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Pâturage hivernal

Premiers résultats encourageants 

Depuis deux hivers, la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire participe à un programme expérimental sur le pâturage hivernal des bovins et des ovins. L’objectif est de valoriser la ressource herbagère durant l’hiver, sachant qu’elle est habituellement perdue. D’ores et déjà, les premiers résultats de ces travaux sont encourageants. 
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Durant les deux derniers hivers, un "pâturage hivernal" des bovins et des ovins a été testé à la ferme expérimentale de Jalogny et au Pôle régional ovin de Charolles. Ces travaux s’inscrivent dans un programme national (Casdar-Salinov) qui, outre la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire, implique aussi d’autres partenaires dont l’Inra, l’Institut de l’élevage et d’autres sites expérimentaux.
L’idée de ces essais était de valoriser l’herbe issue des dernières pousses automnales et qui a tendance à se perdre en hiver. Un pâturage qui pourrait se retrancher du fourrage à distribuer, d’où un intérêt pour la maîtrise des charges.

Génisses en plein air


Pour la partie bovine, deux lots de douze génisses de deux ans ont ainsi été conduites en plein air sur deux parcelles de trois hectares de la ferme de Jalogny. Pour chacune de ces parcelles, un parc stabilisé d’hivernage (PSH) a été aménagé ; il s’agit d’un enclos dont le sol a été empierré pour le confort des animaux. La zone est paillée, dotée d’un point d’eau, de matériel de contention et d’un libre-service foin. Pour les besoins de l’expérimentation, un dispositif de récupération des effluents avec drainage, regard et fosse de stockage a été adjoint. Objectif : mesurer le volume de ces effluents et en analyser le contenu.
Deux modalités de pâturage hivernal ont ainsi été testées à Jalogny entre fin novembre et début avril. La première (sur la première parcelle) consistait en un pâturage plus ou moins continu avec affouragement complémentaire sur le PSH (sans blocage des animaux). Dans la seconde, le pâturage était interrompu dès que la quantité d’herbe au pré était jugée insuffisante (sept semaines en 2010-2011). Les génisses étant alors parquées dans le PSH avec affouragement en foin.

Près de la moitié des besoins couverts


Des résultats du premier hiver, il ressort déjà que le pâturage hivernal aurait couvert près de la moitié des besoins théoriques des animaux. En effet, les quantités de fourrage distribuées sont respectivement de 6,5 et 7,3 kg de matière sèche par génisse et par jour, ce qui équivaut à 55 et 60 % des besoins énergétiques théoriques - avec un gaspillage d’environ 10 %. Quant aux quantités de paille consommées, elles représentent environ 60 % de la consommation moyenne en bâtiment : de 3,8 à 5 kg/génisse et par jour. Une consommation qui diffère selon la météo et selon que le PSH est ouvert ou non.

Pas de souci pour les animaux


Les deux campagnes d’essai donnent des résultats contrastés quant aux performances de croissance des animaux. Le premier hiver, les génisses ont réalisé les mêmes niveaux de croissance qu’en stabulation, soit 600 g/jour à Jalogny. Mais durant la seconde saison, le GMQ a été de moitié. Ces animaux feraient cependant un très bon redémarrage au printemps.
Concernant le comportement des bovins, les observations montrent qu’ils passent 75 % du temps sur la parcelle et 25 % seulement sur le PSH, quelle que soit la météo ou l’heure. Au niveau du "bien-être", les animaux sont plus propres qu’en stabulation. Ils ne souffrent d’aucune blessure particulière et ne montrent aucun signe de stress.

Peu d’impact non plus sur la prairie


Ces premiers résultats montreraient enfin un impact limité de ce pâturage hivernal sur l’état de la prairie. Le pourcentage de sol nu est assez stable dans l’hiver. Le piétinement raisonnable. Quant à la production fourragère au printemps suivant, elle semblerait quasi conforme aux moyennes des autres parcelles. Mais le pâturage hivernal renforcerait tout de même l’impact de la sécheresse printanière.
A noter que les mesures de hauteur d’herbe tendent à montrer que la prairie n’a pas beaucoup repoussé après le pâturage automnal ; c'est-à-dire durant la période où les génisses ont été bloquées dans la seconde parcelle, de mi janvier à début mars.
Ces premiers résultats ont été présentés le 29 mars dernier par Julien Renon, responsable de la ferme expérimentale de Jalogny. 



Pâturage hivernal des ovins


Prendre soin des prairies


Depuis deux hivers, la ferme expérimentale du Pôle régional ovin de Charolles compare deux modalités de pâturage hivernal sur des brebis taries et gestantes. Les premières ont été conduites en deux lots (de fin novembre - début décembre à début février) ; le premier avec foin à volonté et le second sans foin. L’évolution des poids vifs des animaux tend à montrer que l’affouragement (de l’ordre de 50 kg par brebis) n’a pas une incidence très significative au regard du travail engendré. La différence de poids n’est finalement pas très élevée entre les deux conduites.


Pour les brebis gestantes, la période de pâturage s’étendait du 13 janvier au 27 février 2012. L’expérimentation qui s’est faite uniquement l’hiver dernier, a porté sur trois lots. Le premier est entré en bergerie un mois avant agnelage. Les deux autres lots sont restés dehors jusqu’à une semaine de l’agnelage. Pour les trois lots, la complémentation en concentré a été identique et seul l’un des deux lots rentrés une semaine avant le début de l'agnelage a eu du foin à volonté.



Ne pas hypothéquer le potentiel de la prairie


Ces essais montrent que le pâturage hivernal des ovins n'a pas d'incidence sur la pousse de l’herbe au printemps, à condition de prendre un minimum de précautions. Par rapport à une parcelle non pâturée en hiver, la reprise de la pousse au printemps se fait selon une courbe identique, mais avec un décalage de 8 à 10 jours. « Il ne faut pas faire pâturer les animaux trop ras. Un pâturage trop bas (inférieur à 2 cm) risque d’hypothéquer le potentiel de la prairie », met en garde Laurent Solas, technicien ovin à la chambre d’agriculture. Ce dernier recommande également de ne pas dépasser un chargement de 4 brebis/hectare. « Pour le pâturage hivernal, il faut presque faire une prévision fourragère en fin d’été, comme on le fait au printemps. Il faut avoir un stock d’avance de 7 à 8 cm de hauteur d’herbe et prévoir un pâturage tournant pour ne pas altérer la valeur alimentaire de l'herbe », explique le technicien.


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