.
Si les animaux sont sales en dessous : problème alimentaire, le transit est trop rapide, en général, il manque de fibre.
En début d’après midi 75 % au moins des animaux devraient être couchés et ruminer, sinon cela signifie qu’ils cherchent à se remplir la panse ou à la vider en buvant donc qu’il y a un problème de stabilité ruminale (acidose).
La présence de croûtes noires au coin des yeux est peut-être le signe d’un excès d'énergie fermentescible.
La présence de croûtes jaunes au coin des yeux renvoie davantage à un excès d'azote.
Nez sale avec des traces d'écoulements et des particules alimentaires collées jusque dans les naseaux : c'est un symptôme d'excès d'énergie fermentescible.
Une zone de léchage juste derrière l'épaule indique que l'animal est probablement en acidose ; le pH du rumen a baissé.
Pour vérifier le bon fonctionnement du rumen, comptez le nombre de coups de mâchoire par bol de rumination : entre 40 et 60 coups, tout va bien, moins de 40 coups : augmentez la fibre !
Des ruminants avant tout
Selon la méthode Obsalim, trois symptômes sur trois sites différents au minimum sont nécessaires pour valider le diagnostic alimentaire. De même, pour être significatif, un signe réactif doit concerner au moins 70 % des animaux d'un lot.
Régler le problème, c'est comprendre pourquoi il y a plus d'énergie ou d'azote que la vache ne peut en digérer ? Est ce qu'il s'agit d'un apport trop important ou d'un manque de fourrage grossier qui empêche la digestion complète de la ration ? Il faut faire attention aux conclusions hâtives et revoir si les quelques règles vues plus hauts sont respectées ! La plupart du temps, il s'agit d'un problème de stabilité ruminale et le simple fait de distribuer le foin en tête de repas améliore la situation.
On a tendance à oublier que les vaches sont des ruminants !!
Si vous souhaitez en savoir plus, des formations intitulées « raisonner ses frais vétérinaires » sont proposées, chaque automne par la chambre d'Agricuture, avec les vétérinaires du GIE Zone Verte.