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Union des producteurs de pouilly-fuissé

Prestigieusement coincés !

Samedi 14 avril à Solutré-Pouilly, l’Union des producteurs de
pouilly-fuissé faisait salle comble pour son assemblée générale. Les
viticulteurs semblaient déçus que leur demande de classement en 1er cru
se retrouve coincée dans le calendrier national de l’INAO. En effet, la
nouvelle équipe de l’Institut veut réglementer - avec cahier des charges
et conditions de production restrictives -, les lieux-dits, terroirs ou
climats. La Bourgogne du nord bloque cette remise en cause de la
hiérarchisation des vins.
Par Publié par Cédric Michelin
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Pour la première AG de ce mandat, le président de l’ODG, Frédéric-Marc Burrier constatait avec satisfaction que l’équipe de l’Union a « rajeuni ». Un nouvel « élan » se fait donc sentir. Les différentes commissions sont « vivantes ». Christophe Perraton a même été nommé au comité régional de l’INAO « pour y représenter le cru ». Et il le faudra…
De fait, l’assemblée revenait rapidement sur le dossier des premiers crus. « Le renouvellement des conditions de 1er cru a dérangé nos collègues du nord », analysait Frédéric-Marc Burrier. « Alors que nous allions aborder la délimitation terrain, notre dossier a été remis aux calendes grecques », concluait-il.

Dépasser par les événements ?


Peut-être pas puisque Daniel Barraud mentionnait la nomination, jeudi dernier, « des experts (Bronzo ; Piton ; Heydt-Trimbach) de la commission d’enquête INAO spécifique aux premiers crus du Mâconnais. Ils seront le 5 juillet à Mercurey (l'ODG a engagé une même démarche, ndlr) pour définir un calendrier de travail ».
Certains viticulteurs exprimaient cependant leurs craintes : « médiatiquement, on donne l’impression que les 1ers crus sont acquis, mais il n'en est rien. On risque de passer pour des… ». Ce à quoi répondait le président : « les Mâconnais ne doivent pas être une fois de plus les dindons de la farce, pris au piège d’un dossier qui nous dépasse ». La Bourgogne du nord n’est pas la seule à dire non à cette classification des lieux-dits. Christian Paly et sa nouvelle équipe à l'INAO vont devoir expliquer comment mettre en place, sans tout re-délimiter, de telles classifications complexes : « certaines communes de Bourgogne auraient sept niveaux, en partant des coteaux bourguignons ! ».
Autre « grand débat », Icone ne semble toujours pas avoir agi depuis l’an dernier, pour « que les bailleurs aient droit à une facturation séparée », expliquait Denis Bouchacourt. En revanche, pour les contrôles internes, l’appui technique de la CAVB (17.000 €/an) soulage l’ODG. William Trouillet veille néanmoins à défendre « la diversité des itinéraires techniques ». « Tout n’est pas rose, mais cela va de mieux en mieux. Notre rôle est de dynamiser le cru sans se soucier de cela », rappelait Frédéric-Marc Burrier.

Hausse de l’Atrium, baisse des marges


Les efforts finiront par payer. L’Atrium affichait des chiffres « impressionnants » (10.000 cols/an), même si le magasin de ventes collectif n’est toujours pas autofinancé (130.000 € de chiffre d’affaires). La faute peut-être à la baisse « mystérieuse » des marges sur les produits dérivés (écharpes, livres, verres…), sur lesquels se penchent l’animatrice Julie et Nicolas Cheveau. La situation financière de l'Union est « saine » et les cotisations, votées, restent à 83 €/ha.
Xavier de Boissieu envisage d’ailleurs d’autres objets publicitaires qui pourraient être vendus lors de la journée repos du Tour de France à Mâcon, lors du prochain festival culturel La Manufacture à Chasselas (voir page Oxygène) ou encore lors d’une ballade gourmande en 2013, laquelle n’est qu’au stade de projet.

Trois sites prestigieux associés


La communication passera certainement sur l’histoire et le patrimoine de Solutré-Pouilly, classé au rang des Grands sites de France. L’Union s’engage maintenant dans le projet européen "Biodivine". Ce dernier vise à améliorer la biodiversité, et n’est pas lié aux itinéraires techniques, détaillait Claire Pernet du BIVB. Des aides peuvent être obtenues pour replanter des haies ou plus « insignifiantes », reconstruire des murets, cadoles, escaliers... L’objectif est de proposer à terme un parcours touristique aux visiteurs se baladant dans les vignes. Vincent Besson aura en charge d’associer le nom du cru pouilly-fuissé à la notoriété du site.
Le cru poursuit donc ses réflexions « sur ce que sera la viticulture de demain ». Un avenir « fait d’images » prestigieuses…



Valorisé 1.000 €/pièce par le négoce


Fabrice Larochette faisait un point économique sur les mises en marché à fin mars. « En 2010, on n’a plus rien », prouvant que ce n’est pas toujours les "meilleurs" millésimes qui se vendent le plus facilement. Idem quasiment pour les 2011. Des signes qui ne trompent pas. « Les négociants ont besoin de vins ». Les flux reprennent et cela se ressent sur les cours, s’échangeant entre 850 et 900 €/pièce. La moyenne est de 860 €/pièce (+4 %) depuis le début de la campagne. « Ce n’est pas la panacée mais on espère que cela continuera ». La visibilité économique aux Etats-Unis n’est pas claire et pourtant, les pouilly-fuissé ne se sont pas effondrés. « Il y a vingt ans, dans un pareil contexte là-bas, on serait passé de 10.000 francs la pièce à 5.000 francs ». Aujourd’hui, pouilly-fuissé « arrive à surnager » car l’appellation « ne dépend plus uniquement de ce marché ».
Les ventes aux consommateurs se situent entre 9 et 9,5 €/col, soit une valorisation par le négoce aux alentours de 1.000 €/pièce. « Tout le monde a une marge ». Fait encourageant, à la dernière vente des Hospices de Beaune, le pouilly-fuissé fut la « seule appellation blanche à augmenter et compenser l’écart avec meursault en cuvée de base ».


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