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A Autun

Premier "abattoir école" de France

Depuis novembre 2014, l’Autunois-Morvan détient le tout premier "abattoir école" de France. Partant du constat du manque de main-d’œuvre qualifiée dans sa spécialité, l’abattoir d’Autun a en effet fait le choix de se diversifier dans la formation d’"Opérateur de première transformation de la viande". Les huit premiers stagiaires termineront leur apprentissage en mai prochain. Dans un secteur où des emplois sont à pourvoir, leur avenir semble assuré.
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En France, les abattoirs peinent à recruter leur main-d’œuvre. Au point que nombre d’entre eux sont obligés d’aller chercher en Roumanie, en Pologne ou au Portugal le personnel qu’ils ne trouvent pas en métropole. Le manque de qualification est l’autre pan du problème. « Autrefois, la formation à l’abattage faisait partie du CAP de boucher. Mais depuis cinquante ans, la boucherie n’assure plus que la découpe fine. Si bien que les abattoirs ont été obligés de se charger eux-mêmes de la formation de leur personnel en interne. Cette formation sur le tas a un coût pour l’entreprise puisque le salarié en formation est affecté à un poste en binôme avec un collègue formé », explique Sibylle Le Meur, la directrice de l’abattoir d’Autun.
Se refusant à recourir à de la main-d’œuvre recrutée à l’étranger, ce qui aurait été éthiquement incompatible avec son objectif de développement des circuits courts, l’abattoir d’Autun a eu l’idée de se diversifier en "abattoir école". Propriété de la communauté de communes du Grand Autunois Morvan et géré par une Sica, ce dernier est un outil de proximité dont la chaîne d’abattage fonctionne deux jours et demi par semaine. « L’accueil de cette nouvelle formation permettait aussi de rentabiliser les autres jours », confie la directrice.

Une formation pratique originale


Cette nouvelle formation est encadrée par le Cifa de Mercurey avec le concours de l’AMDF (association Autunois Morvan Développement Formation). Elle compte 55 journées, dont 36 de formation pratique au sein de l’abattoir. Les élèves passent ainsi 18 journées sur la chaîne d’abattage en pleine cadence et 18 autres journées en présence d’un échantillon de quatre bêtes mises à leur disposition. Trois tuteurs internes ont été formés au sein de l’équipe professionnelle de l’abattoir. C’est eux qui assurent la formation pratique des élèves sur la chaine d’abattage. La formation est complétée d’enseignements théoriques sur le bien-être animal, l’hygiène… Ces apprentissages sont assurés par des formateurs du Cifa de Mercurey.

Six hommes et deux femmes


La première session a débuté le 17 novembre dernier et prendra fin le 8 mai prochain. Huit stagiaires, âgés de 18 à plus de 50 ans, en font partie. « Originaires pour la plupart de l’Autunois, certains sont en contrat d’avenir, d’autres en contrats professionnels, d’autres encore sont stagiaires à Pôle emploi », détaille Sibylle Le Meur. La promotion compte deux jeunes femmes (lire encadré). Au terme de leur stage, les élèves obtiendront un "Certificat qualifiant professionnel" ou CQP Opérateur de première transformation de la viande. C’est un diplôme de niveau BEP ou V.

Nouvelle session en septembre


Pour l’abattoir d’Autun devenu "abattoir école", cette première session est une réussite. Au-delà du fait de rentabiliser l’outil existant, cette activité a pour effet de remotiver les équipes. Trois des dix opérateurs de la chaîne d’abattage ont ainsi été promus "tuteurs de formation". Dans un métier qui n’est pas toujours bien perçu par le grand public, « ils le vivent comme quelque chose de très valorisant », confie la directrice. Cette formation est aussi un excellent moyen pour l’abattoir de recruter ses futurs collaborateurs. D’ailleurs, un ou peut-être même deux des stagiaires pourraient bien être embauchés à l’issue de leur année.
Une seconde session sera lancée en septembre 2015. Un appel aux candidats est d’ores et déjà lancé (renseignements au 03.85.86.27.43 ou 06.37.65.98.47).
« Nous réfléchissons également à une formation sur la découpe pour devenir opérateur de deuxième transformation en découpe industrielle », annonce Sibylle Le Meur.


Jérôme Chevallier, 38 ans

« Une opportunité d’emploi dans la région »


Jérôme Chevallier est âgé de 38 ans et habite une commune située à une vingtaine de kilomètres d’Autun. Boucher de formation, ce jeune père de famille a travaillé dix ans dans la grande distribution où il a fini responsable de rayon. Souhaitant rompre avec les horaires décalées de ce secteur, mais aussi avec la pression particulière qui y règne, Jérôme Chevallier s’est inscrit à la formation « d’opérateur de première transformation de la viande » à l’abattoir d’Autun après y avoir effectué un remplacement de quatre mois. « C’est très différent de la boucherie », reconnaît l’ancien boucher qui ne cache pas que le premier contact avec la chaîne d’abattage fut un peu « dur psychologiquement ». Néanmoins, ses connaissances de boucher ont été un avantage et la perspective d’être embauché à l’abattoir d’Autun le réjouit. L’ambiance de cette PME y sera moins pénible que dans la grande distribution et les possibilités d’évolution professionnelle ne sont pas exclues avec la salle de découpe à côté ou la perspective de devenir tuteur à son tour. Autre avantage indéniable à cette reconversion, Jérôme Chevallier appréciera le rythme de travail de l’abattoir avec ses quatre journées de travail par semaine, lui permettant de consacrer davantage de temps libre à ses enfants. Cet emploi en Autunois est aussi une opportunité pour lui dont l’épouse travaille à proximité de leur foyer et dont toute la famille se trouve dans ce secteur géographique.




Khadija Terniers, 35 ans

« Un métier qui me plait »



Khadija Terniers est l’une des deux jeunes femmes de cette promotion. Âgée de 35 ans, elle a travaillé dans la sérigraphie jusqu’à ce qu’elle quitte Chalon-sur-Saône pour Autun où elle est venue rejoindre son mari. A défaut de trouver un emploi dans son premier métier, Khadija a travaillé quelque temps dans la restauration avant qu’on ne lui propose cette formation à l’abattoir d’Autun. Dynamique et enthousiaste, la jeune femme à la silhouette pourtant frêle a tout de suite été emballée par ce métier plutôt « physique ». Khadija a très vite appris les gestes techniques et précis qu’il faut mettre en œuvre sur les dix postes de la chaîne d’abattage. Un travail à la fois sportif, méthodique et méticuleux. A mi-parcours, la jeune femme savourait sa fierté d’avoir réalisé sa première bête entière, de la tuerie à la carcasse prête à passer en chambre froide. Se plaçant parmi les élèves les plus doués de la promotion, Khadija a passé avec brio les premières épreuves de l’examen. Prenant très à cœur son nouveau métier, la jeune Autunoise fait montre d’une motivation communicative. A l’issue de sa formation, elle postulera sans hésiter pour un emploi à l’abattoir d’Autun.




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